Est-ce que l'orientation sexuelle et l'identité de genres relèvent de la sphère privée ou publique? Devrions-nous nous exprimer dans les médias ou faire comme les personnes hétérosexuelles et se contenter de naître comme seule manifestation de notre existence? Devrions-nous en parler dans notre entourage ou ne pas le faire, puisque ça relève de la sphère privée?
Je ne sais pas si vous avez observé, mais certaines personnes disant supporter la cause adorent se positionner en faveur quand on ne fait pas trop de bruit et qu'on ne dérange personne par nos discours un peu trop gais, un peu trop démonstratifs à leur goût. Le fait est que la représentation des personnes LGBTQ+ dans les médias, au cinéma et dans les sphères décisionnelles ont une influence plus qu'importante sur le niveau de bien-être des personnes de ces communautés, puisqu'elles fournissent un exemple sain et réaliste, atteignable, de personnes LGBTQ+ ayant réussi à s'assumer et à vivre pleinement leur orientation sexuelle ou identité de genres.
Tout cela malgré les préjugés et obstacles existant toujours au sein de la société actuelle pour ces mêmes personnes. Quand on parle de préjugés, on parle de la culture hétéronormative et on parle de la négation de l'existence d'une bonne partie des personnes sur le spectre de l'identité de genres.
Une société hétéronormative, comme la nôtre, renforcit et fait la promotion d'un mode de vie cisgenre hétérosexuel, que ce soit par le biais du vocabulaire genré utilisé à tous les jours, malgré le fait qu'il existe du vocabulaire neutre permettant d'être inclusif auprès de toute personne, peu importe leur orientation ou identité de genres. Une société hétéronormative exclu également toute personne LGBTQ+, en ne considérant pas, par exemple, qu'il puisse exister des couples autres qu'hétéros ou même des couples composés de plus de deux personnes.
La société aime aussi nier l'existence des personnes trans et des personnes non binaires soit en niant catégoriquement leur existence lors du fameux « coming out », en rendant tabou les questionnements sur l'identité de genres ou même en utilisant un vocabulaire genré lorsqu'il serait possible et très facile d'en faire autrement, forçant ainsi les personnes trans et non binaires à révéler leur identité de genres à chaque fois qu'un pronom est utilisé dans une phrase.
Je me rappelle avoir eu, à maintes reprises, des discussions avec des personnes se disant allié.es de la cause et me demandant de garder mon orientation sexuelle privée, puis mes questionnements sur mon identité de genres. Bien que, selon eux et elles, ma sexualité ne les concernait pas, ils se permettaient de donner leur avis sur la manière que je devrais l'exprimer. Intéressante ironie.
Être réellement allié.e et dans l'acceptation de l'autre, c'est laisser cette même personne s'exprimer comme elle le désire. Dans ce cas précis, ne pas penser qu'une personne ne vivant pas de réalité LGBTQ+ a quoi que ce soit à dire de pertinent sur la manière que l'on devrait vivre nos réalités.
Les personnes LGBTQ+ peuvent militer ou pas, faire un « coming out » ou pas, le médiatiser ou pas, ne pas s'identifier principalement par cet aspect de leur identité ou pas. Un seul élément demeure, c'est leur choix et le jugement d'une personne non LGBTQ+ n'est aucunement en lien avec la valeur de la personne en question mais bien directement en lien avec l'insécurité des gens face à des personnes marginalisées par la société pour avoir simplement voulu vivre de façon authentique.
*Cisgenre : Personne dont le genre assigné à la naissance correspond au genre auquel ils ou elles s'identifient
Sarah Beaudoin
Présidente chez Sarah Beaudoin-conseillère en communications