La plupart des Canadiens croient maîtriser la conduite hivernale. Après tout, cinq mois à rouler sur des routes enneigées ou glissantes devraient suffire pour faire de nous des experts. Erreur! J'en ai pris drôlement conscience en participant au Camp4 Canada de Porsche.
Organisé à l'excellent complexe Mécaglisse, dans les Laurentides, ce cours de conduite de performance démontre à quel point les voitures de Porsche se débrouillent bien dans la neige et sur la glace, ainsi que les techniques à adopter en conduisant à haute vitesse et dans des conditions précaires.
En arrivant sur place, j'ai tout de suite aperçu la superbe brochette : Porsche Boxster S 2013, Porsche 911 Carrera 2012 et Porsche 911 Carrera 4S 2013. Chacune était chaussée de pneus d'hiver Nokian avec des crampons de trois millimètres. Mon adrénaline s'est mise à couler à flots juste en les voyant.
Avant de sauter en piste, nous avons reçu une formation théorique sur les cercles de friction (au contact du pneu sur la surface enneigée ou glacée), le sous-virage et le survirage, les dérapages contrôlés ainsi que les effets de la répartition du poids à l'accélération, au freinage et dans les virages. C'était beaucoup d'informations à assimiler, mais, heureusement, les instructeurs de l'école de conduite sportive de Porsche nous ont accompagnés tout au long de la journée, y allant de précieux conseils pour nous aider à demeurer sur le droit chemin... même s'il fallait parfois lancer la voiture de travers dans une courbe glissante.
Tout d'abord, quand je me suis dirigée vers l'ovale de dérapage aux commandes d'une 911 Carrera rouge cerise (mode Sport Plus activé et antidérapage éteint, tel que demandé), mon cœur battait déjà la chamade. Je révisais les directives et les recommandations dans ma tête, par exemple ne pas fixer les bancs de neige, user de l'accélérateur avec modération, ne pas essayer de trop corriger les manœuvres, contre-braquer et sortir en puissance. Malgré cela, il m'a fallu quelques secondes seulement pour subir un tête-à-queue et foncer dans un banc de neige. Bravo, Miranda!
J'étais embarrassée, mais j'en ai tiré une bonne leçon. En effet, j'ai regardé la neige au lieu de lever les yeux dans la direction où je souhaitais aller, j'ai trop appuyé sur l'accélérateur (le son du moteur à six cylindres à plat est tellement enivrant!) et je n'ai pas contre-braqué assez rapidement. J'ai donc recommencé, encore et encore. Après quelques autres survirages et glissades involontaires, j'ai finalement dompté la bête et même réussi un dérapage contrôlé sur une bonne distance.
L'extase!
La beauté du Camp4 Canada de Porsche, c'est justement la sensation qu'on éprouve une fois qu'on maîtrise la puissance, la précision et la performance de la voiture - une sensation de pouvoir, de satisfaction et d'envie de recommencer sans arrêt.
Ensuite, nous sommes retournés au circuit principal afin d'attaquer un parcours de slalom au volant d'une Porsche Carrera 4S 2013. Le coup de foudre, je vous dis! Je me suis tout de suite sentie à l'aise avec la transmission intégrale, visant les points de corde, laissant le poids de la voiture me balancer dans les enchaînements de virages et dosant l'accélérateur de mon mieux pour en sortir avec une bonne partie des 400 chevaux.
Évidemment, je n'étais pas parfaite là non plus. J'ai vite compris que la Carrera 4S, plus lourde que ses sœurs, n'est pas aussi facile à faire danser; elle requiert davantage de finesse et de précision dans les courbes. Avec l'antidérapage en fonction, ça devenait carrément énervant : le système coupait la puissance beaucoup trop souvent et corrigeait la trajectoire au moment où je ne le désirais pas.
Prochain exercice : le virage pendulaire avec une Porsche Boxster S. Plus légère, avec un poids réparti différemment, celle-ci m'a donné du fil à retordre dès la première courbe. J'ai enfoncé l'accélérateur, tourné le volant et planté le nez de la voiture directement dans le banc de neige au point de corde. Un autre moment de gloire pour moi.
Quelques tours plus tard, j'ai réalisé qu'il faut ouvrir doucement les gaz avec la Boxster S, manipuler délicatement le volant, regarder devant et anticiper ses réactions afin de mieux se préparer. Encore une fois, je n'ai pas atteint la perfection, mais j'ai quand même réussi à compléter de magnifiques virages pendulaires au point d'avoir le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
Pour terminer, les gens de Porsche ont relié la première et la deuxième boucle en vue d'en faire un gros circuit tortueux et glissant, avec quelques dénivelés au travers. Heureusement, ils avaient placé des cônes pour nous guider dans les freinages et les virages. Alternant entre la Carrera, la Boxster et la Carrera 4S, nous y avons passé près de 90 minutes. Ce fut une belle occasion non seulement de peaufiner nos techniques, mais aussi de nous en donner à cœur joie.
Le Camp4 Canada de Porsche est ouvert au public et je vous recommande fortement d'y participer s'il se tient près de chez vous un jour. Le coût d'entrée en vaut bien la peine, ne serait-ce que pour découvrir et repousser vos limites dans la neige au son d'un fabuleux six-cylindres allemand. Définitivement, ça vaut le coup!
Photo : Miranda Lightstone