L'Institut
de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) a dévoilé, ce jeudi 28 novembre
2024, son calcul du revenu viable pour 22 localités réparties dans les huit MRC
de l'Estrie. Cette étude précise le montant nécessaire pour vivre à l'extérieur
de la pauvreté tout en permettant une certaine marge de manœuvre pour les
imprévus.
« Depuis
2015, l'IRIS calcule le revenu viable, initialement pour les grandes villes du
Québec. Nous l'appliquons maintenant à l'Estrie, une région semi-urbaine qui
présente des particularités intéressantes, notamment en raison de son coût de
la vie », explique Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l'IRIS et autrice de
l'étude.
Des disparités marquées entre les localités
En 2024,
une personne seule devait disposer d'un revenu annuel variant entre 33 490 $
(Granby) et 51 843 $ (Bromont) pour combler ses besoins de base en Estrie. À
l'exception de Granby, le revenu médian reste inférieur au revenu viable dans
toutes les localités étudiées, exposant un nombre significatif de personnes
seules à la pauvreté.
« Les
disparités sont frappantes. Il peut y avoir jusqu'à 20 000 $ d'écart entre les
revenus viables de ces villes. Les localités plus éloignées des centres urbains
subissent un coût de la vie accru en raison d'une offre alimentaire et de
transport plus limitée. Les personnes seules sont particulièrement vulnérables
», souligne Mme Couturier.
Pour une
famille de quatre, il est plus abordable de vivre à Lac-Mégantic, Coaticook,
Granby, Magog ou Cowansville qu'à Sherbrooke.
L'impact des services de garde sur le coût de la
vie
Le manque
de places en garderie dans la majorité des MRC contribue à alourdir le fardeau
financier des familles avec de jeunes enfants. « L'accès à des services de
garde abordables devrait être une priorité pour réduire la pauvreté en Estrie.
Dans certaines localités comme Granby et Cowansville, une meilleure offre de
garderie pourrait faire baisser considérablement le revenu viable en éliminant
le besoin d'une voiture supplémentaire », avance la chercheuse.
Bromont : un exemple d'inégalités
Avec un
revenu viable de 51 843 $ pour une personne seule et de 93 951 $ pour une
famille avec deux enfants, Bromont est la ville où le coût de la vie est le
plus élevé en Estrie. « C'est à Bromont que les coûts du logement et du panier
d'épicerie sont les plus importants. Cette situation s'explique par la présence
d'une population plus aisée, ce qui exacerbe les inégalités et rend la vie
encore plus coûteuse pour les familles », conclut Mme Couturier.
Source :
Camille Legault Thuot