Lors de divers scénario, dont l'affaissement des fondations, le pieutage d'une maison peut être nécessaire. Voici les étapes et quelques conseils d'experts.
1re étape : le diagnostic
« L'ingénieur procède à un examen de la maison et évalue si l'affaissement est stoppé ou s'il progresse toujours, affirme Alain Desmeules, président de Prétech. Il déterminera ensuite si le pieutage est nécessaire. Il élaborera un plan d'implantation de pieux en indiquant combien il faut en mettre. » Plus la charge à supporter est importante, plus les pieux seront rapprochés les uns des autres. L'autre option, dans ce cas, consiste à augmenter le diamètre de chaque pieu.
2e étape : l'excavation
L'installateur de pieux suit les plans de l'ingénieur. Les ouvriers excavent donc jusqu'à la semelle. S'il s'agit d'un plex en milieu urbain, sans espace entre les résidences, les pieux devront être installés par l'intérieur. S'il y a un vide sanitaire, il faudra creuser.
3e étape : l'installation des étriers
Les ouvriers doivent faire des ouvertures dans la semelle afin d'installer les étriers. Ces étriers seront ensuite ancrés à la fondation par boulonnage. « Il est préférable qu'ils soient en métal galvanisé, ou encore qu'ils bénéficient d'une protection cathodique, car comme ils sont en contact direct avec la terre, le risque de corrosion est élevé », précise Alain Desmeules.
4e étape : l'installation des pieux
Une fois tous les étriers positionnés, la pose des pieux débute. « Les ouvriers se basent sur l'étude faite par l'ingénieur pour connaître la profondeur à atteindre », ajoute Alain Desmeules. Une fois le refus atteint, on effectue un test de capacité portante (test requis pour les pieux vissés et les pieux hydrauliques). Chaque pieu doit pouvoir supporter le double de sa capacité.
5e étape : le levage du bâtiment
Cette étape implique des coûts et c'est au propriétaire de décider s'il procède ou non au levage. « Si le bâtiment s'est beaucoup affaissé, cela vaut le coût de le redresser, mais si ce n'est pas le cas, il vaut mieux le laisser tel quel, car un relèvement peut causer des dommages, prévient le spécialiste. Cette opération se fait par zones et prend souvent une journée. »
6e étape : la fixation permanente du pieu à l'étrier
Cette opération se fait soit par soudage (dans le cas des pieux vissés) ou par boulonnage. Le soudage peut comporter des risques d'incendie et il est plus difficile d'en contrôler la qualité, avertit Alain Desmeules.
7e étape : le bétonnage des pieux
À l'aide d'une bétonnière, l'ouvrier remplit de béton l'intérieur du pieu et les ouvertures dans la semelle (que l'on a dû casser pour insérer l'étrier). Cependant, le bétonnage peut être évité en utilisant des pieux au contenu plus grand en acier - une option intéressante puisqu'il est presque impossible de garantir la pénétration du béton sur toute la longueur des pieux.
8e étape : la réparation des fissures dans la fondation
Diverses solutions existent pour ce faire, par l'intérieur ou l'extérieur, selon la gravité des fissures à réparer et leur impact sur l'intégrité structurale de la fondation
9e étape : le goudronnage et l'installation du drain français
Les ouvriers étalent une couche de goudron sur la fondation. Si le propriétaire le désire, « il est possible d'installer ensuite une membrane pour imperméabiliser la fondation, suggère Alain Desmeules.
10e étape : le remblayage du sol
Il faut finalement remblayer l'excavation, comme il se doit, en prévoyant un certain tassement et une légère pente pour éloigner le ruissellement de l'eau de pluie et de fonte de neige des murs de la fondation, ainsi que d'éventuels travaux de paysagement.
Quelques bonnes pratiques
Selon François Goulet, ingénieur-conseil et spécialiste en fondation, il est primordial de bien connaître la nature du sol avant de pieuter. Pour ce faire, il est essentiel d'obtenir une analyse du sol effectuée par un laboratoire géotechnique.
Lorsque le sol est instable sous l'ensemble du bâtiment, il est recommandé de pieuter les quatre côtés de la fondation et l'intérieur du bâtiment. « Il arrive qu'un entrepreneur vende à son client un pieutage partiel, de la façade avant en général, parce que c'est moins cher, plus facile à faire et qu'il veut obtenir le contrat, déplore le spécialiste. Or, un pieutage fait de cette façon aura souvent comme conséquence de ne pas stopper l'affaissement des parties non pieutées. Le pieutage de ces parties pourrait devoir être fait plus tard, après l'apparition de dommages aux endroits non pieutés initialement. »
Pour éviter des surprises, François Goulet propose l'approche suivante : 1. Faire exécuter le plan d'installation de pieux par un ingénieur indépendant de la firme de pieutage; 2. Faire un appel d'offres à partir de ce plan et vérifier que le contrat proposé par la firme respecte le plan de l'ingénieur; 3. Faire surveiller les travaux par l'ingénieur indépendant qui a fait le plan.
Source : Magasine Québec Habitation Juin 2015 - magasine publié par l'APCHQ Provinciale