Crédit photo : Depositphoto
Le réseau de santé en Estrie traverse une crise qui n'en
finit pas : la pénurie de pharmaciens dans les hôpitaux. Cette situation
affecte la qualité des soins et l'Association des pharmaciens des
établissements de santé du Québec (A.P.E.S.) tire la sonnette d'alarme. La
crise est d'autant plus aiguë que le gouvernement n'a pas entamé les
négociations pour renouveler l'entente de travail des pharmaciens
d'établissement, échue depuis près de deux ans.
Des soins pharmaceutiques
en péril
Les pharmaciens jouent un rôle essentiel dans les soins aux
patients, que ce soit directement dans les unités de soins ou au sein des
cliniques ambulatoires. Pourtant, la dernière enquête sur les effectifs révèle
des chiffres alarmants en Estrie. Ainsi, dans les urgences, 43 % des postes de
pharmaciens restent vacants, malgré les nombreux cas d'urgence liés à des
problèmes médicamenteux. Les services en soins intensifs et coronariens
connaissent également une grave pénurie, avec 40 % des postes de pharmaciens
étant non pourvus. Un autre secteur particulièrement touché est la dialyse
rénale, où 97 % des postes sont vacants, exposant les patients à des risques
considérables en raison de leur vulnérabilité accrue face aux médicaments.
Des répercussions
graves pour les patients
Cette situation entraîne des conséquences dramatiques pour
les patients. Selon Julie Racicot, présidente de l'A.P.E.S., la pénurie de
pharmaciens entraîne des délais d'attente prolongés, des hospitalisations
allongées et une augmentation des incidents médicamenteux. « Les chiffres
sont alarmants, et ce, partout au Québec. Si le gouvernement continue d'ignorer
les solutions que nous proposons et celles pouvant résulter de la négociation,
la situation ne s'améliorera pas au détriment des patients et des soins. Le
manque de pharmaciens contribue au temps d'attente lors des consultations à
l'urgence et dans certaines cliniques ambulatoires, à la durée des
hospitalisations, ainsi qu'aux risques d'incidents et d'accidents médicamenteux
et d'effets indésirables liés aux médicaments. En revanche, la présence du
pharmacien dans l'équipe soignante permet d'accélérer la prise en charge de
patients et l'atteinte des résultats avec la thérapie médicamenteuse, ce qui
contribue à un meilleur fonctionnement du système de santé», déclare-t-elle. Le
manque de ressources compromet donc directement la qualité des soins, mettant
en péril la santé des patients.
Un gouvernement
silencieux face à l'urgence
Malgré l'urgence de la situation, le gouvernement Legault
n'a pas encore amorcé de négociations pour améliorer les conditions de travail
des pharmaciens d'établissement et ainsi favoriser leur attractivité et leur
rétention. Linda Vaillant, directrice générale de l'A.P.E.S., dénonce cette inaction
: « Si aucune mesure n'est prise rapidement, nous devrons recourir à des
actions concrètes pour faire entendre notre voix », prévient-elle.
L'Association des pharmaciens des établissements de santé du
Québec réclame des solutions durables pour résoudre cette pénurie, comme une
meilleure collaboration avec les facultés de pharmacie et une répartition plus
équitable des effectifs. À défaut d'initiatives concrètes de la part des
autorités, l'avenir des soins pharmaceutiques au Québec reste plus qu'incertain.
Source : Association des pharmaciens des
établissements de santé du Québec (A.P.E.S.)