L'année 2013 fait maintenant partie de
l'histoire et les souvenirs sont nombreux. En repensant à tous les hauts et les
bas, les vols retardés et les dates de tombée non respectées, une expérience
ressort nettement du lot, celle que je voudrais revivre encore et encore.
J'ai sillonné les Alpes autrichiennes et
italiennes au volant d'une Audi UR Quattro 1991 de couleur Rouge Mars.
Au cours
de ma carrière, j'ai eu le privilège de conduire des voitures exceptionnelles,
dont une paire de Porsche 356, des Mercedes AMG des années 1990 et une
décapotable Cadillac DeVille 1967. J'aime beaucoup les vieux modèles américains
et japonais, mais je dois avouer mon fort penchant pour ceux qui viennent
d'Allemagne.
Berceau
des RS
L'événement
organisé par Audi a débuté à Innsbruck, en Autriche, où j'ai pu essayer
quelques-unes des voitures les plus convoitées de la marque, soit les RS Q3, RS
5, RS 6 (mon trésor!) et RS 7. La cerise sur le gâteau, évidemment, a été la
légendaire Audi Quattro.
Considérant
le petit nombre d'exemplaires disponibles et la horde de journalistes
impatients de s'assoir dans la Quattro, je remercie le ciel et mon ami Cort
d'Audi Canada pour avoir permis à 3 compatriotes et moi de vivre notre rêve.
La
vieille école est la bonne école
En recevant la clé, j'ai tout de suite eu
l'impression de refaire connaissance avec un vieux pote, car ma très chère
Volkswagen Jetta GTX 1992 partage plusieurs pièces et technologies avec la
Quattro, à commencer par les poignées de portes.
Une fois à bord, mon cœur a fondu, mon
sourire s'est fendu et mes mains sont devenues moites. J'ai humé l'odeur et, en
fermant les yeux, je me croyais dans ma Jetta. Impossible de vous expliquer ce
que je ressentais dans des termes plus clairs - désolé.
Pour tout
vous dire, j'avais déjà conduit 2 Audi UR Quattro au Canada avant celle-ci,
mais leur état laissait à désirer. L'idée de traverser les Alpes au volant
d'une Quattro entretenue à l'usine m'a rendu béat et confiant à un niveau que
je n'ai jamais connu auparavant avec une voiture d'un certain âge.
Le réveil
des 5
J'ai à
peine eu le temps d'en prendre conscience, car dès que le moteur turbocompressé
à 5 cylindres en ligne de 2,2 L s'est réveillé, je me suis laissé envoûter par
ce qui m'entourait. Juste à écrire ces lignes, j'en ai des frissons. De la
vraie magie!
Glisser le levier de vitesses en première
et relâcher la pédale d'embrayage n'était pas plus difficile qu'avec ma Jetta
malgré les composantes mécaniques plus costaudes. J'ai parcouru les premiers
mètres à une vitesse raisonnable, étant surveillé de près par plusieurs
représentants d'Audi. Aussitôt sorti du stationnement, j'ai appuyé à fond.
Bien sûr,
il ne faut pas s'attendre à des départs canon dignes de la R8. L'Audi Quattro
1991 pèse 1 380 kilos (3 036 livres) et ses 220 chevaux la propulsent
exactement comme ce que j'avais en tête. Loin d'être aussi rapide qu'une RS 7
(l'écart de plus de 20 ans est spectaculaire), elle propose une conduite pour
le moins divertissante, mais pas autant que le grondement très distinctif du
moteur à 5 cylindres exprimé par les 2 embouts d'échappement.
Je me
suis aussi régalé du sifflement du turbocompresseur, bien que très étouffé.
Comme de la musique à mes oreilles, je ne m'en suis jamais lassé, sachant bien
qu'il annonçait la livraison d'une puissance soutenue. Le décalage entre les
pressions sur l'accélérateur et les réactions du turbo n'était pas aussi
prononcé qu'on l'imagine, ce qui a rehaussé ma confiance et ma joie au volant.
Préparée
pour les rallyes
Pendant
que le moteur augmente sa cadence dans les 2 premiers rapports, le devant de
l'Audi Quattro se soulève en raison du transfert de poids rapide vers
l'arrière. Toutefois, n'allez pas dire que la voiture est trop molle; je vous
rappelle qu'elle a été conçue en partie pour affronter des routes cahoteuses
dans les épreuves de rallye, où le mot d'ordre est « débattement ».
Malgré le roulis de caisse, la Quattro ne
perdait jamais contact avec le sol, à moins de provoquer un survirage majeur.
Elle préfère nettement une conduite équilibrée, sinon un sous-virage.
Quatre
roues qui travaillent
Le système
de transmission intégrale quattro de l'Audi Quattro s'est montré à la hauteur
de ses standards légendaires. Plusieurs des cols montagneux étaient détrempés
(certains même enneigés), mais les pneus Dunlop SP Sport 9000 ont toujours bien
travaillé pendant que le système variait le couple entre les essieux.
En aucun
temps les freins n'ont été remis en question. Bien que petits si on les compare
à ceux d'aujourd'hui, ils ne se sont jamais essoufflés complètement, du moins
pas quand je conduisais. Tout ce qui monte doit redescendre et, après avoir
gravi les Alpes jusqu'au-delà des nuages, l'Audi Quattro s'est mise à produire
de la fumée par ses freins au milieu de notre descente.
Carrée
comme je les aime!
Pour ce
qui est du design de la Quattro, je dois dire : wow! L'habitacle :
parfait. Le paysage : joli. Sans blague, élargissez les ailes d'une
voiture et vous aurez immanquablement mon attention. Ce n'est pas surprenant
que j'aie décidé de poser des ailes avant de berline WRX sur ma WRX à 5
portes...
La silhouette et les proportions de la
voiture correspondent magnifiquement à l'époque. J'adore surtout les jantes de
15 pouces - trop hot! Par contre, je me passerais bien du toit ouvrant.
Audi et
la tradition
Les
constructeurs automobiles qui nous permettent d'essayer des modèles classiques
ne cessent de m'épater. Ils sont fiers de leur histoire et nous font vivre des
expériences extraordinaires.
Passer
une demi-journée avec l'Audi Quattro, c'est comme rencontrer une idole
d'enfance, une personne qui a influencé et donné espoir au monde. La Quattro
fait partie de mes idoles depuis un peu plus de 30 ans.
Photo ; Mathieu St-Pierre