J'ai lu dans la dernière édition du magazine Planète F que la nouvelle tendance est à la construction de structures de jeu non pas dangereuses, mais disons un peu plus intrépides. Étonnant non?
La philosophie derrière ce mouvement est d'offrir des espaces de jeu qui favorisent la prise de décisions en fonction de risques calculés. Ouch! Est-ce que je veux vraiment que mon enfant prenne des risques en allant jouer au parc?
Bon, on se calme un peu là. Il ne s'agit pas ici de gravir la tour de Babel, mais bien de structures un peu plus hautes et de surfaces qui ne sont pas nécessairement plates et uniformes. Cela vous insécurise? Je vous comprends, car cette tendance vient heurter le devoir de protection des parents envers leurs enfants. Un devoir dont certains abusent jusqu'à la surprotection.
Je vous pose la question : êtes-vous prêt à ce que votre enfant prenne des risques? La majorité d'entre vous me répondront probablement oui. Jusqu'à une certaine limite et dans un cadre contrôlé, où sa sécurité n'est pas remise en question. Bien évidemment.
Toute cette question quant aux structures de jeu me ramène d'ailleurs à l'approche développée en 1946 par la pédiatre hongroise Emmi Pikler qui soutient qu'observer son enfant sans intervenir serait la meilleure façon de favoriser son développement.
La motricité libre : observer plus, intervenir moins
La motricité libre consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de bébé et du jeune enfant. L'enfant devient le moteur de son propre développement dont lui seul dicte le rythme, en fonction de ses intérêts et de ses capacités. Selon Emmi Pikler, c'est en expérimentant que l'enfant intègre le mieux les apprentissages. Tiens, tiens!!
Dans les vidéos et films qui présentent les principes de la motricité libre, on voit des enfants qui expérimentent, qui explorent des structures de motricité sous la surveillance des parents, mais sans intervention physique de ceux-ci. L'une de ces structures impliquait d'ailleurs la montée d'une échelle et les risques calculés de chute (sur matelas) étaient bien présents.
Retour à la case départ. Et si les parents étaient trop protecteurs de leurs enfants? C'est d'ailleurs l'avis de la psychiatre Shimi Kang, chercheure reconnue de l'Université de Harvard et auteure du livre « The Dolphin Parent ». Selon elle, les parents doivent laisser plus de liberté à leurs enfants lorsqu'ils jouent à l'extérieur afin de valoriser leur confiance, leur estime de soi et leur capacité de jugement.
Bon faut se faire à l'idée. Même bébé, vient un moment où il faut laisser aller et faire confiance. On ne peut empêcher un enfant de tomber. C'est en expérimentant qu'il apprend et progresse dans son développement. La responsabilité des parents est de s'assurer que l'environnement dans lequel évolue son enfant est sécuritaire.
Ceci étant dit, à votre prochaine visite au parc, laisserez-vous votre petit intrépide grimper la structure de jeu ou bien serez-vous tenter de l'en empêcher?