Au Québec, le parc immobilier résidentiel
vieillissant obligera bien des propriétaires à restaurer leur conduite d'égout
sanitaire ou leur drain pluvial. Ces travaux, assez coûteux, exigent d'être
faits dans les règles de l'art suivant différentes techniques.
Il existe
trois principales techniques pour restaurer une conduite d'égout résidentiel.
La première consiste à excaver et remplacer la conduite au complet ou en partie
par une nouvelle. C'est la technique la plus coûteuse.
La
deuxième méthode consiste à insérer dans la conduite existante une gaine
constituée de résine. La gaine peut être installée sur une partie ou sur
l'ensemble de la conduite. Cette dernière technique a l'avantage de se réaliser
sans excavation et sans permis de la ville, ce qui réduit les coûts et évite
d'avoir à refaire le terrassement.
Enfin,
il existe une troisième technique appelée « insertion ». Elle consiste à
insérer un tuyau dans la conduite d'égout endommagée. « Cette technique, peu
utilisée aujourd'hui, a le désavantage de réduire d'environ un pouce le
diamètre de la conduite et ainsi diminuer un peu l'efficacité de l'évacuation
des eaux usées », explique Éric Truchon, représentant d'Excavation drainage
plomberie Québec, Division Techno Sinistre, une entreprise spécialisée en
réfection d'égout, entre autres. Puisqu'elle est peu utilisée, l'article ne
portera que sur les deux premières techniques mentionnées.
Le remplacement par excavation
Cette
méthode exige, au départ, un permis de la municipalité. Elle sera privilégiée
si la conduite est déformée ou endommagée à cause de mouvements de sol ou de la
présence de racines d'arbre. Avant d'entreprendre tous travaux, il faut fermer
l'eau et communiquer ensuite avec Info Excavation pour savoir s'il y a des
conduites de gaz ou autres dans le sol à creuser. « C'est un service gratuit et
cela évite d'accrocher une conduite en excavant, une erreur qui coûte cher »,
rappelle Éric Truchon.
On
procède ensuite à une inspection par caméra. Un câble rigide au bout duquel se
trouve une caméra permet de faire ce travail.
L'étape
suivante consiste à effectuer un test d'étanchéité. Ce test se fait avec des
ballons et de l'air. Certaines villes, comme Lévis, exigent d'effectuer ce test
avec leurs propres inspecteurs. D'autres, comme Québec, permettent à des
entreprises accréditées de faire le travail. Les résultats de ces tests
détermineront le type d'intervention à faire, suivant la gravité des dommages à
réparer ou la nécessité d'un remplacement de conduite.
La mise aux normes
S'il
faut remplacer la conduite d'égout, il est obligatoire de faire une mise aux
normes. C'est le bon moment d'en profiter pour installer un clapet
antirefoulement sur la nouvelle conduite d'égout ainsi qu'un drain pluvial à sa
droite. Cette conduite pluviale sera raccordée au réseau de la ville ou à un
bassin de rétention des eaux de pluie. Le moment est également propice pour
vérifier aussi s'il est nécessaire de remplacer le drain pluvial (français)
autour de la maison, ou même en installer un lorsqu'il n'y en a pas.
En
ce qui concerne le clapet antiretour, Techno Sinistre en a développé un
particulier qui est antirefoulement et antivermine. Appelé « Technoclapet», il
peut être installé à la jonction de la conduite d'égout de la ville. Dans
certaines municipalités où il y a des refoulements d'égout à répétition, ce
genre de dispositif s'avère très utile.
La
conduite d'égout sera remplacée, la plupart du temps, par un tuyau SDR-28 en
PVC. Pour l'égout pluvial, ce sera un tuyau SDR-35. « La fonte est encore
installée dans certaines résidences, affirme Henri Bouchard, directeur du
service technique de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec (CMMTQ). Les deux seules municipalités québécoises qui ont leur propre Code de plomberie,
Westmount et Ville de Mont-Royal, ont des exigences particulières à ce sujet.
Par exemple, Westmount exige le remplacement de la conduite par des tuyaux en
fonte. »
Autre
particularité, à Laval, l'installation d'un clapet antirefoulement est
interdite sur les branchements principaux. Une réglementation très discutable,
selon Éric Truchon, qui aimerait bien la voir modifiée afin d'y introduire les
nouvelles technologies.
Pour
ce qui est du drain pluvial, « chaque municipalité a sa réglementation
spécifique, rappelle Henri Bouchard. Certaines exigent la pose d'une membrane
autour du drain, d'autres exigent l'installation d'une cheminée à partir du
drain afin d'en faciliter le nettoyage. »
Lors
de l'examen du drain, on constate souvent une accumulation d'ocre ferreux qui
peut nuire au bon fonctionnement du système. Pour corriger ce problème, il est
possible de nettoyer le drain à l'aide d'un jet d'eau sous pression. Mais s'il
est trop âgé, il sera préférable de le changer au complet. Pour le
remplacement, une nouvelle norme BNQ a été adoptée en 2012 (BNQ 3661-500/2012).
« Elle consiste en l'installation d'un drain comprenant sept rangées de trous
», précise Éric Truchon, qui croit que ce nouveau drain, vendu depuis seulement
quelques mois, limitera beaucoup le problème sans toutefois le régler
définitivement.
Dans
le cas où il faut changer le drain français, Éric Truchon conseille d'éviter
l'utilisation du drain gainé, qui peut se colmater, et du tuyau vendu dans le
commerce qui ne possède que trois rangées de trous. Et puisqu'il faudra excaver
tout le pourtour de l'habitation, autant en profiter pour vérifier l'état des
fondations, les réparer au besoin, et les imperméabiliser.
Remplacement par gainage
La
deuxième technique de réfection d'égout est le gainage. Cette technique n'est
pas recommandée si le tuyau est trop endommagé. Éric Truchon rappelle que le
gainage est rarement une technique dite structurelle. Elle ne peut donc
remplacer un tuyau de fonte lourdement endommagé. Cependant, lorsqu'elle est
appropriée, elle est plus rapide à exécuter, moins coûteuse et durable (une
durabilité d'au moins 25 ans).
L'entreprise
montréalaise de réfection de conduites d'égout, Drain expert n'emploie que
cette technique. Grâce à la gaine Formadrain qu'elle a elle-même développée,
ses ouvriers peuvent restaurer une conduite d'égout en quatre heures environ. À
la fin de l'opération, la conduite sera redevenue très lisse et aura une durabilité
estimée à environ 50 ans, assure Gérard Marc-Aurèle, fondateur de Drain expert.
Technique
Formadrain ou pas, le gainage se fait à peu près toujours de la même façon. «
Au départ, on fait une inspection par caméra, explique Gérard Marc-Aurèle.
Ensuite, on procède au nettoyage de la conduite de façon mécanique ou à l'aide
d'une grande pression d'eau (2 500 lb) si l'intérieur est très graisseux.
Après, on repasse la caméra pour s'assurer que la conduite est bien propre. »
Vient
ensuite le gainage. Une vidéo corporative disponible sur le site Internet de
Formadrain montre bien comment l'entreprise procède. D'abord, on étale un
mandrin de la longueur nécessaire à la réfection sur une surface plane.
Ensuite, on l'enrobe d'un mélange de résine. Chaque entreprise possède son
propre mélange. Ainsi, Techno Sinistre utilise trois recettes de résine
différentes selon la longueur de la conduite à réparer. Dans le cas de Drain
expert, il s'agit d'un mélange d'époxy et de fibre de verre. Ce mélange est
ensuite entouré d'un polyéthylène afin de le protéger.
L'étape
suivante consiste à insérer ce mandrin dans la conduite d'égout à l'aide d'un
treuil. Une fois bien étalé dans la conduite, on procède à la cuisson. Cette
opération consiste à injecter de la vapeur dans le mandrin afin de le faire
gonfler et de permettre au mélange de durcir. Cela prend de 45 minutes à une
heure, selon la longueur et la dimension de la conduite. L'étape finale
consiste à retirer le mandrin de la conduite. La solution liquide se sera alors
appuyée solidement aux parois de la conduite tout en ne réduisant que d'un
huitième de pouce son diamètre.
Selon
Gérard Marc-Aurèle, le gainage offre plusieurs avantages : il résiste aux
acides présents dans les détergents contrairement aux tuyaux de fonte, il
bloque complètement l'évolution des racines et il élimine tous les joints
puisque le mélange de résine s'appuie directement aux parois.
À
Montréal, le gainage est très populaire, puisque lors d'une réfection de
conduite, c'est le client qui est responsable des coûts jusqu'à la conduite
principale de la ville, dans le milieu de la chaussée. « S'il devait excaver et
remplacer sa conduite au complet, cela lui coûterait 20 000 $ alors que le
gainage ne coûte qu'environ 7 000 $ », estime Éric Truchon, qui croit cependant
que la solution la plus durable d'entre toutes est l'excavation et le
remplacement de la conduite.
Donc,
excavation-remplacement ou gainage ? Ce sera souvent le budget du client qui
déterminera la technique à privilégier.
Source :
Revue Québec Habitation (APCHQ) Avril 2015