Un couple de baby-boomers face au syndrome du nid vide et une jeune chienne dévergondée incarnée par une humaine; c'est-ce qui fait tout le charme de Sylvia, une pièce d'été aussi hilarante que touchante, qui était présentée mercredi dernier au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke.
Écrite par A. R. Gurney et initiée à la scène en 1995, Sylvia nous raconte l'histoire d'amour inusitée qui naît entre Greg et sa chienne, au grand désarroi de sa femme Catherine. Au cours des semaines, la santé mentale de Catherine s'émiette alors que Greg devient obsédé par sa compagne canine, creusant un fossé grandissant en sein du couple.
Honnêtement, en voyant le scénario de la pièce, j'ai été très surprise d'apprendre que le rôle canin soit attribué à Sonia Cordeau, une femme bel et bien humaine. Toutefois, dès qu'elle a cité sa première ligne, car elle parle en plus, on voit tout de suite la logique évidente dans la décision de mettre une femme dans la peau de Sylvia. De cette façon, elle peut nous communiquer les états d'âme du chien et donc nous permettre de nous attacher à elle en tant qu'animal et non en tant qu'humaine à quatre pattes.
Pour incarner la bête avec tant de précision, Sonia Cordeau a passé toute une journée en compagnie de Mathieu Lavallée, un spécialiste en comportement canin. Seulement trois autres acteurs complètent l'entourage de la chienne, des comédiens connus sur la scène ou au petit écran québécois, tel que Pauline Martin, Marcel Leboeuf et Claude Prégent, tous extrêmement talentueux.
Bien que suivant le modèle reconnu du théâtre d'été avec son humour d'aplomb et sa fraicheur incontestée, la pièce produite par André Robitaille ne manque pas de profondeur et de moments touchants. En suivant bien le scénario, on comprend que Sylvia, la nouvelle arrivée dans la vie de Greg, sert de métaphore pour la substitution qu'un homme peut chercher à ce moment spécifique de sa vie, lorsqu'il perd un peu d'intérêt en la femme qu'il connaît maintenant trop bien.
Cette subtilité explique le fait que la chienne a toujours été jouée par une jeune femme charmante et dynamique, tel que Sarah Jessica Parker lors de la représentation originale à Broadway. Une belle façon, à mon avis, de dépeindre la crise de la cinquantaine sans introduire directement une maitresse dans le scénario, question de garder la pièce légère.
En résumé, Sylvia est un magnifique mariage entre l'humour et l'émotion, comme on s'y attend d'une pièce comme celle-ci. À tous les amoureux canins, réservez vos billets dès maintenant, car cette pièce vous touchera droit au cœur.
Rosemarie Lacroix
La parole est aux ados
*Merci au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke pour la collaboration