Le noviciat de l'abbaye Saint-Benoît-du-Lac est actuellement désert et vide. « Mais la relève existe. Il y a présentement deux candidats en cheminement et qui semblent certains de joindre notre communauté. L'entrée se fait graduellement », confie le maître des novices, le père Robert Choquette.
Après avoir complété des études en psychologie, Robert Choquette est devenu moine il y a maintenant 34 ans. Il dit recevoir une à deux demandes d'information chaque semaine. « Il y a un tri à faire. Et pour chaque candidat, nous faisons faire une évaluation psychologique par des professionnels à l'extérieur. Ainsi, l'évaluation est objective et le rapport qui en résulte est un outil tant pour nous que pour le candidat. Vous savez, on a tous des blessures qui guérissent difficilement et ces problèmes se révèlent, se manifestent, encore plus dans la vie monastique ».
Selon lui, la vocation, « l'appel », est souvent une intuition qu'il faut confronter à la réalité de la vie monastique. Le candidat est-il autonome? Capable de décider de sa vie? Capable d'engagement? De stabilité? Fait-il montre d'ouverture aux autres? Démontre-t-il une capacité d'aimer? De donner sa vie?
« Il n'existe pas de profil précis du moine bénédictin et toutes les personnes sont différentes. Et avant de prendre un engagement définitif, le candidat a cinq ans pour se préparer et se décider », précise le père Choquette. Et oui, il arrive que des moines quittent : « Un monastère n'est pas une prison ».
L'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, fondée en 1912, est situé dans un environnement magnifique en bordure ouest du lac Memphrémagog. Son nom fait référence à Benoît de Nursie, fondateur de l'ordre des Bénédictins. L'abbaye compte un peu plus d'une trentaine de membres dont la moyenne d'âge se situe entre 65 et 70 ans, le plus jeune ayant 32 ans.
Pour ce qui est de la différence entre un
prêtre et un moine, le moine demeure au monastère, il n'a pas de charge
paroissiale et n'exerce pas un ministère à l'extérieur. Les deux tiers des moines de l'Abbaye Saint-Benoît
sont aussi des prêtres, mais ils sont et demeurent avant tout des moines.
« On dit qu'un moine à l'extérieur du monastère est comme un poisson hors de l'eau. Les moines ne sont pas des missionnaires. Ce sont les gens qui viennent à nous pour se ressourcer, pour demander conseil, se confier et se confesser. Notre mission est de prier et de louanger le Seigneur, et d'accueillir les gens », ajoute Robert Choquette.
Parmi la communauté de Saint-Benoît-du-Lac, on retrouve un moine biochimiste spécialiste des biotechnologies, un moine qui détient une maîtrise en physique, des musiciens exceptionnels... L'abbaye Saint-Benoît demeure le seul endroit en Amérique où on peut écouter du chant grégorien.
Hôtellerie
Les églises sont abandonnées et à peu près désertes. Pourtant l'hôtellerie de l'abbaye Saint-Benoît et la villa Sainte-Scholastique, située à côté, qui peuvent accueillir jusqu'à une cinquantaine de personnes, ne désemplissent jamais. Comment s'explique le phénomène?
« Nous n'avons pas le même créneau que les églises. Personne n'est obligé de venir ici alors qu'autrefois on était obligé d'aller à l'église. Les gens s'interrogent, sont en recherche. Cela doit répondre à un besoin... Se déconnecter... Et il y a le silence. Il y a la prière. Il y a l'architecture, la beauté du paysage, et le tout crée une ambiance spéciale. La vie moderne est très confortable : on sent moins le besoin de Dieu. Arrive une crise, un décès, la maladie, les questionnements resurgissent. Il existe moins de repères qu'auparavant, mais la recherche de sens est toujours là dans le cœur de l'homme », explique le père Dominique Minier, père hôtelier responsable de l'accueil des personnes à l'hôtellerie monastique.
De plus, pour répondre à des demandes répétées des jeunes, l'abbaye Saint-Benoît a instauré des stages ouverts à tous les jeunes âgés entre 18 et 35 ans pour partager la vie monastique pendant une trentaine de jours. Les moines les accompagnent dans leur démarche spirituelle en échange de quoi les jeunes participent aux travaux de la communauté et aux offices.
« Les jeunes ne savent rien de l'Église. Ils ne s'identifient à aucun mouvement. Ils recherchent quelque chose. Leur vie est vide d'idéal. Il y a plein d'énergie non utilisée et c'est à nous de canaliser cette énergie et l'exprimer », ajoute le père Minier.
Les Amis de Saint-Benoît
Les Amis de Saint-Benoît comptent près de 2 000 membres et son nombre va toujours en augmentant. Ils organisent des activités de ressourcement chrétien afin de créer des liens entre l'abbaye et les jeunes du Québec. Beaucoup de groupes de jeunes, étudiants du secondaire et du collégial, visitent l'abbaye et découvrent du même coup, quelque chose de tout à fait nouveau. Même que le père Minier a plus de 5 000 amis Facebook !
« Notre communauté existe depuis 15 siècles. Si on n'avait pas su s'adapter, on ne serait plus là », conclut-il. À Saint-Benoît-du-Lac, les moines travaillent et exploitent une fromagerie, un verger, une cidrerie, une ferme et un magasin où sont vendus leurs produits. Une trentaine d'employés laïcs participent aux travaux du monastère, à la fromagerie et à l'entretien des lieux et des bâtiments. Les moines se sont réservé tous les travaux de la cidrerie. Ils travaillent aussi comme bibliothécaire (entre 65 000 et 70 000 livres et documents), sacristain, comptable, hôtelier, portier en plus de voir aux travaux d'entretien, à la cuisine, l'infirmerie, la buanderie, etc.. Il y a le maire aussi car Saint-Benoît-du-Lac a un statut de municipalité. Sans doute l'une des plus petites au Québec : au recensement de 2006, on y a dénombré une population de 48 habitants. Le maire est le père abbé et il siège avec les autres maires à la MRC de Memphrémagog.
L'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac organise une fin de semaine de discernement vocationnel, pour les hommes de 18 à 40 ans du 30 mai au 1er juin 2014.
Information : www.st-benoit-du-lac.com