Au Canada
comme dans de nombreux pays du Commonwealth, on célèbre le jour du Souvenir
afin d'honorer la mémoire des gens qui ont perdu la vie au front en temps de
guerre. Ici, cette commémoration annuelle se tient le 11 novembre, soit à
l'anniversaire de la signature de l'accord d'armistice de 1918, qui a marqué la
fin de la Première Guerre mondiale.
Enterrement militaire, probablement
au cimetière Elmwood de Sherbrooke, où des soldats rendent hommage à un
compagnon d'armes mort durant la Deuxième Guerre mondiale ([194-]). Archives
nationales à Sherbrooke, fonds Jacques Darche (P5, S1, SS3,
D1, P37). Photographe non identifié.
Au départ, on
désigne cette journée commémorative sous l'appellation de « jour de l'Armistice ».
Toutefois, en 1931, le Parlement canadien adopte une résolution pour lui donner
le nom de « jour du Souvenir », qui évoque davantage le souvenir des
soldats tombés au combat que la célébration de la victoire à elle seule. Ainsi,
le Canada observe son premier « jour du Souvenir » le 11 novembre 1931. À la
suite d'autres conflits internationaux, le jour du Souvenir prend une
signification élargie : désormais, il vise également à rendre hommage aux
soldats morts lors de la Deuxième Guerre mondiale, de la guerre de Corée et de
la guerre en Afghanistan, puis à souligner les missions de maintien de la paix
et d'autres engagements militaires internationaux.
Les
monuments commémoratifs
De nombreux villages
et villes du Canada possèdent des monuments commémoratifs honorant le service
et le sacrifice de leurs militaires. La majorité de ces œuvres sont érigées entre
les années 1920 et 1930, soit après la Première Guerre mondiale. Plusieurs
arborent des plaques où sont gravés les noms des soldats locaux morts au front.
Par la suite, les noms des combattants morts pendant les guerres subséquentes
sont ajoutés.
Monument
aux Braves-de-Sherbrooke ([7 novembre 1926]). Archives nationales à
Sherbrooke, collection Freeman Clowery (P14, S71, P140). Photographe non identifié.
Œuvre du
sculpteur George William Hill, le monument aux Braves-de-Sherbrooke est érigé
dans la côte de la rue King Ouest à Sherbrooke. Lors de son dévoilement, le 7
novembre 1926, on décore le cénotaphe de drapeaux britanniques et français afin
de rendre hommage à ces nations alliées, défendues notamment par des soldats sherbrookois.
Environ 15 000 personnes assistent à la cérémonie.
Le monument,
composé d'un ange et de soldats de bronze coulés en Belgique ainsi que d'un
socle fait de granite de Stanstead, est encore aujourd'hui un emblème de
Sherbrooke. Sa présence n'a pas pour objectif de glorifier la guerre, mais
plutôt de s'assurer qu'on n'oublie jamais les vies sherbrookoises sacrifiées à
l'étranger.
Jour du Souvenir au monument des Braves de Danville ([193-?]).
Archives nationales à Sherbrooke, fonds Émilien Lafrance (P22, S1, SS1, D3). Photographe non identifié.
Le besoin d'ériger des
monuments à la mémoire des victimes de la guerre se fait fortement sentir
lorsque la décision est prise de ne pas rapatrier les corps des soldats
canadiens morts à l'étranger. Tandis que de grandes villes comme Montréal,
Toronto et même Sherbrooke font installer des cénotaphes, plusieurs petites
agglomérations optent pour des fontaines commémoratives, des arcs ou encore des
inscriptions gravées dans le granite. Par exemple, en 1920, les municipalités
de Danville et de Shipton font construire un monument en granite dédié aux 40
soldats de la région décédés lors de la Première Guerre mondiale. Des plaques
de bronze y sont ajoutées après la Deuxième Guerre mondiale et la guerre de
Corée, en souvenir des combattants tombés au cours de ces conflits.
L'effort de guerre des Cantons-de-l'Est
Au Québec, la Première Guerre mondiale est
particulièrement associée à la crise de la conscription. De manière générale,
peu de Canadiens français s'enrôlent volontairement pour servir au front.
Néanmoins, dès les premiers mois de la Grande Guerre, plusieurs jeunes hommes des
Cantons-de-l'Est, provenant de communautés autant anglophones que francophones,
se portent volontaires pour aller combattre aux côtés des Alliés. La situation
se répète lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate. La région des
Cantons-de-l'Est fournit un nombre important de soldats qui partent combattre
outre-mer.
Durant la
Deuxième Guerre mondiale, Claude-Gilles Gosselin fait son service militaire
dans le corps d'aviation de l'armée canadienne, comme en fait foi l'insigne sur
l'épaule de son uniforme ([été
1942]). De 1966 à 1970, il sera ministre provincial des Terres et Forêts. Archives nationales à Sherbrooke,
fonds Claude-Gilles Gosselin (P64, S1, D1). Photographe non identifié.
Pendant la Première Guerre mondiale, quatre
unités militaires sont formées à partir des effectifs des
Cantons-de-l'Est : le 5th Regiment Canadian Mounted Rifles, le 117th
Infantry Battalion, le 178e Bataillon d'infanterie, puis la 35th
Battery, CFA. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les soldats des
Cantons-de-l'Est émettent le souhait d'être mobilisés sous un régiment qui leur
est propre; ce sera chose faite en mai 1940. Ils feront honneur à la région au
sein du Sherbrooke Fusiliers Regiment.
Paul
Boucher part au front (1942). Archives nationales à Sherbrooke, fonds Jacques
Darche (P5, S1, SS3, D1, P112). Photographe non identifié.
Étant donné
l'horreur et le grand nombre des victimes de la Première Guerre mondiale et des
conflits militaires internationaux subséquents, la célébration de la victoire
est difficile, voire amère. La commémoration solennelle que constitue le jour
du Souvenir est donc un moyen de reconnaître la valeur du sacrifice fait par des
milliers de jeunes Canadiens, et d'apporter une forme de guérison aux familles
endeuillées. De plus, les monuments où sont gravés les noms de soldats morts au
front perpétuent la mémoire de ces braves combattants.
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Sources
L'ITALIEN,
Michel, Les fusiliers de Sherbrooke, 1910-2010 : l'épopée d'une
institution des Cantons-de-l'Est, Sherbrooke, GGC éditions, 2010, 819 p.
HUCKER,
Jacqueline, « Les monuments des deux grandes guerres », L'Encyclopédie
canadienne, www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/les-monuments-des-deux-grandes-guerres (consulté le
22 septembre 2022).
MARSH, James
H., « Jour du Souvenir au Canada », L'Encyclopédie canadienne, www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/jour-du-souvenir (consulté le 22 septembre 2022).