Les petits snoreaux de la CLASSE, une des structures de représentation actuellement en lutte contre le gouvernement libéral de Jean Charest, ont annoncé hier dans la deuxième moitié de l'après-midi qu'ils avaient mis en ligne un site Web, arretezmoiquelquun.com, où il était possible de s'afficher solidaire des leaders étudiants qui pourraient faire l'objet de poursuite. On a compris que cela équivalait à se déclarer en état latent de désobéissance civile. Ce matin, 6 heures, quand je survole ce bricolage informatique, je constate que 2 726 citoyens arborant lisiblement un message de désobéissance civile s'en sont prévalus, ce qui n'est quand même pas rien. Ce sont des gens de tout genre, de tout âge, de tout credo (incluant des raëliens... ) qui ont pris le temps de s'impliquer.
Pour ce faire, ils ont dû :
1- Préparer une petite affiche indiquant leur volonté de désobéissance civile;
2- La tenir de façon lisible en se faisant photographier;
3- Découvrir la procédure pour téléverser l'info sur le site www.arretezmoiquelquun.com (il faut aller cliquer sur le signe « + » en haut, à droite);
4- Y inscrire leur nom, leur provenance et générer l'adresse informatique de leur photo
5- Téléverser ladite photo.
En outre, il leur a fallu patienter avant de pouvoir s'admirer en situation d'antilibéralisme. C'est qu'iI y a plein de monde au portillon, le site est apparemment surchargé, ça prend du temps. Mais la navigation est quand même très fluide, ce matin plus qu'hier soir. Sauf qu'il faut se contenter de pouvoir y naviguer par heure de mise en ligne; ce n'est pas une base de données. Pour savoir qui est qui, il suffit de glisser son pointeur sur la photo et les coordonnées apparaissent (prise d'écran ci-après).
Ce que je dis, c'est que notre société, en ce printemps de 2012, en est rendue à savoir s'acquitter de la procédure techno décrite ci-haut pour poser un geste politique. Intéressant ! Vous allez dire que plusieurs de ces gens en ont probablement affiché davantage les concernant sur Facebook, il n'en demeure pas moins qu'entre hier après-midi et ce matin, soit, grosso modo 14 heures, ils étaient rendus 2 726 à l'avoir fait.
Ils n'ont pas participé à un jeu impliquant le Grand Prix ou le Festival de l'humour. Ils se sont affichés officiellement « hors-la-loi de service ». Si les Libéraux font arrêter Gabriel Nadeau-Dubois ou Jeanne Reynolds, pour prendre ces deux exemples lourdement médiatisés, les gens revendiquent le droit d'être tenus coresponsables. La tactique vise évidemment à rendre très très complexe la condamnation à de très très lourdes amendes. Mettons que c'est un peu plus impliquant, un peu moins incitatif à la participation.
Moi, ça m'émoustille l'ordinaire: la techno au service de la contestation ! Côté attaque, Anonymous qui paralyse des sites gouvernementaux, côté logistique, Twitter qui rallie, qui informe, les acteurs et YouTube qui affiche les dérapages, coté résistance, voici www.arretezmoiquelquun.com.
Je leur lève mon chapeau, à ces jeunes pour qui la techno est une deuxième nature ! Ils m'ont vraiment impressionné et j'accepte avec plaisir la leçon de vie qu'ils me donnent.