Le candidat
péquiste Michel Breton se retire de la politique active et choisit d'orienter sa
nouvelle carrière professionnelle dans le secteur des communications
électroniques et écrites.
C'est ce qu'il a
affirmé par voie de communiqué mercredi.
Les résultats de
l'élection 2014 dans Orford ne sont pas une surprise pour plusieurs d'entre
nous : le changement de la carte électorale effectué en 2012 va continuer
à avoir un impact sur l'économie locale pour au moins une décennie. Ce constat
provient de mon passage à la présidence de la Table de développement social
Memphrémagog qui a identifié cette problématique au début de la décennie :
grâce aux excellentes données statistiques et démographiques compilées par
l'Observatoire estrien du développement des communautés (OEDC), il est ressorti
que l'enjeu primordial et le défi économique dans la MRC, c'était le renouvellement des générations.
« Il est
difficile pour un politicien comme moi de traiter de démographie et de
distorsion démocratique sans éveiller chez certains une perception de mauvaise
réaction teintée de reproches et d'amertume; mais la réalité démographique de
la MRC Memphrémagog demeure et doit demeurer une préoccupation de nos décideurs
et élus politiques », explique Michel Breton.
Comme les
« bons docteurs » sont à la mode, je vais tenter d'effectuer une
autopsie de la dernière campagne dans Orford sous l'angle du profil de
l'électorat. L'effet indéniable du POUVOIR GRIS s'est exprimé à nouveau en 2014
comme il s'était manifesté à l'élection du 4 septembre 2012. Allons-y pour les
chiffres.
D'une élection à
l'autre, la MRC a accueilli 752 nouveaux électeurs, une croissance d'environ
500 personnes annuellement qui assure tout de même un certain optimisme sur le
plan démographique : nous ne connaissons pas le déclin que vivent
certaines régions du Québec. Cela fait partie de nos attributs naturels
reconnus pour la qualité de vie dans nos communautés.
Cependant, la
moyenne d'âge de l'électorat dans Orford est de 53,1 ans, soit trois ans de
plus que la moyenne du Québec. Environ 50% d'entre eux (plus exactement 20,330)
ont atteint l'âge de la pré-retraite ou de la retraite et sont davantage
préoccupés par les besoins en santé que la création d'emplois. En soi, il n'y a
rien d'anormal là; on a tous des besoins plus prioritaires les uns que les autres
et notre bien-être nous guide dans nos choix de société.
Sur le plan de
la collectivité par contre cela peut créer de la distorsion dans les priorités
économiques d'une communauté ou d'une région; d'un point de vue sociologique,
on appelle cela, la menace d'une dévitalisation. « C'est ce que nous
vivons malheureusement à l'échelle de la MRC depuis une décennie », ajoute
Michel Breton. La dévitalisation, c'est comme le cancer : c'est sournois
et les maux qui en découlent sont coûteux pour l'ensemble de la société (pertes
d'emploi, tension dans le milieu familial, accentuation des divorces, accroissement
de la criminalité, augmentation de la misère humaine, pression sur les banques
alimentaires et les services de soutien à la solidarité).
Dans le segment des
familles (25-45 ans), la réalité quotidienne et les priorités sont tout autres.
Dans Orford, on dénombre en 2014 seulement 25% de l'électorat (soit 9,950) pour
mettre de l'avant leurs priorités collectives (diminution de la charge fiscale,
amélioration du soutien à l'emploi, services de garderie, qualité de
l'éducation publique, soutien de transition à l'emploi, offre de transport
collectif, diminution du prix de l'essence). Le poids démographique des 25-45
ans est si faible que leur impact électoral passe sous le radar : ils ne
votent pas ou votent peu parce qu'ils ne sont pas entendus par les politiciens.
Ils se découragent, se démobilisent et se sentent isolés collectivement.
Pour compléter
l'analyse démographique, on retrouve le segment des désillusionnés : les
jeunes (18-24 ans) et les moins jeunes (45-54 ans) qui complètent le dernier
25% de l'électorat. Ils ont perdu confiance dans les institutions et sont
désillusionnés. Leur participation électorale et à la démocratie est
directement proportionnelle aux enjeux qui les touchent de très près :
souvent, leur vote pour un parti politique évolue d'une élection à l'autre
selon la perception qu'ils ont de la réponse à leurs intérêts du moment.
Retour sur
les élections 2014
Sur le plan de
l'analyse des résultats, la conclusion est facile à tirer; dès le vote par
anticipation, les dés étaient jetés. Ce qu'il faut savoir, c'est que 80% des
votes en CHSLD ou au domicile de l'électeur, 65% des votes en résidence de personnes âgées et 52% des votes dans les
bureaux de votes par anticipation ont été crédités aux libéraux de Pierre Reid.
Sur les 13 068 obtenus au final, déjà 4,561 voix (35%) provenaient des
différentes possibilités de voter par anticipation qui représentaient 21,7% des
électeurs inscrits. Seul un taux de participation élevé de l'électorat
permettait d'espérer renverser la situation; malheureusement, ce ne fut pas le
cas à l'échelle du Québec mais pour Orford on a obtenu tout de même un taux
décent de 72,8% comparativement à 78,1% en 2012. Il aurait fallu additionner
ensemble les résultats de la CAQ et du PQ pour espérer surpasser les Libéraux. Le
rattrapage était devenu impossible car selon les sondeurs, près de 65% des
électeurs du PLQ ont 55 ans et plus.
Le vote à Magog en
2014 est comparable au reste des communautés environnantes; en soi, c'est une
bonne nouvelle qui reflète les efforts que nous avons mis pour sensibiliser les
magogois à l'importance de participer à leur démocratie. Cela peut s'expliquer
par le fait que le vote par anticipation a été plus faible dans les communautés
environnantes probablement à cause de la tempête de neige du dimanche 30 mars
et que les sondages donnaient les libéraux victorieux comparativement à la fin
de la campagne 2012; dans les faits, l'affluence du lundi 31 mars s'est
traduite à un niveau moindre, 2e jour du vote par anticipation.
Compte tenu de
ces résultats électoraux récurrents sur le plan local et du contexte
démographique que je vous ai décri au niveau de la MRC suite à la redéfinition
de la carte électorale, j'ai décidé de me retirer de la politique active.
« Le cœur n'y est plus même si les convictions sont encore profondes sur
la nécessité de procéder à une réforme de notre fiscalité, à une amélioration
du mode de scrutin et à des réformes de notre système parlementaire »,
admet Michel Breton.
« J'aurais
aimé mettre mon expertise et mon expérience du développement des affaires au
service de ma communauté mais le message n'a pas passé », ajoute Michel
Breton. Trop peu de gens sont intéressés à la relance de l'économie locale et à
la création d'emplois. « J'ai le sentiment profond qu'il y a urgence mais
la campagne de peur orchestrée par les libéraux et Pierre Reid a fait ses
ravages. La population et le pouvoir gris de la MRC en ont décidé
autrement », conclut Michel Breton.
Source : Patricia Tremblay, attachée
de presse