Les vignes qui s'agrippent à votre maison et les arbres qui poussent tout près peuvent à la fois induire des dommages et rendre de précieux services. Voici un vrai ou faux sur la cohabitation entre végétaux et bâtiments.
1. Les vignes détériorent les parements de maçonnerie. Faux
Les vignes n'endommagent pas le mortier et encore moins la brique, à moins que ceux-ci ne soient déjà en très mauvais état.
Les vignes utilisent l'un des deux types d'ancrage. Certaines ont des ventouses qui font simplement se coller aux surfaces poreuses. D'autres ont des vrilles qui pourraient s'insérer dans du mortier de mauvaise qualité ou déjà désagrégé. Si la brique et le mortier sont déjà friables, alors oui, la végétation grimpante peut contribuer à sa détérioration.
2. Les vignes peuvent devenir envahissantes et nuire au bâtiment. Vrai
Quand les vignes ne sont pas entretenues, elles poussent à l'infini, jusque sur le toit. On a déjà vu des branches s'insérer dans les soffites et se poursuivre dans les combles.
Particulièrement envahissante, la vigne vierge peut rapidement obstruer partiellement une fenêtre, recouvrir le condenseur d'un climatiseur ou bloquer des sorties de ventilation. On peut utiliser des variétés de vignes moins agressives, qui n'auront pas à être taillées aussi souvent. Dans tous les cas, il faut émonder régulièrement, avant qu'elles deviennent nuisibles.
3. Les vignes ont plus d'inconvénients que d'avantages. Faux
Certains inspecteurs recommandent d'abattre ces « autoroutes à fourmis » qui retiennent de l'humidité contre les parements extérieurs, surtout sur les faces qui ne sont pas exposées au soleil. Si ces reproches s'avéraient fondés, on pourrait leur opposer une série d'avantages.
La vigne crée un écran qui empêche le bâtiment d'absorber les rayons du soleil, ce qui rafraîchit l'édifice en été. L'architecte paysagiste Michel Rousseau, qui est membre de la Société québécoise de phytotechnologie (l'usage des plantes pour résoudre des problèmes environnementaux), ajoute à la liste :
-la couche d'air entre le feuillage et la brique isole quelque peu le bâtiment du froid en hiver et du chaud en été;
-les feuilles captent la poussière;
-la photosynthèse des feuilles émet de l'oxygène;
-un mur étroit et sans lumière directe peut être embelli, même en présence de sol pauvre.
4. Les racines d'arbre peuvent percer une fondation. Faux
Cela ne s'est jamais vu. « À Montréal, on voit beaucoup d'érables à Giguère, qui poussent parfois très près des maisons. Quand on creuse, on se rend compte que les fondations sont impeccables », rapporte Michel Rousseau.
S'il existe déjà une fissure dans une fondation, une racine d'arbre peut s'y introduire pour tenter d'y trouver de l'eau. Sinon, il est à peu près improbable qu'une racine défonce une fondation dont le béton a une épaisseur et une qualité standards. Même un tronc n'enfoncera pas un mur de béton. Qui n'a jamais vu ces clôtures en fer forgé délicatement avalées par un tronc d'arbre?
5. Les racines d'arbre peuvent briser des tuyaux. Faux
Les racines contournent les conduites d'eau. Elles ne s'y infiltrent que s'il y a déjà un bris. Dans les quartiers les plus anciens, on retrouve régulièrement des racines d'arbre dans des conduites d'égout en terre cuite qui se sont affaissées. Très fragiles, ces conduites peuvent se fêler au moindre impact lors de travaux de voirie. Les racines n'ont pas tendance à cogner très fort, mais une fois la porte ouverte, elles ne se gênent plus.
Si la propriété compte un drain français, les racines peuvent effectivement s'y infiltrer par les perforations existantes sur ce type de tuyaux. On voit régulièrement des drains français obstrués par des racines de haies de cèdres.
6. Certains arbres peuvent assécher le sol et provoquer des affaissements et fissures de fondation. Vrai
En présence de sols argileux et lors d'été particulièrement secs, des arbres matures peuvent absorber l'eau du sol et provoquer la dessiccation de l'argile. Cette dernière perd alors son contenu en eau. Son volume diminue, ce qui peut donner lieu à des affaissements de fondation. Le pieutage devient nécessaire. Le suspect numéro un est l'érable argenté, réputé très goulu. Le véritable coupable, par contre, est le développement urbain qui laisse au sol bien peu de surface pour qu'il refasse le plein d'humidité quand il pleut.