Je suis une maman à la maison. C'est mon métier actuellement, être une maman pieuvre. C'est notre choix, selon nos valeurs et parce qu'on a la chance de pouvoir le faire.
Notre fils n'ira pas à la garderie à temps plein avant ses 2 ans. Parfois, des gens me demandent : «Oui mais tu fais quoi toute la journée à la maison?», avec un regard douteux qui laisse sous-entendre qu'une maman à la maison, ça se pogne un peu le beigne. (soupir!)... Je ne peux pas vous décrire tooouuutes les tâches que j'accomplis dans une journée parce que ma chronique se transformerait en roman.
Mais vous pouvez ajouter au texte, plein de Ding! Ding! (bruit de la sonnette comme dans une station à essence), sauf que dans mon scénario, c'est un changement de couche. N'oubliez surtout pas d'imaginer des dizaines d'interventions du genre : «Non, ça on touche pas. Regarde, ça tu peux!» Le terme exact c'est éduquer. Et notez bien ceci : être maman à la maison, c'est être occupé à chaque seconde, mais c'est surtout du gros bonheur et un privilège de voir grandir bébé sous mes yeux.
En gros, mes journées ressemblent à ceci : au levé, évidemment, on débarbouille, change et habille garçon. Une fois en bas, bébé fait du troc entre ses cris de famine et son petit-déjeuner, des fruits pis des rôties. Je l'amuse encore un peu dans sa chaise haute, le temps de passer la vadrouille. Chien et chat obligent. Je tente de manger moi aussi, entre les repas de minou et pitou, qui me harcèlent tour à tour.
Bébé veut la télé, je tente de détourner son attention vers un jeu lumineux et musical. Avec lui, vider le lave-vaisselle est un exploit, il pense que c'est une machine à voyager dans le temps, et après dix «non bébé!», je réussis à le remplir, une jambe comme barrière et un bras en l'air, comme une brigadière.
Ma dernière bouchée de pain n'est pas encore tout-à-fait descendue que je me lance dans une recette de potage pour le midi. Après 2 carottes coupées, je m'arrête pour jouer aux boites qui s'empilent, qui s'emboitent, pis qui s'empilent encore (question d'oublier mes mille et une tâches qui s'empilent aussi!). Soupe qui bouille n'amasse pas sa vaisselle, alors je passe à GO et j'en fais disparaitre un peu.
Ding! Ding! Et pause biberon par la suite. Un autre petit jeu amusant avec fiston, avec un petit chien dans les talons, qui veut toujours jouer à la balle, mais qui ne la rapporte jamais! Il est maintenant presque 11h. Allons jouer dehors, bébé adore. Quelques feuilles par-ci, une roche par-là. Le bonheur est ben simple à cet âge-là. On s'inspire de Dora et on explore la vie. Au y'able les dépenses en ce matin pluvieux, fiston aime sauter dans les flaques d'eau.
En rentrant, on nettoie la progéniture, le chien beige et le chat blanc, pu blanc pantoute. Presque midi, le plancher est déjà catastrophé de jouets et de traces de pattes de mes amis poilus. Je range un peu, question de pouvoir garder toutes mes dents encore quelques années. Il faut savoir que bébé est un futur lanceur au baseball (comme son père l'a été), et souvent les jouets terminent leur destinée en volant à quelques pieds de leur emplacement d'origine.
C'est le diner. Le potage s'envole comme par magie, mais bébé lève le nez sur la texture de la viande... Transforme le tout en bouette dans le Magic Bullet, sans succès auprès de l'enfant qui finit par déguster une "toast" au coco fouetté. J'ai bon espoir qu'à 16 ans, il mangera son maudit McDo en 30 secondes. (Bien noter ici que c'est une blague et non un souhait!).
Biscuit à la banane et un petit 15 minutes de Pat ‘Patrouille, le temps que je re-re-ramasse la cuisine. C'est maintenant l'heure de la sieste qui sonne! Tous les signes sont là! Et quand ça passe, il ne faut pas perdre une minute parce qu'on pourrait l'échapper! Un biberon, une chanson et non! Les yeux sont encore grands ouverts et la girouette se met à se faire aller les plumes.
Solution : mon lit. Collé dans le cou de maman, ça marche tout le temps. Mais cette fois, les petits pieds dansent la Bamba contre le mur, et dix bonnes minutes s'écoulent avant que fiston s'enfonce dans un sommeil profond. Je le transporte dans son lit, en me croisant les doigts. Prière entendue, je me lance dans un sprint de pliage de linge et je commence tranquillement le souper.
À mon tour de fermer un peu les yeux, questions de me remplir le gallon d'énergie jusqu'à 21h au moins! Après le dodo, collation et c'est le deuxième appel de la nature, on retourne gambader autour de la maison.
L'heure du souper est déjà arrivée! Ta-ta-ta-tam! Il faut divertir l'enfant pendant la cuisson du repas et c'est reparti pour un troisième round! Après la bouffe, on joue en famille! La musique des années 80 fait danser maman et son fiston! Puis, les garçons se chamaillent, et se défoulent! De voir bébé rire aux éclats quand son papa fait semblant de vouloir l'attraper, ça n'a pas de prix. Maman en profite pour passer la gratte et ranger.
Ensuite, on plonge notre barbotte dans l'eau! Bébé aime prendre son bain, mais déteste se faire laver et s'habiller. On négocie en chantant et en le chatouillant. Ensuite, derniers jeux dans sa chambre, pour supposément le relaxer, mais parfois on se croirait dans un film psychédélique quand bébé active deux jouets musicaux qui n'ont clairement pas le même «beat». Un peu de lecture, musique douce et on berce bébé qui généralement s'endort en buvant son lait. Il est autour de 21h. Pour le moment, notre enfant se lève tard, mais il se couche tard!
Enfin notre moment de couple! C'est-à-dire une mini jasette entre 2 tâches quotidiennes le fun, du style litière, poubelle, compost, recyclage. Et juste avant de me coucher, je me rappelle que je dois plonger dans le savon, un pantalon beige «splashé» de framboises. Je sors le chien pour une dernière fois. Le dit chien qui revient avec 50 pics-pics dans la barbiche! (...) Je vous épargne les expressions qui me sont spontanément venues en ouvrant la porte.
22h50, mon lit m'appelle et je me dépose comme une marathonienne en pensant au lendemain, jour de la marmotte, et je ferme les yeux en souriant, en parlant à ma grand-mère : «Bonne nuit grand-mamou! Dire que tu en avais douze...».