Cette lettre est une réplique aux propos de M. Serge Cardin tenus dans la Tribune du 8 mars dernier.
Le député Serge Cardin du Parti
québécois (PQ) a sorti la rhétorique classique -ou plutôt, usée- à
l'effet que son parti ait besoin d'un mandat majoritaire «afin que
celui-ci puisse mener à terme ses projets ». Il citait notamment
l'abolition complète de la taxe santé, l'adoption du projet de loi 52 Mourir dans la dignité
et la modification de la charte de la langue française. Le problème
avec cette affirmation, c'est qu'elle est fausse. Un gouvernement
minoritaire péquiste aurait très bien pu accéder à de telles promesses
en cours de mandat.
Prenons la taxe santé de 400$ imposée
aux familles québécoises. Le PQ aurait pu l'abolir, gouvernement
minoritaire ou pas, puisqu'à ce moment, le gouvernement comptait sur
l'appui de la CAQ et de Québec Solidaire. Il en a toutefois fait une
taxe progressive alors qu'il avait pris l'engagement de la faire
disparaître complètement afin de « donner de l'oxygène aux familles »
Concernant le projet de loi 52, il ne
restait que quelques semaines avant qu'il ne soit adopté à majorité par
l'Assemblée nationale. Le gouvernement péquiste a plutôt préféré
déclencher des élections, bloquant lui-même l'adoption du projet de loi,
et allant du même coup à l'encontre de sa propre loi sur les élections à
date fixe. Comment voulez-vous faire confiance à un gouvernement alors
qu'il renie sa propre législation? Si ce n'est pas donner de l'eau au
moulin du cynisme populaire, je ne sais pas ce que c'est.
Puis, à l'égard de la modification de la
charte de la langue française et de l'application de la loi 101 au
collégial, doit-on rappeler à M. Cardin que le PQ a décidé de reculer
sur cette question par crainte de représailles à l'Assemblée nationale?
Ce parti a démontré une fois de plus son manque de volonté politique et
s'est de surcroît mis à dos tous ceux qui militent pour la protection de
la langue française.
« Les coudées franches » réclamées
aujourd'hui par le député sortant de Sherbrooke étaient à la portée du
PQ lors des 18 derniers mois, et cela ne l'a pas empêché de livrer un
piètre bilan. Le gouvernement péquiste a laissé exploser les tarifs
d'Hydro-Québec et a augmenté les frais de garderie de 7 à 9 $, ayant
pour conséquences d'affaiblir économiquement les familles. Le
gouvernement n'aurait réalisé que 21 % de ses promesses, selon une
équipe de chercheurs de l'Université Laval. Rajoutons que rien n'est
prévu pour les régions dans le budget péquiste de 2014-2015.
Cette majorité réclamée n'est que de la
poudre aux yeux. Le vrai changement social ne passe que par un
gouvernement véritablement indépendantiste qui saura rapatrier nos lois,
impôts et traités afin d'en offrir davantage aux citoyens. Nous
pourrons résoudre plus facilement nos problèmes en santé et en
éducation, par exemple, lorsque les Québécois cesseront
d'envoyer 55 milliards de dollars par année à Ottawa. Soyons clairs, les
Québécois sont parfaitement capables de décider par eux-mêmes de leur
avenir et de construire une nation selon leurs propres convictions. Ce
que fait présentement le PQ, c'est qu'il se contente des miettes
laissées par la gérance paternaliste et autoritaire du Canada. C'est une
attitude révoltante qui nie la capacité d'agir de tous les Québécois.
Étienne Boudou-Laforce, candidat pour Option Nationale dans la circonscription de Saint-François