La route 257 qui part de La Patrie pour joindre la municipalité de Lingwick restera un champ de labour, un « rang de travers», enfer pour les voyageurs qui voudront se diriger vers les parcs du Mont-Mégantic et du Franceville à partir de la route 108. Aucune des quatre municipalités concernées n'a les fonds suffisants pour réparer cette route dont les coûts pourraient dépasser les 15 M$.
En gravier sur quelque 11 km de Gould à Scotstown ou recouverte de bitume abîmé, de Scotstown à La Patrie en passant par Hampden, la route est à peine praticable durant les longues semaines du dégel. La partie gravelée se détériore rapidement à la belle saison. L'an durant, certaines courbes trop serrées où la visibilité est réduite s'avèrent dangereuses pour les conducteurs qui les empruntent pour la première fois, particulièrement durant l'hiver.
« On est sûr de ne pas avoir les moyens pour asphalter la route 257; devant les coûts prévisibles, on a refusé », déplore Marcel Langlois, maire de Lingwick. À 300 000 $ le kilomètre, les quelque 270 citoyens de la municipalité n'ont pas les moyens de se payer ce fardeau additionnel pour refaire l'assise de la route et y mettre la couche d'asphalte.
« Même si, par un programme d'infrastructure gouvernemental, on recevait une subvention de 90 %, le 10 % restant serait de trop », ajoute-t-il, conscient des 11 km de route que la municipalité a à entretenir. Autre élément qui pèse lourd dans la balance confie le maire, c'est que la circulation lourde abîme rapidement les routes. Il se crée des fissures. Au bout de 10 ans, la municipalité devrait ajouter une couche d'usure dont le prix estimé serait de 95 000 $ le kilomètre, autre dépense inadmissible pour les contribuables de la petite municipalité, qu'il démontre.
Comme le pouvoir en place, et les précédents d'ailleurs, ne veut pas reprendre à sa charge les routes, les municipalités concernées que sont Lingwick, Scotstown, La Patrie et Hampden n'ont pas les moyens de les améliorer, sauf en les « rechargeant » de gravier là où c'est possible. La partie asphaltée de la ville de Scotstown nécessitera de lourds travaux d'aqueduc, de canalisation pour les eaux pluviales et d'égout, somme évaluée sommairement à 3 M$, estime Chantal Ouellet, mairesse. Pour Hampden, la situation semble plus facile. Bertrand Prévost, premier magistrat, serait prêt à investir pour améliorer les conditions de la route. Sans s'engager dans des travaux majeurs, il est conscient qu'une couche d'usure pourrait être appliquée indépendamment des travaux que les autres municipalités n'entreprendront pas. Bruno Gobeil, maire de La Patrie, le sait et s'en désole. La 257 de Hampden à La Patrie est en piteux état. Comme dans le cas des autres villages, la municipalité n'a pas les moyens d'effectuer de grands travaux pour rendre la route carrossable. M. Gobeil rappelait toutefois que de La Patrie à la frontière américaine de Chartierville, dépend du gouvernement fédéral et qu'à ce titre l'entretien est à sa charge.
Cette porte entrée pour les visiteurs en provenance de la Beauce, de Québec et de l'Est de la province n'incitera pas les touristes à l'emprunter, surtout s'ils voyagent en motocyclette. « Tant et aussi longtemps que les routes sont aux municipalités, il n'y a rien à faire », concluait M. Langlois.