C'est sous le thème « Mieux vaut
prévenir que mourir. Ose parler du suicide », que la Semaine nationale
de prévention du suicide 2024, qui a lieu du 4 au 10 février, a été lancée. Dans la région, deux organismes, Secours-Amitié Estrie (SAE) et JEVI, font un travail colossal,
à chaque jour, afin de sensibiliser les gens à l'importance de discuter de leur
émotion et de ne pas rester seuls lors des moments difficiles.
Donner une
voix aux pensées
Selon la travailleuse sociale et coordonnatrice des services d'écoute et
de formation chez SAE, Mylène Vincent, la peur du jugement fait partie des
nombreuses raisons qui peuvent amener une personne à garder ses problèmes et
ses pensées pour elle. « Certaines personnes ont peur de la réaction de
leurs proches, d'autres se sentent isolées, incomprises et elles minimisent la
gravité de leur mal-être. Elles ont peur d'être jugées »,
explique-t-elle. « Gardée pour soi, la souffrance peut s'amplifier et les
sentiments de détresse peuvent s'aggraver jusqu'à atteindre un seuil
critique. En partageant ses sentiments, il est possible de se libérer
d'un fardeau trop lourd à porter. »
Le
sentiment de solitude
Les gens qui appellent chez SAE vivent beaucoup de solitude. C'est ce que Mylène Vincent a pu observer, notamment, dans les dernières années.« Même entourées, les personnes ont le
sentiment d'être seules. Nous pouvons être bien nantis et ressentir une
solitude écrasante. » Toujours selon madame Vincent, les gens ont un
énorme besoin de se sentir connectés avec la communauté. « Un individu peut
être malade à la maison et avoir l'impression qu'il est seul au monde. Il a
besoin de savoir qu'il possède un réseau autour de lui. »
Vers une
société bienveillante
La promotion de l'écoute fera encore plus partie de la mission de SAE
dans les prochains mois et les prochaines années. « Nous voulons offrir des
formations sur l'écoute active aux citoyens et aux citoyennes. De cette façon,
ils pourront mieux intervenir auprès de leurs proches », explique Mylène
Vincent. « Nous voulons développer des pistes de solution qui pourront mener
vers une société bienveillante où l'entraide fait partie du quotidien. »
« Les gens ont peur de déranger.»
- Mylène Vincent, travailleuse sociale et coordonnatrice des services d'écoute et de formation chez Secours-Amitié Estrie
Les
intervenants chez SAE
Les intervenants bénévoles, qui répondent au téléphone chez SAE,
obtiennent une formation sur mesure d'une durée de 16 heures. Ils sont
également jumelés avec une personne d'expérience lorsqu'ils font leurs premiers
pas sur la ligne d'écoute. Les bénévoles ont des outils afin de bien repérer
une personne ayant des idées suicidaires. Les personnes qui souhaitent faire du bénévolat chez SAE peuvent consulter le site de l'organisme à l'adresse https://www.secoursamitieestrie.org/benevolat/.
Mettre fin
aux préjugés pour sauver des vies
Malgré les nombreux appels à la sensibilisation autour du phénomène du
suicide et de la santé mentale (Bell Cause, Journée mondiale de la prévention
du suicide, etc.), il reste encore beaucoup de chemin à faire afin de mettre un terme aux tabous. « Il faut trouver une manière de parler de la santé
mentale ouvertement et de façon transparente. Il faut que les gens aient
moins peur de demander de l'aide », explique la directrice générale de
l'organisme JEVI, Tania Boilar. « J'ai vu une amélioration concernant les
préjugés face à ces problématiques depuis mon arrivée, en 2006. Toutefois, le
travail est loin d'être terminé. Il faut bien en parler et en parler souvent.
Bell Cause, par exemple, c'est un grand engouement pendant 24 heures. Par
contre, les gens souffrent 365 jours par année. »
D'après les données de JEVI, une à deux personnes par semaine, en moyenne, décèdent à la suite d'un suicide en Estrie.
Ressources
pour demander de l'aide :
Secours-Amitié Estrie : https://www.secoursamitieestrie.org/
JEVI : https://www.jevi.qc.ca/
Ligne
provinciale en prévention du suicide : 1 866 APPELLE (1 866 277-3553)
Pour
clavarder en ligne avec un intervenant : https://suicide.ca/
Info - social 811