Être maman, c'est donner le meilleur à son enfant. Au risque de bousiller parfois l'image de la femme en nous. Comme la fois où j'avais le double tire-lait électrique qui tentait de motiver mes seins à produire le fameux liquide divin.
Pyjama, barrette de manouche dans le cheveu gras, et des yeux qui suppliaient mon chum de ne pas se sauver par la fenêtre. Me suis sentie plus que vulnérable. Tout ça, avec en fond sonore, le bruit de la fameuse machine qui te pompe aussi l'estime de soi.
Enceinte, j'ai lu sur tout. Tout sauf l'allaitement. Je me disais que c'était une évidence! Bébé a faim, maman sort le sein! Et non. Comme tu ne connais pas ton corps dans ce domaine-là, tu y vas un peu par essai-erreur. Pis l'erreur peut venir vite!
Après quelques heures seulement, j'avais déjà le sein droit blessé, et j'étais incapable de faire boire bébé avec le gauche. Au début, mes croyances étaient : je vais essayer et si ça ne marche pas, je lui donnerai du lait maternisé. L'option B n'est jamais très loin et elle est toujours demeurée trop proche. C'est récemment que j'ai compris à quel point le marketing était puissant autour du lait maternisé. Et ça nous influence.
On s'entend que ce lait est indispensable pour plusieurs enfants. Plusieurs femmes ont de réels difficultés ou incapacités à allaiter, et ce sont des situations très douloureuses à vivre autant physiquement que mentalement. Mais je me pose la question, si la consommation de préparations pour nourrissons n'était pas «installée» aussi confortablement dans notre culture, nos mentalités, est-ce que l'allaitement en général serait plus facile?
Comme tout part de la pensée, en changeant cette mentalité, on allaiterait avec confiance. On vit à l'ère du jetable, de la facilité. Il est temps de changer ça pour l'époque de la vérité, de la persévérance. Faudrait ramener le mot effort dans bien des domaines de notre vie. Plusieurs fois par semaine, j'avais le goût d'abandonner. Faut dire que j'avais le facteur quarantaine qui ne jouait pas en ma faveur et j'étais en plein déménagement. J'ai compris trop tard que le stress était le pire ennemi de l'allaitement. Par la suite, je prenais le temps de respirer, de chanter même! La vie en rose est devenue notre hymne à la douceur.
La clef de la réussite c'est «oser demander de l'aide!» Dès mon retour à la maison, ma sœur, qui est marraine d'allaitement, est venue passer quelques heures pour me guider. En quelques minutes à peine, bébé prenait enfin le sein gauche, pendant qu'on traitait le droit. Ma sœur a travaillé fort pour me trouver LA bonne chaise, et surtout LE bon coussin d'allaitement. Pour moi, oublions le long sac mouvant rempli de graines de sais-pas-quoi, ça me prenait un coussin qui s'attache dans le dos. Une fois bien installée, c'était le jour et la nuit!
J'ai senti une force et du courage monter en moi. Après tous ces efforts, et la douleur, j'étais en parfaite symbiose avec mon enfant. Moment magique! Deux merveilleuses infirmières du CLSC sont aussi passées pour me donner des outils et prendre des nouvelles de la petite famille.
La journée où le papa, mon «partner» si précieux, est retourné au travail, j'étais un peu anxieuse. Je devais faire place à ma nouvelle vie, seule avec bébé. Comme fiston est connecté à ses parents, il a ressenti mes inquiétudes et il a carrément boudé le sein. Panique au moulin! Mais grâce à notre bonne fée-marraine de sœur, nous avons conscientisé la situation et tout est rentré dans l'ordre.
Quelques semaines plus tard, dans le tourbillon de l'achat de la nouvelle maison, j'avais l'impression de ne pas fournir assez de lait et bébé chignait beaucoup. Épuisée, et à deux doigts de lui donner du lait maternisé, j'ai reçu un signe incroyable. Ma nièce Catherine m'a envoyé par courriel un article qui expliquait l'aventure d'une maman et de son poupon. La nuit, après avoir gavé bébé, elle se tirait toujours un biberon de plus avec son tire-lait. Un soir, à sa grande surprise, son lait avait changé de couleur et il était jaune foncé (au lieu de blanc-crème). Après une recherche sur le sujet, elle a découvert que le mamelon était un capteur assez sensible pour détecter la santé de bébé. Et comme son fils «couvrait» un petit rhume, son système a doublé les anticorps pour lui. Et sur la photo, on voit clairement la différence de couleur de son lait.
J'ai pleuré de joie et d'émerveillement devant ce miracle. L'être humain est une machine incroyable! On devrait nous enseigner ça en biologie au secondaire!
Allaiter mon fils pendant 5 mois est l'une de mes plus grandes fiertés. Je vous suggère de travailler avec une marraine d'allaitement avant d'accoucher. Soyez prête et confiante. C'est complètement faux de penser que ce que vous mangez n'affecte pas votre bébé. Tout ce que vous mangez, il le consomme. Si vous voulez un bébé calme, évitez le café et le sucre. Sachez que si votre enfant fait de très grosses coliques, il y a de fortes chances que ce soit à cause des produits laitiers. Après les avoir totalement coupés, mon fils ne faisait plus aucune colique.
C'est vraiment dur pour leur système digestif. Il y a tellement d'avantages à allaiter, prenez le temps de vous informer. Je vous souhaite de vivre cette merveilleuse aventure, que ce soit un mois ou 2 ans. L'important, c'est de tout essayer avant de penser à abandonner.