C'est arrivé à un entrepreneur près de chez vous
Comme le font la plupart de ses collègues, notre entrepreneur avait fixé les lames du plancher de bois franc de ¾ pouce au moyen d'agrafes enfoncées dans un panneau de support de revêtement « haute performance ».
Quelques mois après avoir reçu la maison, les propriétaires se plaignent de craquements constants et excessifs. Après plusieurs expertises effectuées pour connaître la cause du problème, l'entrepreneur n'a d'autre choix que d'arracher et de poser un nouveau parquet.
Les innovations au fil des ans
Il fut un temps où installer un revêtement de plancher de bois était une étape parmi tant d'autres. On installait d'abord notre bon vieux papier 15 lb et on clouait les planches les unes après les autres.
La première innovation depuis belle lurette fut l'utilisation de cloueuses manuelles et de clous en bandes. Ces clous dentelés permettaient une bonne adhérence au support de revêtement.
Afin d'alléger et d'accélérer le travail de pose des lames de bois, on a ensuite introduit les cloueuses pneumatiques. Ces dernières, plus légères et rapides, permettaient un travail adéquat. Par la suite, les agrafes ont remplacé les clous pour fixer les planches au revêtement.
Plusieurs stratégies ont donc été développées, mais la plus courante consiste à utiliser des agrafes recouvertes de résine, qui produit une réaction d'adhérence lorsque les agrafes pénètrent dans le support.
Jusqu'à ce stade, peu de problèmes ont été rencontrés.
Le panneau structural orienté (OSB)
On a ensuite remplacé les supports de revêtement de contreplaqué et de panneaux de copeaux par des panneaux qu'on pourrait qualifier de « haute performance » parce que plus stables et plus résistants. Ces nouveaux panneaux structuraux orientés (OSB) sont fabriqués pour résister aux intempéries et réduire les risques de gonflement des rebords.
Ce type de panneau de support de revêtement est très performant, mais le procédé de fabrication fait en sorte que les agrafes utilisées pour fixer les planches au revêtement n'offrent plus la même adhérence, ce qui affecte la performance des parquets de bois.
En pratique, les parquets de bois pré-usinés sont installés à la fin de la construction du bâtiment afin de les protéger contre les dommages. Il y a donc peu de temps pour permettre à l'humidité relative de l'air du bâtiment de rééquilibrer le taux d'humidité du bois.
Durant l'été, le bois prend de l'expansion ce qui fait légèrement gonfler les parquets et sollicite les agrafes. Si ces dernières n'offrent pas une résistance suffisante, des craquements se produisent en raison du jeu créé entre l'agrafe et le support de revêtement.
Lorsque le chauffage reprend à l'automne, l'humidité de la résidence diminue, le revêtement reprend progressivement sa place d'origine et les planches craquent de plus belle.
Est-ce la faute des agrafes ou du support de revêtement?
Dans un premier temps, il faut clarifier un point important. Il est impossible de conserver un taux d'humidité relative constant dans une résidence. Cette prémisse fait en sorte que l'on doit prévoir les mouvements des planches et s'assurer que ces mouvements n'affectent pas la performance du parquet.
Quelles agrafes choisir?
Plusieurs entreprises offrent sur le marché des agrafes destinées à la fixation des planches d'un parquet. Ces dernières devraient :
• Être suffisamment longues afin de dépasser la sous-face du support
• Être enduites d'une résine thermo active permettant l'adhérence
• Idéalement, comporter un système dentelé permettant de pallier une déficience de la résine, mais il ne semble pas y en avoir sur le marché.
Pour un plancher de bois franc d'au plus 7,9 mm (5/16 pouce), le Code de construction permet l'utilisation des agrafes. Fixer des lattes de ¾ pouce avec des agrafes relève de mesures différentes permises au code si autorisées par le code municipal ou par la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Il s'agit d'obtenir une attestation d'essais confirmant que, dans le cas d'une utilisation précise, l'agrafe répond aux objectifs du Code de construction.
Quel panneau de support choisir?
Sans doute celui qui permettra la meilleure rétention des agrafes ou clous utilisés. Cela dit, la plupart des fabricants de panneaux de support de revêtement « haute performance » indiqueront dans leurs recommandations de pose de paquets de bois de se référer aux exigences du fabricant des lames de parquet pour la sélection des clous et agrafes. On risque alors de tourner en rond.
Et le mode de fixation?
On trouve couramment des installations de planchers de bois franc ¾ pouce avec agrafes de calibre 15, supérieures au calibre 11 indiquées dans le code. Lorsque fixés avec un espacement et une longueur de fixations conformes aux instructions du fabricant (p. ex : tous les 8-10 pouces), la performance du plancher s'avère acceptable.
Par ailleurs, il y a aujourd'hui sur le marché une offre considérable de clous conformes au Code de construction et de cloueuses performantes. L'utilisation d'agrafes ne semble pas attribuable à une absence de clous conformes, mais à d'autres avantages que l'agrafe peut offrir (p. ex : deux pointes par agrafe). Les images captées lors de l'enlèvement du revêtement de plancher de cette résidence démontrent clairement le manque d'adhérence des agrafes utilisées (en raison, notamment, de l'espacement trop grand) ou le manque de rétention des fibres du panneau de support.
Pour la nouvelle pose du parquet, notre entrepreneur a décidé de revenir aux vieilles méthodes et de clouer les lames dans le support de revêtement original. À son avis, les clous dentelés lui procuraient une garantie additionnelle d'adhérence.