Quand j'étais petit...
Allez savoir pourquoi, chaque temps des Fêtes apporte son lot de souvenirs, de voyages dans le passé, de nostalgie. Ce doit être une question de perspective, j'imagine. Plus les années s'accumulent au compteur, plus le passé est grand. Et profond.
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J'ai croisé un ado, cette semaine. 14 ans. Ou à peu près. Il me regardait de l'air un peu suffisant de celui qui a atteint une forme d'autonomie qui lui permet de faire la moue devant le quotidien qui déroule lentement ses journées. Remarquez, c'est ma perception de son attitude. Allez savoir, il est peut-être camouflé derrière cet air parce qu'il ne comprend pas trop ce qui se passe dans sa vie.
Bref...
Je regarde donc cet ado, qui a la capacité de se gratter en dessous du genou sans se pencher, et je lui dis :
- Quand j'étais petit, je jouais tout le temps dehors dans le temps des Fêtes.
Saisissant visiblement l'énoncé comme un affront, il réplique :
- Ben oui, je le sais, pis tu marchais 5 milles pour aller à l'école avec ton pupitre sur les épaules!
- Euh, non! Ça, c'était mon père...
- Ben oui, c'est ça...
- En fait, quand on rentrait de jouer, on récupérait nos bas qui avaient glissé de nos pieds et s'étaient logés, en tapon, dans le bout de nos bottes!
Le souvenir me fait sourire.
- Ben, nous autres, on a mis du « spandex » dans nos tissus pour faire les bas, pis y tiennent, faque, t'sais...
Il m'a servi cette dernière réplique avec la nonchalance arrogante de celui qui est sûr que c'est un autre ado de son âge qui a inséré le spandex dans le tissu.
Je reprends :
- On n'avait pas de spandex dans nos bas ou nos bobettes, mais on « spendait » quand même plus de temps dehors, dans le temps.
- Méchant jeu de mots anglo de mon'oncle...
J'ai repris mon train-train. Certaines conversations, on dirait, finissent par tourner en rond, des fois.
Je n'ai pas d'amertume par rapport avec cette courte discussion. Il serait malhabile, voire déprimant, de frapper sur un élément de cette génération sur qui repose notre avenir. Je pourrais sombrer dans les reproches dont on mitraille souvent les ados et les Y, mais ce serait tout aussi malhabile : je suis de la génération qui a les a élevés...
Faire la morale ne marche pas, de toute façon. Je leur dirais simplement : prenez le temps d'être des ados. Quand vos bras ne vous permettront plus de vous gratter sous le genou sans vous pencher, c'est la tête que vous vous gratterez probablement.
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Le temps des Fêtes implique donc sa dose de mises au point, de mises à niveau. C'est comme ça. Et le tout finit par impliquer des résolutions.
- Moi, des résolutions, j'ai décidé de ne plus en prendre depuis des années, me lance un ami.
- En voilà donc une que tu tiens...
Ce sont de drôles de bibittes, les résolutions. Généralement, elles sont basées sur des choses concrètes, faisant partie d'une réalité qu'on veut changer. Le problème, dans notre époque extrême, c'est qu'on en adopte tout un lot à la fois, comme le faisait Harper avec ses projets de loi dits mammouths. C'est là que tout dérape.
Des habitudes, ça se change une à la fois. Comme on monte un escalier, une marche à la fois.
Je ne vous dirai pas ce que j'ai sur ma liste de résolutions. Trop souvent, on les rend publiques pour se mettre une pression d'exécution. Ce n'est pas ce qu'on dit qui compte, c'est ce qu'on fait.
Faire la morale aux adultes ne donne rien non plus.
Cette année nouvelle, je vous la souhaite bonne et peuplée de petits gestes qui rendront notre monde meilleur.
L'addition de petits gestes aidants et utiles contribue à une résolution importante : la résolution de bien des problèmes...
Clin d'œil de la semaine
On se dessine un nouvel escalier chaque jour de l'An. On passe l'année à monter et descendre des marches et on revient, chaque année, au pied du même escalier qu'on redessine!