Je me suis toujours demandé si on devenait femme après avoir eu des enfants. Aujourd'hui maman, je peux dire que, d'une certaine façon, oui. C'est comme si la maternité avait fait de moi une Véronique « version améliorée ». Même si je suis restée la même, je sens qu'intérieurement, une transformation s'est opérée. Je me sens plus solide, plus « groundée », plus assumée.
Aujourd'hui je me fou de l'opinion des autres, qui auparavant, m'importait beaucoup. Je voulais que tout soit parfait. JE voulais être parfaite. Au lieu de vivre dans le « être », je vivais dans le « paraître ». Et je le faisais en toute innocence! Longtemps, plusieurs livres de croissance personnelle ont traîné sur ma table de chevet jusqu'à ce que des moutons de poussière se mettent à bêler. Malgré mes nombreuses lectures qui oui, m'ont appris beaucoup, le changement s'est fait de l'intérieur. De façon toute naturelle, sans que ce soit calculé, sans que je m'y attende.
Les deux chenilles qui ont grandi au chaud dans ma bedaine, mes filles Mignonne et Charmante, se sont métamorphosées en papillon et par le fait même, m'ont métamorphosé aussi. Leurs naissances ont déployé mes ailes. M'ont déchargé d'un certain fardeau inutile que je traînais depuis belle lurette. En voulant plaire à tous, en achetant souvent la paix pour éviter la guerre, avec les années, on finit par s'oublier. Oublier l'essentiel. C'est Antoine de Saint-Exupéry qui a dit : « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux ». Cette phrase-là veut tout dire.
L'arrivée de mes deux amours a aussi amélioré ma relation avec ma mère. Nos rapports dans le passé étaient plutôt conflictuels. C'est comme si, elle et moi, étions toujours en opposition. Je disais droite, elle disait gauche. Je disais noir, elle disait blanc. Aaarrrgh... On se crêpait le chignon pour des niaiseries. Puis quand on était ben ben ben frustrées, on se « babounait » pendant plusieurs jours, des fois la « baboune » était plus grosse et ça pouvait durer des semaines!!! Faut dire que, souvent, je n'aidais pas la situation, car j'ai une saprée tête de cochon... Elle aussi d'ailleurs!
On a beaucoup appris, toutes les deux, depuis le passage de la cigogne. On a fini par s'entendre, par se respecter, par s'aimer simplement. Aujourd'hui, mes propres expériences me permettent de comprendre les réactions, la non-action, les gestes que ma mère a pu poser à l'époque, quand j'étais encore enfant.
À mon tour, je vais en faire des erreurs, c'est inévitable. À leurs tours, mes filles vont probablement me reprocher des choses, ça aussi c'est inévitable. L'important sera de se parler, pour se comprendre.
En terminant, je constate que, même si mes filles ont laissé quelques traces de leurs passages sur mon corps, ce n'est rien comparer à ce qu'elles ont laissé dans mon cœur!