L'habitation est, sans nul doute, l'un des biens les plus précieux d'un ménage. En fait, elle constitue l'un des principaux éléments de son actif.
Selon une enquête de Statistique Canada réalisée en 2005, la valeur de la résidence principale de la moyenne des ménages canadiens représentait 61,9 % de la valeur totale de leur actif. De plus, l'hypothèque liée à la résidence principale correspondait à un peu plus de 66 % de la dette totale des ménages.
Dans ce contexte, il n'est donc pas surprenant de voir les ménages consacrer d'importantes sommes à la rénovation de leur résidence à mesure qu'elle prend de l'âge ou que leurs besoins changent. La croissance des dépenses de rénovation est en effet importante et soutenue, moins volatile que les dépenses liées à la construction neuve. Le graphique suivant montre l'évolution des dépenses liées à la construction neuve et à la rénovation au Canada, entre 1961 et 2003. On peut y voir que les dépenses pour la construction neuve se situent parfois en dessous, parfois au-dessus des dépenses de rénovation. En 2005, les dépenses de construction atteignaient les 7,78 milliards de dollars, alors que les dépenses de rénovation totalisaient 7,35 milliards de dollars. Les données préliminaires montrent que les dépenses de construction neuve poursuivent une décroissance, et ce, en lien avec le repli des mises en chantier dont nous sommes témoins depuis le début de 2005.
Combattre le vieillissement du parc de logements
Quoi qu'il en soit, la croissance soutenue des investissements en rénovation s'explique dans un premier temps par le vieillissement des habitations et le souci des ménages de préserver la qualité et la valeur réelle de leur résidence principale. Les données montrent que l'âge moyen du parc immobilier augmente, et ce, malgré les constructions récentes. Nous estimons qu'en 2005, plus de 57 % du parc immobilier avait plus de trente ans alors que le pourcentage pour cette catégorie du parc immobilier était de 40 % vingt ans plus tôt. Cette tendance haussière contribue certainement à la bonne santé du secteur de la rénovation. Selon une enquête de la SCHL menée en 2006 sur les intentions d'acheter et de rénover, 23,7 % des personnes ayant l'intention de rénover effectueront des travaux de réparation et d'entretien visant à maintenir leur habitation en bon état.
Rénover pour satisfaire les besoins changeants des ménages
Toutefois, au-delà de ce vieillissement, les rénovations sont également nécessaires pour adapter les logements afin qu'ils répondent davantage aux besoins de leurs occupants. Or, parce que ces besoins évoluent au gré des facteurs démographiques, sociaux et même technologiques et parce que les logements existants ont été bâtis à une époque où les caractéristiques et les besoins des ménages étaient différents, ceux-ci devront être rénovés et parfois même transformés afin de tenir compte de cette évolution.
En termes démographiques, le Québec voit sa population vieillir. Si aujourd'hui ce sont 38,4 % des ménages qui ont un soutien âgé de plus de 55 ans, cette proportion passera à 46,8 % en 2016 et à 52,1 % en 20261. Également, la taille des ménages ne cesse de diminuer. Entre 1961 et 2001, le nombre moyen de personnes par ménage est passé de 4,3 à 2,4, et ce, en raison notamment du nombre croissant de personnes vivant seules. Selon une étude de la Société d'habitation du Québec2 (SHQ), les ménages d'une seule personne représentaient 29,6 % de l'ensemble des ménages en 2001, alors que cette proportion n'était que de 7 % en 1961. Ce contexte démographique est à l'origine de l'évolution de besoins qui, de toute évidence, diffèrent de ceux que peuvent satisfaire les logements existants plus âgés.
Les dépenses de rénovation peuvent également se justifier en raison de l'apparition de nouvelles technologies ou en raison de nouvelles contraintes et préoccupations. Selon la SCHL, environ 42,2 % des personnes ayant l'intention de rénover effectueront des travaux de remplacement du matériel existant, alors que 33,7 % effectueront des travaux de réaménagement et de modification ayant pour objectif de moderniser les installations existantes afin de répondre davantage aux besoins actuels. Par exemple, ces dernières années, la hausse des prix de l'énergie et les préoccupations à l'égard de sa conservation ont amené un grand nombre de ménages à investir dans le remplacement de leurs portes et fenêtres, de leur système de chauffage et de toutes les autres composantes susceptibles d'entraîner des économies d'énergie.
Rénover pour se démarquer sur le marché de la revente
En plus de satisfaire ses propres besoins, nul doute que les travaux de rénovation permettent à une habitation de se démarquer sur le marché de la revente, réduisant ainsi le délai de vente et favorisant l'obtention d'un prix de vente plus élevé. Les effets bénéfiques de la rénovation sont d'ailleurs à l'origine du phénomène de mise en valeur d'une propriété, communément appelé «home staging», qui consiste à augmenter la valeur d'une habitation en y effectuant des travaux pour améliorer l'image intérieure et extérieure de l'habitation. Selon plusieurs, ce sous-segment de l'industrie de la rénovation affiche une croissance soutenue depuis quelques années.
Considérant l'importance de l'habitation dans l'actif des ménages et la forte croissance des prix des logements neufs et existants au cours des dernières années, les travaux de rénovation permettent de moderniser une habitation afin de répondre plus adéquatement aux besoins et aux goûts des ménages d'aujourd'hui, en plus de soutenir plus efficacement la concurrence provenant du marché de la maison neuve. Pour toutes ces raisons, il semble aisé de prévoir que l'industrie de la rénovation sera florissante au cours des prochaines années.
Dans ce contexte, qu'il s'agisse de préserver une habitation, de la moderniser ou d'en accroître la valeur, la rénovation devient plus que jamais un investissement rentable. Pour les propriétaires, la question qui se pose maintenant est la suivante : avez-vous les moyens de ne pas rénover?