Je ne suis pas ce
stéréotype que tu aimerais rencontrer. Je ne suis pas cette femme lesbienne qui
performe dans l'un de tes films, mais je ne suis pas non plus cette classique
lesbienne masculine qui fume la clope en jasant philosophie et politique. Je ne
suis pas une bisexuelle en recherche d'attention ou incertaine de ses envies
sexuelles qui ne demande qu'à coucher avec la ou le premier venu. Je ne suis
pas polyamoureuse parce que j'ai des problématiques d'attachements, en fait,
j'en ai peut-être, mais je suis pas mal certaine que c'est aussi le cas d'une
grande partie des personnes monogames. Je ne suis pas non plus polyamoureuse
parce que je désire participer à une orgie. Je ne suis pas cette personne trans
silencieuse qui ne parle jamais de son identité mais qui existe pour répondre
aux fétiches de ces messieurs autrement ouvertement transphobes.
L'idéal sexuel, basé sur
des stéréotypes véhiculés par la société, ainsi que les systèmes qu'elle comprend,
n'existe pas. Ce modèle auquel tout.es devraient correspondre pour être
valorisé.es par leurs proches, avoir un sentiment d'accomplissement de soi et
satisfaire les désirs sexuels des hommes qui en expriment leur seule volonté
par un sifflement ou une remarque qui manque franchement de classe, une
accolade douteuse.
Essayer de correspondre à
un idéal sexuel, nous empêche ironiquement d'avoir le plaisir tant recherché,
ainsi que la liberté de choix et celle d'imposer ses limites et d'exposer ses
besoins. Pourquoi en parler dans une chronique LGBTQ+ ? Tout simplement parce
que les personnes LGBTQ+ sont souvent victimes d'une conséquence de ces idéaux
sexuels : l'hétéronormativité.
L'hétéronormativité est
le fait qu'une norme sociale, renforcée par des centaines d'années de
répression, implicite ou explicite, des personnes LGBTQ+, fait en sorte que
l'hétérosexualité est considérée comme la norme, l'idéal, le plus commun.
Il n'en est rien puisque,
même parmi les personnes hétérosexuelles, hommes, femmes ou personnes
non-binaires, on retrouve autant de sexualités qu'il y a de personnes.
L'hétéronormativité fait
en sorte que les couples homosexuels sont rarement pris sérieusement. Les
femmes sont hypersexualisées, les hommes allosexuels sont sous-valorisés et ont
souvent de violentes conséquences et les personnes non-binaires sont à la fois
fétichisées et victimes de violences.
L'hétéronormativité
encourage également le bris de consentement en permettant aux individus d'une
société de considérer que les désirs d'une personne sont dirigés vers le genre
opposé, qu'ils ne changent jamais et peuvent être tenus pour acquis. Voici donc
une liste de mythes totalement faux provenant de la norme
hétéronormative :
Les hommes sont très
actifs sexuellement et sont toujours attirés par une femme. Ils performent en
tout temps. Les femmes sont passives et toujours disponibles pour combler les
besoins des hommes...que ce soit d'écouter, d'être active sexuellement d'une
quelconque façon ou d'être fétichisées pour le plaisir des messieurs. Toute
personne a une sexualité et tout couple a des relations sexuelles. Tout couple
est à la fois amoureux et actif sexuellement. Une personne mariée doit répondre
aux besoins sexuels de sa ou son conjoint, quand elle ou il le veut et ne peut
refuser.
Je ne suis donc pas ton
idéal sexuel et ma sexualité ne te concerne pas. Si tu veux avoir des relations
sexuelles avec moi tu dois me respecter, me le demander de façon à obtenir un
réel consentement et ne pas prendre en compte que l'existence de notre couple
fait en sorte que mon corps est ta possession.
Que je sois femme,
personne non-binaire ou homme. Que je sois allosexuelle ou hétérosexuelle. Il
est primordial d'effectuer dès aujourd'hui un virage à 360 degrés sur la
perception que nous avons de notre sexualité. La seule norme que notre société
devrait exiger des personnes sexuellement actives, c'est le consentement. Un
consentement qui peut être sexy par moments, maladroit par d'autres,
mais toujours aussi pertinent. Un consentement libre de toutes contraintes et
donné en toute connaissance de cause, à chaque fois qu'il y a rapprochement
intime ou relation sexuelle. Un consentement qui nous permettrait réellement
d'obtenir ce plaisir si recherché qui, au contraire de ce qu'on nous a toujours
dit, ne s'obtient que par le respect de soi-même et de ses limites, le respect
de l'autre et la douce perception que notre corps est nôtre et qu'on n'en sera
jamais dépourvu.