Il y a deux ans et demi, on m'a diagnostiqué un trouble qui évolue lentement mais sûrement. Je suis atteinte de « maman chronique aiguë ».
Ça m'est tombé dessus, comme ça, sans raison. Euh... pas vraiment. Il y a une raison. J'ai rencontré l'homme de ma vie, Barbu. Avec lui, j'ai senti que je quittais finalement les chemins de gravelle pour une route asphaltée. Une route parfaite pour un long tour de machine!
Au début, nous nous sommes apprivoisés avec une certaine retenue. Mais ça pas été long que la gêne a pris le bord. Du jour au lendemain, sans crier gare, je me suis mise à péter devant lui, à prendre une plus grosse assiette que lui au souper et à faire pipi la porte ouverte. Malgré mes nombreuses qualités, il m'aimait encore! Tellement, qu'il m'a choisie pour être la mère de ses enfants. Et je le suis devenue. Deux fois.
C'est à partir de là, à l'arrivée de Mignonne, ma première, que le trouble s'est déclaré. Médecin : « Félicitations! Je vous annonce que vous êtes officiellement maman! » Ce que le médecin a laissé sous-entendre, c'est « Trop tard! Tu peux plus changer d'idée. C'était à toi d'y penser avant. » Et son sous-entendu était encore plus marquant à la naissance de Charmante, ma deuxième.
Et me voici transformée à jamais en maman chronique aiguë! Doublement! De façon insidieuse, comme une plante grimpante, la graine fut semée et s'est mise à germer, lentement mais sûrement. C'est sans issue. Je suis en demande 24/7. Même quand je dors, on me réclame! « Maman j'ai perdu ma suce », « Maman, je veux de l'eau », « Maman, j'ai faim », « Maman raconte-moi une quatrième histoire », « Maman, viens essuyer mes fesses, j'ai fait un gros caca »... J'ai l'impression d'avoir signé un contrat sans prendre le temps de lire les petits caractères. De m'être enrôlée au sein d'un régiment extrémiste. D'avoir « punché in » à l'entrée... quelqu'un a vu la sortie?
Finito les moments d'intimité avec moi-même. Finito parler au téléphone sans me faire interrompre à chaque deux mots. Finito prendre sa douche la porte fermée et le rideau tiré. Finito les « ah je vais me préparer demain ». Nooooon! Pour y arriver, je dois tout faire en étape! Les cheveux : laver-sécher-brosser-mise en plis, la veille. Tant qu'à y être, j'me maquille, ça devrait me sauver du temps. Aah pis tant qu'à faire, je m'habille. Anyway, va falloir que je le fasse demain, aussi bien en profiter. Ouin, pas mal! Il me reste juste à espérer que ça tienne le coup. J'prends pas de chance, je vais dormir assise sur le fauteuil. Ouf, c'est pas trop confortable, mais vu mon état de fatigue avancée je dormirais même sur un tapis de clous!
Bon, je suis prête MOI!
Bonne nuit tout le monde. xxx