Du 25 novembre au 6 décembre, La Passerelle et La Méridienne s'unissent pour informer la population des activités présentées pendant les douze jours d'action pour éliminer la violence envers les filles et les femmes. Cette action se déroule sur tout le territoire de la MRC, et à la grandeur du Québec. Les organisatrices présenteront des documentaires, initieront une distribution de bougies et de rubans blancs. Elles déposeront dans les lieux publics une clé symbolique Une clé pour votre liberté et votre sécurité.
La cause n'est pas vaine. À La Passerelle, centre de femmes de Weedon, Andrée, coordonnatrice, rapportait que l'organisme avait répondu à 104 appels pour violence conjugale, 39 pour agression sexuelle et 21 autres pour d'autres types d'offense, dont certaines portaient sur de la fraude économique contre des femmes âgées, principalement. Pour sa part, à La Méridienne, maison d'hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, les demandes d'aide ont doublé en un an et le taux d'occupation atteint les 92 %, indique Anne-Josée, intervenante femme. Les 12 jours commencent par la Journée internationale pour l'élimination de la violence envers les femmes et se terminent avec la commémoration de la tuerie à la Polytechnique le 6 décembre, il y a 26 ans. « Il faut continuer la sensibilisation », reprend Anne-Josée. « Plusieurs jeunes ne sont pas au courant de ce drame; pour nous (dans la trentaine) on le sait, mais ça n'a pas le même impact (que pour les plus vieux qui se remémorent ce sinistre évènement) », ajoute-t-elle.
Rappelant le cas des quelque 1200 femmes autochtones disparues, Andrée insiste sur le fait « qu'il y a des filles et des femmes qui meurent ou qui sont harcelées tous les jours à travers le monde. » Après le refus du gouvernement conservateur d'instituer une enquête publique sur ses femmes amérindiennes, elle fait confiance au nouveau pour faire la lumière sur le sujet. Elle ajoute, troublée, que « le provincial ne fait rien », se basant sur l'inaction des élus dans le cas des plaintes déposées contre des policiers dans la région de Val-d'Or avant l'intervention des médias. « On souhaiterait que les Autochtones soient appuyées par toutes les Québécoises », rajoute-t-elle.
Plus récemment, le cas de l'homme d'affaires Daniel Guay contre la députée Caroline Simard témoigne de la nécessité d'une telle sensibilisation. Virginie, intervenante à La Passerelle, indique que la culture du viol n'est pas autorisée, mais tolérée dans la société par le biais de la publicité, entre autres. Il s'agit d'un bagage culturel très profondément ancré puisqu'un tiers des Québécoises subissent des agressions. « On apprend à la femme à se protéger contre le viol, mais on n'apprend pas aux gars à ne pas violer », s'indigne-t-elle.
Les conséquences sont nombreuses et la peur des représailles les empêche souvent de porter plainte. Anne-Josée rajoute « qu'on fait le procès des femmes autochtones, entre autres, à partir de leur passé plutôt que sur les actes des hommes. » Lorsque des « femmes portent plainte elles doivent raconter beaucoup de détails plutôt que de décrire l'importance de la blessure morale et physique qu'elles subissent », mentionne-t-elle, donnant pour exemple qu'il leur fallait décrire les lieux où ça s'est passé, la couleur des murs, l'heure et autres détails qui les éloignent de leur expérience traumatisante. De plus, on leur dit à mots couverts, « pourquoi vas tu gâcher la vie de ce gars-là, rien que pour ça ? », propos qui banalisent l'évènement et qui font porter l'odieux du crime sur les femmes. « C'est ça la culture du viol », reprend Virginie, surtout que selon les statistiques, 70 % des victimes connaissent leur agresseur.
Concluant l'entrevue, Andrée insiste. « Un non c'est un non ! ». Elle ajoute « qu'on peut avoir le goût de plaire sans vouloir être agressée. » Pour vous inscrire aux activités organisées par La Passerelle lors de ces douze journées ou vous informer, 819 877-3423 ou 1-877-477-3423, ou par courriel info@cdflapasserelle.org