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Réduction des GES: Le Canada respectera-t-il ses engagements? partie 2

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Yves Nantel Par Yves Nantel
Dimanche le 7 juin 2020

Avec la description du Cadre pancanadien pour une croissance propre lors de ma chronique antérieure, nous nous sommes appropriés le plan d'action du gouvernement fédéral pour réduire les émissions de GES au Canada. Nous verrons ici si nous sommes sur la bonne voie de réaliser ses prétentions.

Le rapport « Progrès vers les cibles de réduction des GES du Canada », publié en janvier dernier, nous permet de constater que :

a) depuis 2005, les émissions n'ont pas reculé d'un iota, passant de 730 Mt à 729 Mt en 2018,

b) les émissions par habitant ont légèrement diminué soit 22,6 tonnes de CO2 par habitant à 19,7 tonnes et

c) les principaux secteurs économiques émetteurs de GES sont le pétrole et gaz et les transports qui cumulent à eux deux 51 % des GES du Canada, suivis des bâtiments à 13 % et de l'industrie lourde à 11 %.

De ce rapport il en résulte que, jusqu'à ce jour, que la majorité des provinces canadiennes, échouaient totalement, si tant est qu'ils en avaient une volonté réelle, à respecter la cible de l'Accord de Paris prévoyant la réduction des émissions de GES de 30 % d'ici 2030 par rapport à celles émises en 2005 et que les efforts du gouvernement central n'y réussissait pas davantage.

Performance des provinces dans leurs efforts de réduction

Puisque que le Cadre implique les engagements de chaque province en plus des efforts particuliers du gouvernement fédéral, analysons les efforts des différentes provinces depuis 1990 et mesurons les efforts de réduction par rapport à 2005.

Évolution 1990-2005-2018 et poids des émissions de GES par provinc

Mt : il faut comprendre ici que Mt signifie millions de tonnes et que cela inclut tous les gaz à effet de serre (GES) dont particulièrement le gaz carbonique, le méthane et le protoxyde d'azote. Dans les rapports, c'est inscrit Mt éq CO2.

% de la population canadienne

 

Provinces

 

Émissions de GES[1]

en Mt éq CO2

% des émissions canadiennes en 2018

1990

2005

2018

6,4

Maritimes

48

55,1

42,7

5,9

22,5

Québec

87

86

83

11,4

38,7

Ontario

179

203

165

22,6

3,6

Manitoba

18

20

22

3

3,1

Saskatchewan

44

68

76

10,4

11,6

Alberta

173

232

273

37,4

13,5

Colombie brit.

52

62

66

9

0,3

Territoires Nord

2,7

2,7

2,5

0,3

100 %

Canada

603

730

729

100 %


[1] Tableau confectionné par l’auteur à partir de : Estimations de la population, Statistique Canada, 2020 et Sources et puits de GES : sommaire 2020, Environnement et Ressources naturelles, avril 2020

D'évidence, l'Alberta et son secteur pétrolier causent problème. Avec seulement 11, 6 % de la population canadienne, l'Alberta émet 37,4 % des émissions de GES du pays. De plus, de 1990 à aujourd'hui (2018), elle a majoré ses émissions de 100 Mt, passant de 173 Mt à 273 Mt; ceci démontre que cette province n'a pas pris au sérieux le réchauffement climatique. On peut aussi ajouter la Saskatchewan comme province problématique car elle émet 3 fois plus de GES que son poids démographique. À elles deux, ces provinces cumulent 47,8 % des émissions de GES au Canada et pour chacune c'est le secteur pétrolier qui est en cause.

C'est l'Ontario qui s'en tire le mieux avec une réduction substantielle de ses GES. Mais c'était sous l'administration libérale antérieure. Qu'en sera-t-il sous l'administration conservatrice actuelle ?

Croisée avec la situation décrite antérieurement à l'effet que ce sont les secteurs pétrolier/gazier et du transport qui sont en cause, on conclut facilement que la priorité des priorités doit être la réduction radicale des GES émanant de ces secteurs et que la pression doit être exercée sur les 2 principales provinces en cause, l'Alberta et la Saskatchewan.

Analysé sous l'angle des GES à réduire d'ici 2030 pour atteindre la cible de l'Accord de Paris (30 % des émissions de 2005), le Canada devra réduire ses émissions de 219 Mt d'ici 2030. Mais comme ce résultat est la somme des résultats des provinces, et que l'Alberta devra les réduire de 111 Mt, c'est donc la moitié des réductions qui dépendent de l'Alberta. Advenant le non-respect de l'Alberta, ce sont les autres provinces qui devront compenser si l'on veut respecter nos engagements.

La situation politique complique la donne. L'élection du gouvernement libéral fin 2015 coïncide avec l'élection de 5 gouvernements conservateurs au pays : Doug Ford en Ontario qui s'est aussitôt retiré du marché du carbone conclu entre le Québec et la Californie et qui s'est allié aux provinces conservatrices de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et du Nouveau-Brunswick pour contester la Loi sur la tarification des grands émetteurs de GES devant la Cour suprême du Canada. La contestation suit son cours.

Malgré tout, le Cadre pancanadien tient le coup et le gouvernement affirme atteindre ses engagements.

Projections de réduction d'ici 2030

En arrivant au pouvoir, le gouvernement libéral a présenté son plan de réduction des GES incluant des projections d'émissions jusqu'en 2030. Pour respecter ses engagements, le Canada devra réduire ses GES de 730 Mt en 2005 à 511 Mt en 2030.

Dans le rapport cité plus haut, nous apprenons qu'avec les mesures en place avant 2015, nous nous dirigions vers une augmentation des émissions de GES jusqu'à 815 Mt en 2030. Puis, avec l'introduction des mesures du Cadre pancanadien de 2016, mis à jour dernièrement, il s'est rapproché de sa cible de réduction jusqu'à 588 Mt. Puisqu'il doit atteindre 511 Mt par année en 2030; il raterait donc sa cible de 77 Mt. Le gouvernement compte, entre autres, sur le développement de technologies à venir, sur la plantation d'arbres pour combler l'écart.

Mais que fait le gouvernement dans cette galère du pipeline Trans Mountain ?

Si le Cadre pancanadien est un plan intéressant de lutte aux changements climatiques, surtout en comparaison de l'époque conservatrice, comment le gouvernement peut-il justifier l'achat du pipeline Trans Mountain (4,5 milliards de $) et assurer sa gérance future (8,5 milliards $) ?

Le pipeline vise à faciliter l'exploitation du pétrole issu des sables bitumineux lesquels génèrent jusqu'à 37 % plus de GES que le pétrole conventionnel. Ainsi, il contribuera, en amont et en aval, à augmenter les émissions que l'Alberta excelle à émettre au grand dam du climat. Les chiffres, on l'a vu, n'indique aucune réduction des émissions depuis 2005 ans.

Il faut qu'on nous explique la logique derrière ce geste. Ce projet ferait augmenter les GES de 13,5 à 17 millions de tonnes par année pendant 50 ans équivalant à l'ajout de 3 millions de voitures en termes d'émissions de GES. Comment seront-ils compensés ? N'est-ce pas une subvention à l'exploitation pétrolière alors que le gouvernement s'est engagé à réduire à néant les subventions à cette industrie d'ici 2025 ?

Au-delà du geste, c'est la volonté réelle du gouvernement à s'attaquer à la réduction des GES qui est en cause. Ses engagements ne s'avèreront-ils que belles paroles ?

Mettre résolument le cap sur les engagements de l'Accord de Paris

Dernièrement le ministre de l'environnement, Jonathan Wilkinson, s'est engagé à faire voter des cibles contraignantes à atteindre par période de 5 ans. Ces cibles seraient élaborées par un comité d'experts. Cet engagement ne peut qu'être bien accueilli de même que celui de l'atteinte de la carboneutralité pour 2050.

Par contre, on est loin du compte :
1- De 2005 à 2018, les émissions de GES sont demeurées les mêmes alors qu'elles doivent être réduites de 30 %.

2- Les intentions du gouvernement énumérées dans le Cadre pancanadien sont contredites par des gestes annulant une partie des résultats escomptés.

3- Des provinces sont dans une posture de déni face à l'urgence climatique favorisant des activités de sabotage ou du moins de refus d'engagement vers l'atteinte de l'Accord de Paris.

4- Le plan de réduction de GES du gouvernement ne prend pas en compte l'entièreté des émissions pour atteindre sa cible.

Une fois la crise de la Covid-19 derrière nous ou du moins sous contrôle, le ministre doit nous présenter ce que l'on pourrait appeler une mise à jour de son plan de réduction de GES.

La priorité doit être portée sur les secteurs du pétrole et gaz ainsi que des transports. C'est évident qu'il ne doit pas céder un pouce sur la taxe sur le carbone et maintenir la progression du prix jusqu'à 50 $ la tonne en 2025 comme promis. De plus, il doit réaffirmer son intention de réduire complètement les subventions à l'industrie pétrolière d'ici en 2025 et de renoncer au développement de tous projets pétroliers.

Quant à nous citoyen-ne-s, nous devons devenir chaque jour plus compétent-e-s à comprendre la situation, à la juger et à mettre la pression pour le respect de l'Accord de Paris. Le défi est immense mais nous n'avons pas le choix. Il ne reste que 10 ans devant nous pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. Si la pandémie bouleversera notre vie temporairement (un an, deux ans ?), l'attente de la catastrophe climatique nous plongera dans des transformations de nos modes de vie combien plus grandes encore.

 

 


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