Inspirée par le documentaire « Pas facile d'être mère » de Sophie Lambert, diffusé en décembre 2016 sur les ondes de Canal Vie, Naissance Renaissance Estrie a organisé une causerie sur le thème de la maternité. Ce rendez-vous a été l'occasion d'échanger sur les préoccupations des mamans. Celles-ci ont partagé leur réalité. Pas trop de vernis, juste du vrai. Et du vrai pas toujours facile à exprimer.
Un idéal pour toujours réaliste
En effet, à travers l'idéalisation de la maternité, parfois glorifiée à outrance par les réseaux sociaux très léchés en termes d'images, il n'est pas évident de trouver un lieu pour exprimer une réalité plus complexe. Sans surprise, voici quelques exemples de sujets délicats abordés lors de la discussion : le partage des tâches, les rôles de chacun des parents durant le congé de maternité, pour lesquels la compréhension et l'équilibre ne sont pas toujours au rendez-vous dans le couple, ou encore les sacrifices personnels consentis au niveau professionnel. On touche au concret là, loin de l'image de la maman sereine, parfaitement coiffée, dans sa maison parfaitement rangée digne des magazines de décoration.
Trop d'information, je ne sais plus où donner de la tête
Pour d'autres, ce qui est le plus difficile, ce sont les commentaires de tout un chacun sur leur façon de faire, sur leur choix parental. Des commentaires qui remettent en question leur confiance en elles à un moment où, elles sont en train de se bâtir comme nouveau parent et où elles sont fragilisées par la fatigue et l'adaptation à un nouveau mode de vie. Cherchant des sources d'informations neutres, elles se trouvent vites confrontées à l'éventail de possibilités à travers lesquelles il n'est pas plus simple de choisir. Il semble donc qu'une certaine pression anxiogène accable les parents qui veulent, il va s'en dire, le mieux pour leurs enfants. Alors que souvent, le besoin réside tout simplement dans le soutien du conjoint ou de l'entourage.
Entre comparaison et culpabilité
Le sentiment d'être inadéquate, souvent suite à des comparaisons sollicitées sur les réseaux sociaux, est bien présent. On voudrait être la « bonne mère ». Mais laquelle? Et comment? Réaliste cette image de la « bonne mère »? On peut se questionner. Et c'est ce que remettait en question les mères présentes à la causerie... surtout quand celui qui nous confronte à nos limites se trouve à être notre propre bébé! Reflux, intolérance, bébé irritable ou aux besoins intenses, toutes n'ont pas la chance d'avoir cet être recherché que l'on dit dormir comme un bébé! S'il est vrai que subvenir aux besoins d'un autre être vivant est exigeant, lorsqu'il y a des complications, cela devient parfois un parcours de combattantes!
Et que dire de cette perte de contrôle soudaine sur les changements corporels, sur la gestion de notre quotidien. Avec bébé s'impose l'apprentissage du lâcher prise.
Heureuse parentalité
Heureusement, certaines mamans semblent épargnées, confiantes et, sans nier les défis reliés à la maternité, elles se sont également exprimées sur le besoin d'entendre aussi des discours positifs sur la parentalité, les bonheurs et les gratifications du rôle de parent. Sans doute une question d'équilibre!
Se retrouver entre mères, dans des lieux adaptés à leurs besoins, de pouvoir discuter librement, de briser le sentiment de solitude ou simplement de répondre au besoin de relations avec d'autres adultes ont également été mentionnés comme salvateurs. Cela aide à trouver la force d'adaptation et de souplesse nécessaire pour traverser cette houleuse période. De même, être perçus, accueillis et respectés comme les premiers responsables de son enfant ou se faire rappeler que « les données ne sont pas les observations réelles », comme le disait si bien France Paradis dans le documentaire, fait généralement du bien. Ce à quoi nous sommes évidemment heureux de contribuer à Naissance Renaissance Estrie!
Catherine Sévigny, animatrice postnatale
Centre de ressources périnatales Naissance Renaissance Estrie
Photo dans le texte: Adèle Photographie