Avant-hier, Microsoft annonçait son nouveau service de messagerie, Outlook.com, une plateforme de courriel, de contacts et de calendrier d'une convivialité intéressante avec ouverture intuitive sur la mobilité et les réseaux sociaux. Idem pour le gros édredon ouaté du SkyDrive, un service gratuit de stockage infonuagique, qui est désormais accessible en deux clics.
Ce produit dont l'allure est très Win8/Métro, n'est pas une nouveauté en soi, mais une rénovation majeure que vient de terminer Microsoft de son service Web de messagerie. Ainsi, après des mois de travaux d'envergure, le vieux Hotmail.com reprend du service dans une défroque fort belle sous le nom d'Outlook.com.
Comme vous pouvez le constater en scrutant les deux prises d'écran qui suivent, je l'ai testé et, effectivement, la convivialité y est excellente. Oubliez le bordel d'Outlook 2010, le logiciel de messagerie associé à Microsoft Office. Oubliez la raideur désuète de Gmail, la plateforme alternative de Google. Oubliez la lenteur de me.com, un des domaines du iCloud d'Apple. Le nouvel Outlook.com s'affiche tout en grâce et en légèreté. Rien ne vient offenser l'œil, rien ne vient enquiquiner la patience. Vraiment ? Pas tout à fait...
Par exemple, j'ai eu de la difficulté à transférer mes courriels de Gmail. Chaque tentative m'a valu un message m'indiquant qu'Hotmail (et oui, Hotmail) n'arrivait pas à le faire. Je suis allé voir ce qui se passait du côté de Gmail et j'ai réalisé que le problème était à cet endroit. Google voulait me protéger. Après lui avoir expliqué que c'était tout à fait convenable de transférer mes trucs chez Outlook, il l'a fait sans couiner.
Dans le fond, Outlook.com me semble jouir d'un plus grand nombre de bons points que de mauvais. Sans compter qu'il tire profit, d'entrée de jeu, d'un phénomène qui l'avantage grandement. Pour expliquer, on pourrait établir un parallèle avec Jean Charest, une marque de commerce que le PLQ s'efforce de vendre à grand renfort de marketing par les temps qui courent.
Dans les sondages publiés au début de l'été, plus du trois quarts des Québécois affirmaient ne plus faire confiance au chef du Parti Libéral; passons les raisons sous silence, elles seront brandies tous les jours d'ici le scrutin. Or, un sondage Léger Marketing publié ce matin confirme que ledit Charest est bien en selle et que ses appuis sont redoutables; au départ du marathon électoral, il aurait le tiers de l'électorat de son bord. Même à l'état picouille, le cheval n'est pas tuable.
Le parallèle ? Dans les milieux sérieux, dans les officines corpo, dans les cavernes de geeks, dans les bars branchés, dans les zones influentes du Web deuzo, brandir une adresse Hotmail équivalait à demander un pot de Cheez Whiz dans une boutique de fromage spécialisée en lait cru. Hotmail c'était devenu le propre des matantes qui tchattent et des technophobes qui écrivent à leurs amis (avant le déferlement du phénomène Facebook). Bref, Hotmail était quétaine. Hotmail était mort !
Les gens comme moi, entendre les vernis du cyber-plateau, les branchés des salons kioutes, les stentors du Web deuzo, utilisaient tous l'alternative, soit Google (Gmail), Apple (iCloud) ou encore Mozilla (Thunderbird), pour ne citer que ces trois exemples (1). En un mot, Hotmail était un service Web négligé par Microsoft (aucune mise à niveau digne de ce nom depuis Mathusalem) et n'importe quel autre service, à l'exception peut-être d'Incredimail, était plus beau et plus convivial, même le stalinien Gmail.
Hier, Microsoft a simplement claqué des doigts et le vieil Hotmail s'est mis en piste pour redevenir la plateforme de choix des gens informatisés. Déclarée « has been » hier puisqu'on en était généralement écœuré, la bête se relève en santé ce matin. Le truc ? Microsoft l'a adaptée aux goûts du jour et lui a changé son nom. Elle s'appelle désormais Outlook.com, bye-bye Hotmail.com. Même à l'état picouille, le cheval n'est pas tuable.
Le truc pour requinquer Charest a été différent. Encore là, passons-le sous silence, ses deux principaux adversaires se relayeront à coup sûr pour nous en faire la démonstration d'ici le 4 septembre.
Pour revenir à Outlook.com, il faut considérer un facteur important, un facteur que Microsoft semble vouloir ignorer : les antiHotmail sont assez souvent anti-Outlook. Le nom « Outlook » est celui de la grande plateforme de messagerie associée à Microsoft Office. Redmond en avait même adapté une version légère dans les années 90, Outlook Express, l'ancêtre de Windows Mail. Pour ces antagonistes, l'alternative était de rigueur.
Cependant, convaincu que mes amis branchés ne l'apprendraient pas, je me suis précipité sur Outlook.com ou je me suis inscrit sous deux profils, ce qui fait que je dispose désormais de deux adresses Outlook, des adresses que je ne vous communiquerai pas. Hé hé. Mais dépêchez-vous, il semble y avoir encore de la place pour vous dénicher des adresses courtes et faciles à retenir. Par exemple, j'en ai obtenu une troisième, pour ma blonde cette fois, où il n'y a que son prénom du côté gauche de l'arobas. Premiers arrivés, premiers servis.
Si on dispose déjà d'une adresse Hotmail, il faut s'assurer de se déconnecter. Sinon, Outlook va ouvrir notre vieux tableau de bord Hotmail dans sa nouvelle interface. C'est que pour se procurer une adresse Outlook, il faut compléter une fiche comme si on était étranger à Microsoft. Idem si on dispose d'une adresse « Live », le service infonuagique impérial. En fait, tous ces comptes Hotmail, Live et Outlook aboutissent désormais au même endroit en ce qui concerne la messagerie. C'est ce qui explique que l'on peut conserver ses adresses trucbinne@hotmail.com ou trucbinne@live.com si on le souhaite; elles fonctionneront quand même avec Outlook.com.
Allez visiter le site et, si ce n'est déjà fait, inscrivez-vous. Vous pourrez alors essayer le produit et, qui sait, apprécier les efforts ergonomiques qui ont été déployés. Peut-être alors que, sans trop vous en rendre compte, vous commencerez à aimer l'allure du produit, auquel cas, vous aurez le goût d'aller en tester d'autres de la même farine, les apps Win8/Metro. Tiens tiens ...
Ballmer lance et ... c'est le buuuuuut !