Vous
faites des listes, vous?
Moi, pas
tant. En fait, quand j'en fais, j'oublie trop souvent d'y référer! Pourtant, je
reconnais le bien-être procuré par un article coché sur sa liste. Certains se
contentent d'un trait fin, d'autres d'un petit crochet. D'autres barrent l'item
d'un trait tellement gras qu'il écrase l'existence même de la tâche! Pour ces
derniers, je me dis que soit la personne est intense, soit la tâche était très
gossante!
Je me
suis risqué à une liste qui nous est commune et qui répertorie nos défis de
société.
- Régler le manque de main-d'œuvre
- Régler les problèmes du système
de santé en le gardant accessible et public
- Réduire les émissions de gaz à
effets de serre
- Gérer efficacement les épisodes
climatiques plus intenses et fréquents que jamais
- Régler la situation des services
de garde
- Régler la difficulté d'accéder à
un logement décent si on gagne moins de 20$ de l'heure...
J'arrête
là. Sinon, je me décourage.
Et
j'affirme, aussi bien pour m'en convaincre que pour me réconforter : je
choisis de croire que c'est possible.
C'est un
choix. Naïf, peut-être, mais c'est un choix pareil! Un choix qui a l'avantage
d'orienter plus positivement l'angle de vue par rapport à la situation.
Il
serait simple d'être juste sarcastique. Simple, mais stérile à moyen et long
terme.
Je
revois mon ébauche de liste et, juste là, il y a autant de sources de sarcasmes
que d'items!
Le
manque de main-d'œuvre. Anecdotiquement, la PCRE a joué un rôle. Mais il y a 10
fois plus de gens qui quittent le marché du travail pour la retraite que de
forces fraîches qui l'intègrent chaque année. Le calcul est simple. Il relève
de la démographie. Et il n'y a pas grand-chose de plus prévisible que la
démographie! Pauvres ou riches, on vieillit d'un an par an. Et les statistiques
de décès VS les naissances sont répertoriées depuis des lunes! Visiblement,on
n'a pas fait ce qu'il fallait!
Le
système de santé a été bousculé de tous les côtés au nom tantôt de la
performance financière, tantôt de la centralisation des décisions sur le bureau
du ministre, tantôt de la guerre aux conditions de travail, bref, on a frappé
ce système tous azimuts et on se surprend que ça aille mal. Mêlez ça au
problème démographique et à la non-reconnaissance des compétences des gens
venus d'ailleurs, et il y a là un plateau de nourriture à sarcasmes sans fond!
Et il y
a toute la question de l'environnement. J'étais au secondaire (début des années
'70), quand j'ai entendu parler des scientifiques et chercheurs (Suzuki, Reeves, etc.) sur les dangers qui nous guettaient.
On en a fait des clowns plus ou moins sympathiques et on a tassé leur discours
du revers de la main.
L'affaire,
c'est qu'on était occupés ailleurs!
Occupés
à passer du statut de personne au statut d'individu. Dans le dictionnaire de ma
compréhension toute personnelle, la personne est un être humain qui cohabite en
société. La personne n'a pas de genre, de couleur, d'accent. C'est une
personne. Et elle interagit en société.
L'individu,
c'est ce modèle qu'on a fait éclore au tournant des années '60, sur la vague de
l'économie rutilante de l'après 2e guerre mondiale. Un modèle qui a
amené la personne à agir de façon individuelle.
L'individu
est devenu plus important que l'ensemble des personnes qui interagissent en
société.
Nous
sommes certainement la génération la plus individualiste depuis des centaines
d'années.
Alors,
quand on parle d'environnement, on arrivera à impliquer l'individu que, si et
seulement si, ça ne met pas en cause son bien-être individuel. Quand Évelyne
Beaudin a amené l'idée que, peut-être, une voiture par maison serait
suffisante, tout s'est braqué dans les conversations entendues autour.
« Pas
question. Les autobus, ça gosse! Je veux gérer mon temps, mes affaires. C'est
ma liberté!»
Si tout
se détraque avec un embryon de discussion comme ça, c'est qu'on a atteint la
limite du raisonnable pour l'individu. Et je m'inclus dans cette « soupe
aux individus ».
Les
trois bacs à la porte, ça va pour le tri des déchets. Aller porter mes
« serpuariens » à l'écocentre, ça va aussi. Mais si on parle de
réduire quoi que ce soit en lien avec la consommation, c'est non.
C'est
juste non.
Je
choisis quand même de faire confiance. Pas passivement, mais je me refuse à la
déprime. Je voterai de façon différente, peut-être, et je ferai confiance aux
chercheurs, à la technologie... et au temps, qui passe et qui ne manquera pas de
nous ramener à l'ordre, j'en ai bien peur!
Mais
pour le moment, le message que j'entends est le suivant :
« Faites
de quoi pour la planète! Faites-le, parce que moi, je suis trop occupé
individuellement! »
Clin
d'œil de la semaine
On parle souvent des bulles
individuelles. Des petites bulles familiales. En jouant à faire des bulles avec
nos petits-enfants, je constate que toutes les bulles, aussi prétentieuses
soient-elles, ne durent pas longtemps...