Depuis sa prime enfance, Sylviane Bégin aime l'agriculture. Seule des trois filles à vouloir prendre la relève, elle souhaiterait poursuivre le travail des deux générations précédentes sur la ferme située dans Bury, sur le Chemin des Cantons, ajoute-t-elle fièrement. Mme Bégin a terminé ses études en 2004. Au fil des ans, l'entreprise est passée de laitière pour accueillir aujourd'hui des bovins Hereford croisés avec des Angus « Ça fait longtemps qu'on y pense, mes parents et moi, à ce que je reprendre la ferme ; je ne veux pas mettre de pression sur eux ; je vois mon père comme un mentor », confie la jeune femme.
Audacieuse, elle n'a pas hésité à explorer d'autres avenues pour y donner de la valeur supplémentaire. Après l'expérimentation de la culture d'hydraste du Canada et d'actée noire comme plantes médicinales à laquelle elle avait consacré plus de sept ans de travail, l'écrasement de la couverture de protection a mis fin abruptement à ce rêve. Comme elle le soulignait, la valeur marchande n'était pas au rendez-vous, malgré l'image qu'en laissait transparaître cette industrie. Dans la même perspective exploratoire, elle a entrepris la culture de la fougère à autruche dont le rendement se mesurera en termes de décennies. « J'ai constaté qu'il faut éviter de se disperser si on ne veut pas se perdre », mentionne-t-elle au passage.
Plus pragmatique, elle va doubler sa production d'ail pour « rester dans le marché de la distribution locale ». Sur le sujet, elle remarque que ce principe, malgré les vœux pieux des consommateurs, n'est pas encore ancré dans les mentalités collectives. Elle indique d'ailleurs qu'elle met fin à sa participation aux marchés publics pour cette raison. La culture du panic érigé entrepris depuis quelques années s'avère intéressante aussi. « C'est un excellent paillis pour l'ail et ça fait une bonne litière pour les animaux. »
Il est difficile pour la relève d'acheter la ferme parentale. Le financement et le prix à l'acre de sol arable en constituent les deux principaux écueils. Malgré une prime à l'établissement que la Financière agricole met à la disposition des étudiants qui terminent un diplôme d'études professionnelles (40 000 $) ou diplôme d'études collégiales (50 000 $) pour celles et ceux qui souhaitent continuer la pratique de l'agriculture, rien n'est acquis. Ces sommes leur sont accessibles jusqu'à l'âge de 40 ans. « Il faut aller frapper à de nombreuses portes », décrit Mme Bégin. Poursuivant, elle énumère quelques-unes des étapes qui la conduiront à réaliser son rêve. « On va devoir travailler avec un comptable, un notaire, des gens des ressources humaines sans oublier les Centres régionaux d'établissement en agriculture, les SADC et les CLD de nos régions », explique-t-elle. Ses parents aussi vont participer à la passation de l'entreprise rurale.
Pendant ce temps, la ferme évolue. La croissance apporte de nouveaux besoins. Entre autres, l'agricultrice, intéressée par la relève, envisage un projet de stabulation libre pour ses bovins.