Yves Gilbert, président de la Commission scolaire des Hauts-Cantons (CSHC), se réjouit de l'abolition du projet de loi 86 en éducation qui, dans les grandes lignes, mettait fin à ces organismes administratifs élus du Québec. Écrit par François Blais, ancien ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et des Sciences du Québec, ce document avait été mal accueilli. Sébastien Proulx, le quatrième ministre de l'Éducation depuis un peu plus de deux ans, devrait en déposer un nouveau quelque part en juin, promet M. Gilbert.
Selon le président de la CSHC, deux motivations ont décidé le ministre Proulx à sabrer ce document. « Le gouvernement s'est rendu compte que la loi 86 ne comblait pas les attentes des commissions scolaires du Québec », donne-t-il comme premier élément. Il ajoute que M. Proulx a eu « une bonne écoute ; il a écouté, il a dit qu'on va mieux regarder et qu'en juin, il y aura un nouveau projet de loi. »
« Souvent, le gouvernement lance des ballons pour valider ses projets de loi. En commission parlementaire, 90 % des délégués lui ont fait remarquer qu'on ne parlait pas de la réussite des élèves. L'acceptabilité sociale n'était pas acquise », reprend M. Gilbert.
Dans le prochain avant-projet, on devrait retrouver l'élément suivant selon le président: la maternelle 4 ans et l'école obligatoire jusqu'à 18 ans. « Tous les grands pays le font », fait-il remarquer. Soucieux du tollé que pourrait soulever cette proposition, il insiste pour que les personnes impliquées autour de la rédaction de ce futur document se penchent sur les moyens à mettre de l'avant pour que les enfants et les adolescents trouvent la motivation nécessaire pour réussir ce parcours. « Comment faire pour transmettre les connaissances ? Comment l'enfant doit-il s'approprier ce modèle d'éducation ? », s'interrogeait-il en entrevue.
Lors de la commission parlementaire, les présidents de commissions scolaires de l'Estrie ont brodé autour du fil conducteur « si l'élève était perdant avec le projet de loi 86... », mentionne M. Gilbert. Aujourd'hui, avec l'ouverture d'esprit du ministre, ce thème a muté en « Et si l'élève était gagnant avec la nouvelle mouture... », indique-t-il satisfait.
Pour autant, rien n'est acquis. M. Gilbert reste préoccupé par le taux élevé d'échec et de décrochage scolaire. Il espère que le prochain texte du ministre Proulx contiendra des modèles éducatifs imaginatifs pour intéresser les écoliers et les élèves du secondaire qui passeront deux ans de plus sur les bancs d'école. Le président cite en exemple la réussite du programme de la Maison familiale rurale du Granit (MFR) de Saint-Romain. Les jeunes, à la fin de leur parcours, répondent aux exigences du ministère pour l'obtention du certificat d'études du secondaire tout en apprenant un métier relié à l'agriculture et à la foresterie.
Devrait-on établir des diplômes pour des emplois ou des professions spécifiques ? Devrait-on axer l'enseignement en fonction de l'employabilité ? Comment offrir à la fois les connaissances de base et une spécialisation ? Ces questions devraient trouver quelques éléments de réponses lors de l'étude portant sur une révision de la politique nationale de l'éducation prévue pour l'automne prochain.
« Tous les experts croient que c'est une bonne approche [que ce changement de cap de la part du ministre], » mentionne M. Gilbert. « Cependant, ajoute-t-il, le défi à relever sera grand. » Déjà, il pointe du doigt les prises de position syndicales. Quelques-uns seraient prêts à contester l'idée de l'école de la maternelle 4 ans jusqu'à 18 ans, juge-t-il.
Le président s'est dit content malgré tout le travail qui s'annonce. « Je suis satisfait qu'on puisse continuer notre travail. Nous serons encore le relais entre le ministre et les citoyens. Nous continuerons nos tâches administratives et politiques. On veut se donner des outils pour réussir », conclut-il.