Un observatoire sur la santé mentale et la maladie mentale voit le jour. 2,8M$ ont été octroyés par le ministère de
l'Enseignement supérieur afin de mieux connaître l'état de santé mentale de la
population étudiante actuelle du Québec.
Julie Lane,
professeure à la Faculté d'éducation de l'UdeS et Benjamin Gallais, chercheur
au Cégep de Jonquière codirigeront cet observatoire.
Ils ont reçu
cette subvention pour cinq ans pour la mise sur pied et la gestion de
l'observatoire.
Le projet de
Julie Lane et de Benjamin Gallais retenu
Le ministère
de l'Enseignement supérieur et les Fonds de recherche du Québec ont lancé il y
a quelques mois un appel de propositions visant la création d'un Observatoire
sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur. C'est leur projet qui
a finalement été retenu.
La création d'un observatoire s'inscrit dans
le plan d'action sur la santé mentale étudiante en enseignement
supérieur 2021-2026 déployé par le ministère de l'Enseignement supérieur.
Agir pour
vrai!
La population étudiante souffre parfois en
silence lorsqu'il s'agit de santé mentale et de maladie mentale. Elle se trouve
souvent dépourvue de ressources face à leur condition qui est, encore, l'objet
de tabous de façon récurrente.
Ce plan a comme objectif de doter les
établissements d'enseignement supérieur de balises communes en matière de santé
mentale et de soutenir l'élargissement et la diversification de l'offre de
services de promotion, de prévention et de soutien psychosocial.
La pandémie a exacerbé ou déclenché chez
plusieurs personnes étudiantes certaines problématiques de santé mentale, et
c'est bien dommage, explique la professeure Lane. Mais cela aura eu un effet
positif : tirer la sonnette d'alarme et lever certains tabous entourant la
santé mentale. Car bien sûr le problème ne date pas de 2020, souligne-t-elle.
L'anxiété :
un réel problème
L'anxiété, encore trop souvent minimisée, a
un impact réel sur le fonctionnement d'une personne aux niveaux académique et
professionnel.
La population étudiante est durement touchée.
Au collégial, un sondage provincial a montré
que 48,5 % des cégépiennes et cégépiens ont éprouvé des difficultés à
gérer leur stress au cours de la première année de cégep, alors que selon une
autre étude, plus du tiers des étudiantes et étudiants souffrent d'un très haut
niveau d'anxiété.
Au niveau
universitaire, une enquête panquébécoise sur la santé psychologique des
personnes étudiantes universitaires, réalisée par l'Union étudiante du Québec,
relève que 58 % de celles-ci vivent un niveau élevé de détresse
psychologique et qu'une personne étudiante sur cinq ressent des symptômes
dépressifs suffisamment sévères pour avoir besoin d'un soutien médical ou
psychologique.
Par
ailleurs, la population étudiante postsecondaire est deux fois plus susceptible
d'éprouver des troubles de santé mentale comparativement à des jeunes du même
âge qui ne sont pas aux études.
Pour le recteur de l'UdeS, le professeur
Pierre Cossette, ce projet revêt une grande importance sur le plan social et
celui de la santé : « Afin de faire face
aux enjeux liés à la santé mentale, il importe d'accompagner les établissements
d'enseignement supérieur dans la mise en place des pratiques prometteuses en
matière de sensibilisation, de prévention, de promotion et d'intervention en
santé mentale. »
En confiant
la codirection à la professeure Julie Lane, directrice du Centre RBC
d'expertise universitaire en santé mentale de l'UdeS, nous sommes assurés que
les forces vives en recherche seront réunies grâce à une collaboration
exemplaire avec plusieurs milieux. De plus, l'observatoire mobilisera et
formera un plus grand nombre de personnes étudiantes afin qu'elles deviennent
des leaders de demain dans l'instauration de cultures alliant performance et
bienveillance en enseignement supérieur, mentionne monsieur Cossette.
Un observatoire qui mènera vers des actions concrètes
Le nouvel observatoire permettra
d'obtenir de meilleures données actualisées pour guider nos actions en ce sens.
En bout de ligne, la population étudiante québécoise ne s'en portera que mieux,
explique Pascale Déry, ministre de l'Enseignement supérieur.
Julie Lane et Benjamin Gallais ont gagné leur
pari : faire valoir un type d'observatoire qui ne ferait pas seulement de
la recherche, mais travaillerait à ce que les données recueillies mènent à la
prise d'actions concrètes et à un changement de culture au sein des cégeps et
universités québécoises. Cette approche très concrète a su séduire le comité
d'évaluation.
« Il
existe beaucoup d'observatoires dans le monde et, le plus souvent, ces
organismes sont excellents pour générer des données de recherche pertinentes,
mais peu se préoccupent des façons dont les résultats de recherche vont aboutir
à des actions concrètes dans les milieux concernés.» - Julie
Lane.
Madame Lane souligne qu'un changement doit
absolument être fait dans les établissements d'enseignements afin que la santé
mentale soit prise au sérieux. L'observatoire en fera son cheval de bataille :
«Nous proposons
un observatoire qui travaille main dans la main avec les cégeps et universités
et les personnes étudiantes afin que les données que nous pourrons recueillir
se traduisent en politiques et initiatives réelles et qu'elles amènent un
véritable changement de culture au sein des établissements d'enseignement
supérieur. Nous travaillerons également étroitement avec l'Initiative sur la
santé mentale étudiante en enseignement supérieur (ISMÉES), qui est également
financée par ministère de l'Enseignement supérieur, pour favoriser la
mobilisation et la diffusion des connaissances sur la santé mentale en
enseignement supérieur. »
Julie Lane et Benjamin Gallais se disent
honorés de diriger cet observatoire. « Cette
initiative aura un impact positif direct sur la santé mentale des personnes
étudiantes, explique professeure Lane. Indirectement, l'observatoire pourrait
aussi entraîner des retombées positives sur la persévérance et la réussite de
ces étudiants et étudiantes. »
L'observatoire poursuit plusieurs objectifs
Il permettra de développer des
connaissances scientifiques par des recherches et enquêtes sur la santé mentale
étudiante et d'effectuer une vigie des pratiques prometteuses en promotion,
sensibilisation, prévention et intervention en santé mentale. De plus, il
favorisera la mise en place de plusieurs activités pour accompagner un vaste
changement de culture dans les établissements postsecondaires du Québec. Il représentera une occasion unique de développer un vaste réseau de chercheurs
et décideurs québécois, canadiens et internationaux autour de la thématique de
la santé mentale étudiante, explique madame Lane.
66
partenaires impliqués
Julie Lane et Benjamin Gallais ont réussi à
mobiliser 28 cégeps et universités, 18 chaires de recherche, 9 associations
liées à la santé ou à la réussite, 5 autres organismes divers ainsi que 6
associations étudiantes, pour un total de 168 personnes impliquées!
Pour Julie Lane, il est capital d'implique la
population étudiante :
Les
personnes étudiantes occupent d'ailleurs une place de choix au sein de
l'observatoire. (...) [Il] a été créé pour eux»
Les ressources
actuelles ne correspondent aux besoins réels
Plusieurs initiatives en santé mentale
existent déjà au sein des établissements d'enseignement, mais les étudiantes et
étudiants ne les utilisent pas pleinement, car certaines ne sont pas ancrées dans
leurs besoins et réalités, souligne Pierre Cossette.
«Nous avons décidé
que chaque axe de recherche serait cogéré en binôme : par un chercheur
responsable et par une personne étudiante, ceci afin de nous coller à la
réalité terrain et aux besoins et de favoriser l'adhésion des étudiantes et
étudiants québécois aux initiatives qui découleront de l'observatoire. »