Certains croient aux miracles et d'autres non, mais en ce qui concerne le King's Hall, les réactions sont toutes les mêmes : un mélange de méfiance et d'espoir. Effectivement, l'édifice vénérable demeure un sujet sensible qui ne laisse personne indifférent. Un tel bâtiment, aussi riche en histoire et en souvenirs et pratiquement abandonné, est comme une blessure qui ne guérit pas dans le paysage et sur le cœur des Comptonois.
Par Brigitte Robert
Cependant, ne nous réjouissons pas trop vite! Malgré les nouvelles qui circulent à la télévision et à la radio, les nouveaux acquéreurs n'ont pas encore pris possession de l'édifice qui est actuellement arpenté et inventorié. Si tout va comme prévu, le bâtiment serait toutefois rénové et même élevé au rang de patrimoine historique afin qu'il conserve tout son caractère et son charme authentique.
Lors d'une rencontre au Bocage, monsieur Veilleux, maire de Compton, a pu discuter avec trois des investisseurs intéressés, de jeunes gens d'affaires très sympathiques ayant plusieurs grandes réalisations à leur porte-folio, telles que l'aménagement intérieur du Palais des congrès au centre- ville de Montréal, la rénovation de l'hôtel St-James ainsi que les aménagements des « Shop Angus » dans le quartier Rosemont, pour ne nommer que celles-là. Était également présent à la rencontre le représentant de la chaine Day's Inn, monsieur Byron Martin, directeur du développement des franchises pour l'est du Canada, qui s'est dit impressionné par le charme local, les nombreuses ressources et par le potentiel de la région. Il a clairement manifesté son intérêt envers la tenue des Jeux d'été du Canada présentés à Sherbrooke en 2013 dont l'une des portions devrait se tenir à Coaticook. Selon lui, une telle opportunité devra être analysée soigneusement, car un événement de cette envergure serait justement une locomotive importante pour lancer les activités du futur emplacement.
Nous y avons également rencontré monsieur Denis Loubier, intermédiaire auprès des acheteurs, un personnage très coloré qui se décrit comme un visionnaire passionné et audacieux. « Nous n'avons pas qu'approché la chaine Day's Inn, explique-t-il, un autre groupe s'intéresse à l'endroit et voit un potentiel extraordinaire dans ce qu'ils nomment le "château". Formé d'Européens et d'investisseurs internationaux, ce groupe a déjà possédé 15 grands hôtels et a développé une grande expertise sur ce que recherchent les vacanciers et la façon de les accueillir. » En discutant avec lui, il est devenu clair que les préoccupations de monsieur Loubier sont de mener à bien ce projet et de l'intégrer dans la communauté en faisant du développement durable et de l'achat local. Pour lui, la promotion de l'agroalimentaire et des charmes naturels de la Vallée de la Coaticook, mise de l'avant depuis plusieurs années via les Comptonales, le CLD et produits de la ferme.com, sont des éléments clé. « Ce projet serait un véritable électrochoc financier pour la région, ajoute-t-il, un défi à relever tout le monde ensemble. Je connais bien ma région natale et je suis fier de collaborer à ce projet, ici, 110 ans après que mon arrière-grand-père, Léger Loubier, arrivé de la Beauce avec famille et troupeau, ait acheté des terres à Sir Cochrane pour s'y établir. »
Instigatrice de cette rencontre au Bocage, madame Marjorie Tyroler, directrice du CLD et résidente de Compton, explique : « depuis plusieurs années, nous mettons en place une structure touristique qui se développe autour de l'agrotourisme et tout récemment, vers les nombreuses activités de plein air disponibles en région. Cependant, le développement touristique d'une région est intimement lié à la capacité d'hébergement de celle-ci. Malheureusement, cette capacité est extrêmement limitée, surtout depuis la fermeture du l'hôtel Child, explique-t-elle. Donc, il devient de plus en plus complexe de faire ce travail de développement touristique. Pour nous, un projet de cette envergure est une excellente nouvelle et un défi passionnant! » Appuyant ces dires, la conseillère touristique Marianne Dandurand présente des exemples très concrets de cette situation, ayant récemment dû refuser un groupe d'une centaine de cultivateurs européens souhaitant passer quelques jours en région afin de visiter des fermes, faute de chambres d'hôtel pour les accueillir!
Qu'adviendra-t-il de ce nouveau projet? Un grand succès, espérons-le!