Par Georges Lambert Économiste Service économique et
affaires publiques
Les données de mises en chantier pour les quatre premiers
mois de l'année 2015 sont décevantes : 6 390 habitations, soit un retard de 30
% si l'on compare à l'activité à la même période en 2014.
Des conditions propices à la reprise économique
La baisse surprise des taux d'intérêt annoncée par la Banque
du Canada le 21 janvier dernier constitue le fait marquant du début de l'année
2015. Cette diminution du taux directeur de 0,25 % a été rapidement suivie
d'une baisse de la valeur du dollar canadien et a ouvert la voie à des baisses
des taux d'emprunt hypothécaires. Cette mesure visant à stimuler l'économie
canadienne, instaurée dans un contexte d'une reprise anticipée de l'économie
américaine, favorisera éventuellement les régions exportatrices au Québec. De
plus, les investissements prévus dans des projets d'infrastructure (notamment
la construction du pont Champlain) constituent un point d'appui à la relance de
l'économie. Les données du marché du travail indiquent que la création
d'emplois progresse au Québec pour un quatrième mois consécutif : un gain de 11
700 emplois a été enregistré au Québec en avril 2015. Il faut garder en tête
que cette création d'emplois reflète en partie un contexte où les départs à la
retraite sont de plus en plus importants plutôt qu'une économie dynamique.
Jusqu'à présent, nous observons une reprise chancelante de
l'économie américaine; l'effet positif attendu sur les exportations tarde à se
manifester. De plus, l'effet de la baisse des taux hypothécaires est davantage
apparent dans le marché de la revente qui est très dynamique avec une hausse de
10 % par rapport à avril 2014. À l'exception des régions métropolitaines de
recensement (RMR) de Québec, Sherbrooke et Rimouski, où les mises en chantier
ont augmenté de 32 %, 14 % et 13 % respectivement, les autres régions du Québec
ont connu un ralentissement du côté de la construction.
Un marché au ralenti et un inventaire à la hausse
La vente des logements neufs est, pour l'instant, plus lente
que par le passé. Entre 2010 et 2014, la proportion des logements écoulés à
l'achèvement variait entre 63 % et près de 68 % dans le premier trimestre de
l'année. Par contre, pour 2015, les données de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement (SCHL) indiquent que seulement 56 % des logements
ont été écoulés à l'achèvement dans le premier trimestre de l'année : 59 % des
logements destinés aux propriétaires occupants et 53 % des logements en
copropriété ont été écoulés (entre 2010 et 2014, les taux d'écoulement
variaient entre 68 % et 75 % pour les logements destinés aux propriétaires
occupants et entre 53 % et 66 % pour les copropriétés).
Au premier trimestre de 2015, il y avait 5 628 logements
achevés et non écoulés, une hausse de près de 19 % par rapport à la même
période en 2014. Le nombre de logements destinés aux propriétaires occupants
s'élevait à 741, soit près de 17 % de plus et le nombre d'appartements achevés
et non écoulés s'élevait à 3 727, une hausse de près de 18 % par rapport à la
même période en 2014.
Moins de mises en chantier à long terme
Alors que les observateurs et prévisionnistes entrevoyaient
une hausse des mises en chantier pour 2015 au Québec, l'an dernier, l'APCHQ ne
décelait pas d'indices laissant croire à un marché de l'habitation vigoureux.
Ainsi, pour 2015, nous avions prévu 37 000 mises en chantier, soit une baisse
de près de 3 % par rapport aux prévisions pour 2014. Force est d'admettre que
les données publiées à ce jour ne laissent pas entrevoir une année florissante.
À ce moment de l'année, une prévision de 37 000 logements mis en chantier
constitue un maximum. Certaines institutions ont déjà commencé à réviser leurs
prévisions. Par exemple, Desjardins prévoit 35 000 mises en chantier en 2015.
Vraisemblablement, d'autres révisions à la baisse des mises en chantier sont à
venir.
Avec des tendances démographiques à long terme
incontournables, la formation des ménages ira en décroissant au Québec dans les
années à venir. De 2006 à 2011, il s'ajoutait plus de 43 000 ménages par année,
environ 40 000 de 2011 à 2016, et de 2016 à 2021, les projections indiquent que
la formation des ménages ne devrait pas dépasser 33 000 par année en moyenne.
Il y a lieu de prendre acte de cette tendance lourde.
Source : Magasine Information Construction - Juin 2015.
Magasine publié par l'APCHQ Provinciale