La préservation des photographies analogiques (épreuves et
négatifs) dépend beaucoup du soin accordé à l'entreposage. Une photographie
rangée dans un portefeuille s'abîme assurément plus vite que si elle était
encadrée. Une photo encadrée exposée au soleil jaunira plus vite que si elle
était rangée dans un album. Et un album entreposé dans un sous-sol humide risque
davantage de moisir que s'il était placé dans un endroit sombre où l'humidité
est moins élevée, par exemple dans le haut d'un garde-robe.
Bref, les photos ont plusieurs ennemis : la lumière, la
poussière, l'humidité, la sécheresse, les manipulations répétées.
L'épreuve versus le négatif
En règle générale, dans l'histoire de la photographie,
l'épreuve photographique (le « positif ») est un tirage fait à partir
d'un négatif. C'est donc le négatif qui constitue l'original. Ce dernier
contient souvent plus d'information que l'épreuve, car il est possible qu'un
recadrage ait été opéré : l'épreuve peut ainsi représenter une partie seulement
de l'image d'origine.
Voici un exemple qui permet d'illustrer la différence. L'épreuve
suivante a été obtenue à partir d'un négatif :
Épreuve photographique du
soldat Alfred DesRochers, 1942. Archives nationales à Sherbrooke, fonds Alfred
DesRochers (P6). Photographe non identifié.
L'épreuve ci-dessus est abîmée :
- Les coins sont endommagés.
- La photo est sale, jaunie et tachée de manière
définitive par endroits.
- De petites parties de l'image ont été arrachées.
Cette photo semble avoir été manipulée souvent.
Voici à présent la numérisation du négatif :
Négatif numérisé en positif
du soldat Alfred DesRochers, 1942. Archives nationales à Sherbrooke, fonds
Alfred DesRochers (P6). Photographe non identifié.
On constate que le négatif est de
meilleure qualité que l'épreuve photographique, et la raison en est bien
simple : la nature même du négatif en fait un support rarement consulté,
et par conséquent moins manipulé. De plus, le négatif est habituellement
conservé dans une pochette en papier ou en plastique, qui le protège des
agressions extérieures.
Ainsi, on remarque que :
- La surface de l'image est plus grande que sur le
positif, surtout du côté gauche, au niveau des fenêtres : un restaurateur
en architecture industrielle préférera consulter cette image plutôt que
l'épreuve.
- L'image est beaucoup plus claire et les
contrastes sont mieux définis : on peut presque sentir la texture de la
laine de l'habit militaire.
- Et surprise! Apparaît soudain une petite figure
dans le coin inférieur droit : il s'agit de la petite Clémence DesRochers!
Cette information est complètement éclipsée sur l'épreuve.
Vous souhaitez mieux gérer vos photographies? Deux ouvrages
publiés par BAnQ peuvent vous aider dans la préservation de vos archives :
À
l'abri de l'oubli - Petit guide de conservation des documents personnels et
familiaux (2008). Les pages 12 et 51-53 donnent quelques trucs pour
bien conserver les photographies analogiques.
À
l'abri de l'oubli - Petit guide de conservation des photographies numériques
(2020). Avec les changements d'appareils intelligents, le risque de perdre des
photos est réel! Il est donc essentiel de bien gérer nos photographies
numériques si on souhaite conserver des traces de nos vies.
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