Le Québec fait figure de pionnier dans le combat contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. La Belle Province accueille chaque année de nombreux citoyens étrangers qui souhaitent s'établir au Québec en raison de cette ouverture d'esprit et de ce respect à l'égard des personnes LGBT. C'est en 1977 que le Québec est devenu le premier État en Amérique du Nord à interdire la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. Les lois québécoises reconnaissent depuis l'égalité juridique des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transsexuelles et transgenres.
Comment expliquer que le Québec soit un pionnier, voire un modèle dans la lutte contre l'homophobie? Nous avons posé cette question à deux chercheurs qui ont volontiers partagé leurs hypothèses.
Le sociologue et auteur du livre « De la honte à la fierté : 250 jeunes de la diversité sexuelle se révèlent », Michel Dorais est d'avis que la société québécoise s'identifie aux petites populations marginales : « Les Québécois se sentent marginalisés dans l'Amérique anglophone. Quand tu te sens toi-même marginalisé, tu as plus tendance à avoir de la sympathie, voire de l'empathie envers les autres personnes marginales. Nous avons tendance à être sympathiques à l'égard des groupes opprimés parce qu'on se voit comme un groupe opprimé. Ce qui n'est pas du tout le cas de la société française. Il y a bien évidemment des questions religieuses, mais aussi des explications socio-historiques. »
Selon l'auteur du registre des actes homophobes (RAH) au Québec, Laurent McCutcheon, deux principales raisons expliquent cette ouverture d'esprit des Québécois. D'une part, le fait que le Québec soit une petite société permet de changer certaines valeurs « plus facilement et plus rapidement » que dans les sociétés plus peuplées, telles que la France. D'autre part, la Révolution tranquille dans les années 60 a amené plusieurs Québécois à adopter de nouveaux comportements, dont celui de délaisser la religion catholique et celui de s'investir dans des mouvements féministes. Il y a eu une « mouvance globale de la société québécoise » dans ces années révolutionnaires qui ont modifié diverses normes et valeurs sociales préétablies, a-t-il soutenu.
Ce qui n'empêche pas les deux auteurs d'affirmer avec conviction que les efforts pour lutter contre l'homophobie restent considérable au Québec. La bataille est loin d'être gagnée, malgré cette distinction flatteuse.