Le Plan nature qui a été adopté, le 6
mai en soirée, lors de la séance du conseil municipal de la Ville de Sherbrooke
divise les élu.es. Bien que ce plan soit pourvu de très bonnes intentions au
niveau de la préservation des milieux naturels, ce document de 700 pages semble
laisser de côté la qualité de vie des citoyens et des citoyennes, selon
certains conseillers.
45% pour
les milieux naturels
«Le Plan nature a comme objectif
de conserver 45 % de la totalité du territoire sherbrookois en milieu
naturel (actuellement composé de 53 % de milieux naturels). Cet objectif
signifie la conservation de 93 % de l'ensemble des milieux humides du
territoire; 100 % de l'ensemble des
milieux hydriques encore à l'état naturel; 83 % de
l'ensemble des boisés», peut-on lire. « La raison pour laquelle on choisit
Sherbrooke, pour s'y établir, fonder une famille ou vieillir, c'est
parce qu'elle nous offre une vie urbaine en pleine nature. Plus que jamais,
nous devons protéger cette nature en planifiant notre développement en considérant
d'abord l'environnement et la mobilité. Ainsi, nous pourrons nous assurer
que les futures générations vivront eux aussi dans une ville verte »,
explique Évelyne Beaudin, mairesse. « Le Plan nature nous
donne une vue d'ensemble de nos milieux naturels. Cet outil indispensable
permettra à Sherbrooke de planifier les actions à poser dans les dix prochaines
années pour les conserver. Je me réjouis de l'adoption de ce document qui
favorisera des aménagements durables et structurants sur notre territoire », ajoute Joanie
Bellerose, conseillère municipale et présidente de la Commission de
l'environnement et de la mobilité.
Crise du logement et planification financière
Plusieurs conseillers de
la Ville de Sherbrooke mentionnent que ce plan n'est pas réaliste et ne
respecte pas les enjeux vécus par un bon nombre de citoyens et de citoyennes. Selon
des conseillers, il pourrait accentuer la crise du logement en ne permettant
pas de construire d'autres immeubles. « Nous sommes d'accord avec la protection des milieux boisés, mais pas
sur 45 % de notre territoire. Probablement même pas à 30 %, qui est la nouvelle
norme internationale, car nous sommes un milieu urbanisé, qui vise
l'installation de citoyens, que ce soit pour le travail ou les études.
N'oublions pas que le gouvernement provincial s'engage à protéger 30 % de son territoire,
mais pas nécessairement 30 % de chacune des villes. Nous devons revoir notre cible
à la baisse», souligne Hélène Dauphinais, conseillère du district du
Pin-Solitaire. «Le pire, c'est
que nulle
part dans ce projet il n'est question des impacts
économiques,
financiers et
sociaux de
sa mise en œuvre. Aucune étude ne vient répondre aux nombreuses questions
sur les effets tant positifs que négatifs
de ce plan nature», mentionne Paul Gingues, conseiller du district de l'Université.
«Le visage de Sherbrooke va changer. Il manque de chantiers en parallèle.»
- Annie Godbout, conseillère municipale, district de Rock Forrest
Les conseillères Annie
Godbout, Hélène Dauphinais, Jennifer
Garfat et Nancy Robichaud ainsi
que le conseiller
Paul Gingues ont déposé un amendement à
la résolution C.E.M. 2023-0002- 00 proposant
le dépôt du Plan nature auprès du ministère de
l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la
Faune et des Parcs,
d'ici le 16 décembre 2023.
Leur souhaite est que la population sherbrookois puisse être consultée et que
des modifications puissent être apportées au plan.
Pire crise
du logement de l'histoire Sherbrooke
L'Association professionnelle des constructeurs d'habitations du Québec ( APCHQ) - section Estrie , par voie de communiqué, se dit inquiet pour l'avenir des prix
des logements dans les années à venir. «La Ville de Sherbrooke fait face à la
pire crise du logement de son histoire. Selon l'APCHQ Estrie, la Ville
doit stimuler l'offre de nouveaux logements dans les meilleurs délais pour
éviter les effets indésirables qui pourraient survenir à court, moyen et long
terme. Notons que le
plan nature risque d'avoir pour effet de faire augmenter le prix des terrains en
diminuant l'offre et par conséquent le prix des loyers et des maisons. Ceci
accentuera l'exode vers les villes en périphérie de Sherbrooke», ajoute
Sylvain Mathieu, directeur général. Il aimerait qu'un dialogue soit instauré entre la Ville de Sherbrooke et l'APCHQ concernant l'application du Plan nature.