En ville comme à la campagne, les vieilles fondations en moellons traversent brillamment l'épreuve du temps. Avec un minimum d'entretien et de précautions, elles n'auront jamais à être remplacées.
Ces fondations sont composées de pierres (qu'on appelle aussi moellons) empilées l'une sur l'autre. Les interstices sont remplis d'un mortier à base de chaux et de sable. Elles sont souvent moins profondes que les fondations de béton, mais dans la plupart des cas, elles s'avèrent tout aussi stables.
C'est vers 1900 que débute l'usage de béton coulé pour les fondations résidentielles au Québec. Cependant, l'utilisation de moellons et mortier s'est poursuivie jusqu'au début des années 1920.
Sur une maison centenaire, on doit se réjouir de la présence d'une fondation en pierres et mortier. Dans les années où l'usage du béton s'est généralisé (1920 à 1940), le résultat n'est pas toujours heureux : le béton s'effrite, il contient toutes sortes d'objets (bois, clous, pierres de différentes tailles) et tôt ou tard, il est à remplacer, ce qui est très coûteux.
Carrières locales
Les fondations de pierre font généralement de 30 à 40 cm d'épaisseur. Les pierres qui les composent sont souvent des brisures provenant de carrières locales. Les pierres pouvant se tailler aisément servaient aux ouvrages de façades; les restants servaient à composer des murs de fondation.
Malgré l'usage de pierres de toutes sortes de dimensions, le résultat est plutôt stable. Les joints de mortier n'ont pas de rôle porteur. La descente de charge se transmet d'un moellon à l'autre, puisqu'ils reposent directement l'un sur l'autre. Le mortier ne sert qu'à combler les vides et donner une certaine étanchéité.
Ce mortier de chaux sert aussi à retenir en place de plus petites pierres qui comblent des espaces entre les plus grandes. Avec les apports réguliers d'humidité, le mortier finit par se désagréger. On demande alors à un maçon de refaire ses joints qui sont accessibles et de replacer les pierres qui se seraient délogées.
Les fondations de moellons ne résistent pas mieux que celles en béton aux mouvements de sol. D'importantes fissures pourraient apparaître, par exemple, lorsque l'argile perd son contenu en eau lors d'étés secs. Dans les deux cas, les fondations peuvent être pieutées.
Humidité au sous-sol
Ces vieilles fondations ne sont pas du tout imperméables. Après de fortes pluies, les pierres sont carrément mouillées sur leur face visible de l'intérieur. Le sous-sol devrait être ventilé, au moins pendant la période estivale. Cette perméabilité impose plusieurs précautions. Les fondations de moellons qui sont régulièrement humides ne devraient jamais être recouvertes d'un matériau isolant à l'intérieur. Elles doivent « respirer » plutôt qu'emprisonner l'humidité.
Plusieurs experts affirment que l'isolant appliqué sur la face intérieure des murs en pierre aurait aussi pour effet de stopper les fuites de chaleur qui empêchent l'eau contenue dans la fondation de geler et de provoquer l'éclatement de la pierre et du mortier. De tels dommages sont rarement observés. Cela se produit quand la pierre utilisée est « gélive » : poreuse et sensible au gel.
Habiter le sous-sol
Les fondations de moellons se poursuivent souvent à aussi peu que 60 à 75 cm sous le niveau du sol. À l'époque, il n'était jamais question de faire du sous-sol une aire habitable.
Si vous avez l'ambition de finir le sous-sol, vous devrez excaver et ajouter des murets en béton devant la partie inférieure de l'ancien mur de fondation, ce qui réduit la superficie utilisable. S'il y a surabondance d'humidité, la vieille fondation devra être recouverte d'une membrane de l'extérieur.
Tous ces travaux sont très coûteux. Mal exécutés, ils pourraient provoquer des problèmes d'humidité ou de stabilité structurelle.
Photos dans le texte: Inspecteur D
1. Le mortier exposé est souvent friable. Un maçon pourra refaire les joints.
2. Après une pluie, les moellons sont mouillés. L'efflorescence (sels blancs) témoigne de cette humidité qui traverse le mur de fondation.