Bien qu'il fasse partie du territoire de Sherbrooke, on a l'impression d'entrer dans un autre univers lorsque l'on se retrouve dans le quartier d'Ascot. En 2006, on comptait sur ce territoire un peu plus de 9 000 des 150 000 habitants de la ville de Sherbrooke.
Que ce soit pas sa pauvreté ou par ses richesses, la communauté de cette partie de la ville se distingue des autres sur plusieurs aspects.
La pauvreté
Malheureusement, l'un des traits caractéristiques de ce quartier est l'abondance de la pauvreté. Selon les statistiques du recensement de 2006, le revenu moyen des citoyens d'Ascot était de 22 350 $, alors que la moyenne sherbrookoise se situait à 41 230 $. Avec ces chiffres, ce n'est malheureusement pas une surprise de constater que le pourcentage de personnes n'occupant pas d'emploi dans le quartier soit supérieur à 30 %, alors qu'il est d'environ 20 % pour l'ensemble de la ville. Le nombre de décrocheurs y est également plus important : 24% n'ont pas terminé leur secondaire 5, comparativement à 14 % pour Sherbrooke.
« Un citoyen m'a déjà confié que dans ce quartier, la misère était visible, que la pauvreté était présente. Beaucoup de commerces ont fermé leurs portes au cours des 5 dernières années et depuis ce temps, personne n'est venu investir dans le quartier », se désole Henry Mbatika, président du conseil d'administration d'Ascot en santé.
La richesse
Bien qu'il soit l'un des territoires les plus pauvres financièrement, le quartier d'Ascot est également défini par sa grande diversité culturelle, pleine de ressources et de richesses humaines. Dans ce quartier, les Néo-Sherbrookois représentent 17 % de la population, comparativement à 6 % pour la ville de Sherbrooke. Ce territoire compte également une population nettement plus jeune que la moyenne, alors que plus de 50 % de la population est âgée de moins de 34 ans. Toutefois, la plus grande richesse d'Ascot selon M. Mbatika, c'est le sentiment d'appartenance et mobilisation de ses citoyens. « Nous avons une excellente participation citoyenne et il est facile de mobiliser les habitants autour de projets. Avant à Ascot, on ne pouvait même pas laisser sa voiture dehors, de peur de se faire voler, mais les gens se sont pris en charge et l'image du quartier a beaucoup changé. Ici, nous ne nous contentons pas de faire les choses qui nous sont demandées par d'autres, les projets que nous réalisons ont été pensés et faits ici même ».
Plusieurs projets en tête
Ascot en Santé est une table de concertation et d'action qui intervient dans le quartier d'Ascot depuis plus de 20 ans. En 2006, les citoyens et partenaires d'Ascot en santé ont participé à un forum citoyen pour discuter de la revitalisation du quartier. Ce forum a abouti à l'élaboration d'un plan d'action 2007-2010. En 2011, la table de concertation a convié ses membres à un second forum au cours duquel les gens ont énuméré une liste de projets à mettre en place pour améliorer leurs conditions de vie. C'est ensuite à partir de ces propositions qu'a été élaboré un nouveau plan d'action s'échelonnant de 2011 à 2015.
Le plan d'action Ascot en santé 2011 - 2015 se divise en cinq axes : vivre ensemble, qualité et cadre de vie, place aux jeunes, économie au quotidien et communauté et vie de famille.
L'un des projets les plus importants de ce plan consiste à ériger une maison de quartier comme nous l'explique M. Mbatika. « L'une des préoccupations qui revenaient souvent de la part des gens du quartier est qu'ils veulent davantage de services de proximité. Plusieurs se plaignent que des services comme l'hôpital et la bibliothèque sont trop éloignés et qu'il n'y a pas de restaurant à prix modique dans les environs. La Maison de quartier va offrir tous ces services. Des médecins sont d'ailleurs venus faire des présentations ici pour la pédiatrie sociale ».
Toutefois, aucune échéance n'a été avancée pour l'élaboration d'un tel projet. « Il y a plusieurs années que nous caressons ce projet, nous attendons d'avoir les fonds nécessaires pour que ça se réalise », explique M. Mbatika.
Conscient des défis importants qui attendent Ascot au cours des cinq prochaines années afin que le plan d'action devienne réalité, M. Mbatika se dit confiant d'améliorer les choses dans le quartier d'Ascot. « Au delà de la pauvreté, nous avons la volonté de réaliser des choses ensemble. Nous voulons bâtir un quartier à notre image, à notre ressemblance et nous avons les moyens d'y arriver. Même si on est d'origine différente nous avons une volonté, celle de changer notre milieu et de mettre en place des projets pour la revitalisation du quartier ».