Depuis quelques années, les peintures ont beaucoup évolué. Dans un souci de protection de l'environnement, le marché offre aujourd'hui des peintures réduites en composés organiques volatils (COV), d'autres sans COV, et d'autres recyclées. Certaines formulations ont aussi été repensées afin de rendre les revêtements plus performants. Coup d'œil sur les nouveautés en peinture et les techniques d'application.
Finies les peintures contenant du plomb ou des composés organiques volatils (COV), des substances qui contribuent au réchauffement climatique. Aujourd'hui, les peintures sont plus vertes. La plupart sont lavables à l'eau et celles à base d'acrylique sont plus adhérentes et résistantes au frottement, selon Mathieu Hamel, assistant-chef des marques Sico et Corrostop chez PPG Architectural Coatings (fabricant des peintures Sico et détenteur également de la marque Bétonel). De plus, « les situations où l'application d'un apprêt est nécessaire sont moins nombreuses qu'avant, ce qui réduit la consommation de peinture », dit-il.
Dans les constructions neuves, les peintres en bâtiment ont développé des trucs pour assurer une application plus durable de leurs produits. L'application se fait souvent au pistolet pulvérisateur, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
« L'usage du pistolet permet de laisser une couche plus épaisse et plus uniforme de peinture qu'au pinceau ou au rouleau, explique Roger Bélanger, président de Déco Romax, qui affirme que cela s'applique autant aux surfaces de bois, que de crépi ou de stucco. Cela demande toutefois une plus grande préparation, car il faut cacher les surfaces qu'on ne veut pas peindre, comme les planchers en céramique, les fenêtres et les briques, par exemple. »
L'amélioration des pistolets a aussi contribué à répandre leur utilisation auprès des peintres. « Il y a moins de variabilité dans le niveau de pression, l'outil est plus facile à réparer, un écran indique le niveau de pression et certains modèles sont plus faciles à démonter », mentionne Martin Landry, réparateur de pompes chez Sherwin-Williams.
Du côté de la rénovation, il faut au départ savoir sur quelle surface le produit est appliqué. « Souvent, les architectes présentent des devis qui prévoient l'utilisation de peinture à l'eau sans vérifier l'état actuel de la surface, déplore Antoine LeBouc, propriétaire de Peintres CertaPro, une entreprise spécialisée en peinture de bâtiments. Or, s'il s'agit d'une surface peinte à l'huile, la peinture à l'eau n'y adhérera pas. Il est pourtant très simple de vérifier à quelle surface on a affaire. Il suffit d'étendre sur une petite surface de l'hydrate de méthyle. Si la peinture reste, c'est un revêtement à l'huile. Si elle part, c'est de la peinture à l'eau. »
Il faut ensuite s'assurer d'appliquer le bon produit au bon endroit. « Par exemple, pour la peinture des meubles et des armoires, nous recommandons un produit spécial appelé simplement peinture pour meubles et armoires, précise Mathieu Hamel. La présence d'un alkyde en émulsion dans cette peinture à l'eau donne un fini lisse qui résiste au marquage. De plus, il résiste mieux que les latex traditionnels au ramollissement dû à la vapeur chaude, ce qui est un avantage certain pour les armoires situées au-dessus d'une cuisinière. »
Peindre à l'extérieur
Le recouvrement à l'extérieur est souvent plus complexe, à cause de la présence du soleil et des conditions météorologiques changeantes. Ainsi, la peinture d'un patio ne peut se faire qu'à certaines conditions. « Il faut éviter de peindre si la surface est exposée directement au soleil, avertit Roger Bélanger. La chaleur produite par le soleil fait en sorte que le produit cuit et n'a pas le temps de pénétrer dans le bois. » Il conseille donc d'installer une toile opaque plusieurs pieds au-dessus de la surface afin d'éviter que le soleil ne plombe directement sur le patio.
Quant aux toits de tôle, il recommande de les peindre tôt le matin, avant que la tôle ne devienne trop chaude, et appliquer l'autre couche ou peindre l'autre moitié de la surface plus tard dans la journée, au moment où l'ensoleillement est plus faible.
Antoine LeBouc émet toutefois des critiques quant aux peintures sans COV. Il estime qu'elles ne sont pas aussi durables que les peintures réduites en COV. De plus, il les trouve moins performantes et moins résistantes sur les surfaces horizontales.
Mathieu Hamel soutient pour sa part qu'il n'y a pas de problèmes avec ces peintures. « Nos nombreux tests de laboratoire ainsi que les ré- actions et commentaires de la clientèle nous indiquent que les formules sans COV n'ont aucun problème de durabilité. » Il reconnaît toutefois que les critiques formulées à propos du temps de séchage sont exactes. « Le temps de séchage est un peu plus long avec les produits sans COV en comparaison avec ceux qui en contiennent. Pour remédier à cet inconvénient subi par les peintres en bâtiment, il suggère au professionnel d'adapter ses méthodes de travail en fonction du produit qu'il applique.
PPG propose d'ailleurs un revêtement extérieur amélioré qui utilise de nouvelles technologies, dont la nanotechnologie. « Notre teinture translucide pour bois d'extérieur contient un alkyde flexible qui résiste au craquement, souligne Mathieu Hamel. Sa nanopigmentation laisse mieux voir la beauté naturelle du bois et l'ajout d'huile naturelle permet une pénétration plus en profondeur dans le bois, et donc une meilleure adhérence. »
Et les peintures recyclées?
Depuis quelques années, l'entreprise Boomerang, basée à Shawinigan, fabrique des peintures recyclées à partir de portions inutilisées de peintures domestiques. Ces peintures sont récupérées dans différents points de dépôt. Elles sont ensuite reformulées en usine et vendues à prix plus abordables que les produits de grandes marques. Elles s'appliquent bien et sont lavables, selon le fabricant.
Sont-elles populaires auprès des peintres en bâtiment? « Je les utilise très rarement confie Antoine LeBouc, car le choix des couleurs est trop limité (21 couleurs au total) et elles sont déjà prémélangées. » De plus, ces peintures ne proposent qu'un seul fini, soit le fini perle.