Choisir
de vivre dans une maison intergénérationnelle (bi-génération) avec vos proches implique
une réflexion approfondie et une communication claire au sujet des règles de
vie, de l'intimité de chacun et des conséquences légales et financières de tous
les scénarios envisageables...
Toutes
les maisons intergénérationnelles, ces foyers où cohabitent parents et enfants,
ne découlent pas du vieillissement de la population ni du départ tardif des
jeunes adultes du nid familial. En effet, même s'il semble être choisi par un
nombre croissant de familles, ce type de cohabitation ne date pas d'hier. Quoi
qu'il en soit, cette option implique évidemment des contacts très fréquents, pour
ne pas dire quotidiens, et exige par conséquent beaucoup d'harmonie, de respect
et de tolérance, sinon d'amour, pour que chacun puisse y être à son aise.
Au
départ, justement, c'est souvent une affaire de sentiment, comme dans le cas de
Suzanne, Bianca et Richard. Suzanne s'attristait du départ en région de sa
fille Bianca avec sa petite famille. Bianca lui a alors proposé la solution du
toit commun. À partir de là, tous les aspects de leur future vie commune ont
été passés en revue : les besoins d'intimité et d'autonomie de chacun, les
questions de propriété, les détails de construction, le partage des lieux, les
dispositions à prendre si la mère tombait malade et avait soudain besoin de
retirer ses fonds, et aussi « l'après ». Au-delà des sentiments, ceux qui
s'engagent dans un projet de ce genre ne doivent pas faire l'erreur de négliger
l'aspect contractuel. Comme dans le cas de n'importe quelle union ou
association, il vaut mieux tout prévoir plutôt que d'attendre que le sort vienne
bouleverser vos plans.
Conseils
et créativité
Durant
la mise sur pied d'une maison intergénérationnelle, on doit prendre en
considération de nombreux éléments, dont les réglementations municipales, le
terrain choisi et les demandes des occupants, puisque les besoins de chaque ménage
ou famille sont évidemment différents. La municipalité ne permet la présence
que d'une seule porte d'entrée extérieure? On peut créer un vestibule ou
transformer un garage en une pièce comportant deux portes intérieures donnant
accès à chaque espace. Veut-on des zones habitables complètement séparées ou partiellement
communes? Des systèmes de chauffage, de climatisation et d'alarme partagés ou
individuels? Des entrées électriques, des escaliers, des balcons communs? Bien
entendu, on veut s'assurer d'avoir des unités parfaitement insonorisées ou au
moins planifiées de façon à limiter les nuisances sonores. Les possibilités
sont multiples et les mandats doivent donc être réalisés avec beaucoup de
créativité. L'une des principales erreurs à éviter, c'est de construire trop
grand ou de faire des ajouts démesurés. À cet égard aussi, il faut prévoir
l'après-cohabitation. Que fera-t-on de la résidence dans 10 ou 15 ans?
Des
réglementations multiples
Plusieurs
municipalités du Québec ont adopté des règlements encadrant ce type de
construction, des règlements très variés : certaines limitent la superficie de
l'espace secondaire à un pourcentage de l'espace principal ou autorisent des
entrées distinctes pour les deux unités; d'autres exigent que certaines aires,
comme la cuisine, soient communes, etc. Il importe donc de commencer par vérifier
quels règlements s'appliquent dans la municipalité qui vous intéresse avant d'envisager
cette solution et d'entreprendre votre projet.
Les
cohabitations réussies commencent avec une bonne planification, ce qui inclut,
pour les travaux, le recours à des professionnels de confiance capables de vous
conseiller judicieusement. Ensuite, elles dépendent essentiellement de la bonne
volonté des occupants et des efforts de chacun pour entretenir la qualité de la
communication.