Hier, sans coup férir, j'ai pu dépanner quelqu'un en le référant tout simplement à un de mes articles de 2010, une histoire de conversion de fichiers MacWrite (plus ou moins 1987) vers Microsoft Word (Office 2010).
Reconnaissante, la personne m'a offert quelques pots de ketchup vert, une offre que j'ai déclinée puisque ma cave est encore pleine de bocaux Masson, de quoi nourrir les employés de Foxconn pendant une semaine. Je lui ai plutôt demandé d'aller rendre service à quelqu'un afin que l'invisible chaîne d'entraide puisse continuer.
Et là, j'ai pensé à toute cette information stockée chez moi sur les disquettes 5 ¼, 3 ½, des disques durs, des CD, des DVD, des DAT, des rubans de magnétophone, des cassettes audio, VHS, S-VHS et même Beta, des cartouches mini DV et Hi-8. Ouf ! Puis j'ai lu un court texte sur la corruption des données, incluant celles dans le Big Cloud.
En fait, quelle serait la meilleure solution dans mon cas sachant qu'ici, je dispose de toutes les technologies pour copier n'importe quoi vers n'importe quoi (sauf la Sony Beta - le magnétoscope a ... trépassé, ce qui est un des risques liés à cet univers de normes antagoniques où une maman chat y perdrait ses bébés) ?
Alors, en fouillant la Toile, je suis tombé sur le site The X Lab, un endroit apparemment sérieux et bien fréquenté où on y a publié un texte intéressant sur la longévité des médias optiques. On y apprend (en anglais):
- qu'il est impossible de vraiment déterminer l'espérance de vie des différents médias optiques;
- qu'il n'existe pas et n'existera probablement jamais de supports optiques offrant une qualité d'archive optimale;
- qu'il n'y a pas de problèmes endémiques connus dans l'univers des médias optiques; leur défectuosité résulte des mauvais soins qu'ils subissent;
- qu'à l'inverse, leur accorder tout le soin requis accroît leur durée.
Puis, j'ai parcouru un petit mémoire présenté à la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, intitulé « Synthèse des normes applicables à la conservation et à la manipulation des documents sur support informatique » où on a parlé de la norme ANSI/NAPM IT9.23-1998 (American National Standards Institute) : température, variation, humidité relative, etc.
C'est ce texte qui m'a rappelé pourquoi la plupart de mes disquettes de 3 1/4 datant parfois de 1984 étaient encore en bonne santé (pour tester les 5 ¼, il me faudrait boulonner un vieux lecteur à clenche frontale dans mon vieux PC). Reste qu'un certain nombre ne le sont plus.
J'ai aussi la plupart de mes cassettes audio ½ pouce des années 70 qui semblent encore en grande forme. Mais près des deux tiers de mes bobines à ruban magnétique (magnétophone) sont aujourd'hui bonnes à jeter pour cause d'entreposage idiot (je m'en veux). La pire situation est celle qui prévaut dans les cassettes vidéo. En gros, une sur deux est inécoutable : encore ici, il faut blâmer l'entreposage. Côté optique, j'ai quelques CD-R et, surtout, quelques DVD-R, qui ne sont plus utilisables : égratignures, vitesse de gravure trop rapide, beurre de pinotte ?
En ce qui a trait aux disques durs, j'en ai une dizaine en ordre de marche qui ne servent plus vraiment, des misères de quelques gigs, voire moins. J'ai beau avoir un système de tiroirs sur mon vieux PC, j'ai beau croire en la grande vertu de stockage des DD, je les crains. J'en ai tellement vu sauter et, dans certains cas, refuser l'accès à mes logiciels « médicolégaux », que je ne m'en sers plus. Par contre, j'ai un ami cinéaste qui en dédie un, le plus gros qu'il peut trouver, pour chaque film qu'il fait: trente films, trente disques. Et si un de ces supports flanche ? « Va ben falloir que je pense à faire des back-ups », m'a-t-il répondu.
Cela étant dit, que faire ?
1- D'abord séparer le bon grain de l'ivraie. Tout ce qui mérite d'être conservé doit être identifié, quel qu'en soit le support, et traité. Le reste, poufff, à la récup.
2- Ensuite, tout transférer ce que doit sur un support numérique, p. ex. sur DVD en évitant les grandes vitesses d'enregistrement. Moins c'est vite, mieux c'est gravé.
3- En faire deux jeux de copies, l'un conservé dans un endroit pas trop chauffé ou humide (p. ex. ma cave), l'autre chez le beau-frère, voire sur un coin de Nuage apparemment bien tenu.
4- Après, aux quatre ou cinq ans, tout repiquer sur un support numérique flambant neuf.
J'ai quasiment hâte de me casser une jambe !