Les producteurs et productrices acéricoles de l'Estrie
(PPAE) lancent un appel urgent à la ministre des Ressources naturelles et des
Forêts (MRNF), Maïté Blanchette Vézina. Ils demandent l'arrêt immédiat des
coupes forestières intensives qui menacent le potentiel acéricole en forêt
publique.
En 2023, la ministre avait promis de soutenir le
développement de l'acériculture sur les terres publiques en Estrie. Deux ans
plus tard, la réalité est alarmante : la destruction des érablières risque de
compromettre définitivement cette industrie. Un érable met jusqu'à 70 ans à
atteindre une production optimale. Son abattage signifie donc une perte
irréversible pour l'économie locale et la filière acéricole.
Les PPAE ont déterminé des zones prioritaires à protéger,
totalisant 4 200 hectares, tout en laissant 40 000 hectares aux industries
forestières. « Ce que nous demandons est raisonnable », affirme Jonathan Blais,
acériculteur à La Patrie et président des PPAE. Il rappelle que la ministre
avait promis de favoriser l'acériculture en forêt publique et l'invite à
visiter les écoles qui forment la relève acéricole en Estrie.
Michel Brien, président de la Fédération de l'UPA-Estrie,
souligne l'urgence de la situation : « On ne peut pas retarder indéfiniment le
développement de cette filière sans en subir de lourdes conséquences. Les
potentiels acéricoles en Estrie sont facilement exploitables en raison de leur
proximité aux infrastructures. Les équipes du ministère n'attendent qu'un
signal pour agir. »
André Roy, président du Syndicat des producteurs forestiers
du sud du Québec, dénonce une incohérence gouvernementale : « Depuis 1978, la
Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles interdit la destruction
des érablières en forêt privée, mais en forêt publique, on laisse faire. Où est
la logique ? »
Henri Jacob, président d'Action boréale, remet en question
la vision de la ministre : « Transformer une ressource renouvelable et
emblématique du Canada en simple papier jetable est irresponsable. Il faut
protéger nos érablières pour les générations futures et envisager une enquête
publique sur la gestion des ressources forestières. »
Robert G. Roy, préfet de la MRC du Haut-Saint-François,
apporte son soutien aux acériculteurs, estimant que la conservation du
potentiel acéricole est essentielle à l'avenir économique de la région.
Les PPAE, qui représentent plus de 2 000 acériculteurs et 1
085 entreprises, rappellent que le Québec assure 72 % de la production mondiale
de sirop d'érable. Ils exhortent la ministre à respecter ses engagements afin
d'assurer un avenir durable à cette industrie phare de l'Estrie.
Sources : Jasmine Maurice, conseillère à la vie syndicale, producteurs
et productrices acéricoles de l'Estrie et Jonathan Blais, président, producteurs
et productrices acéricoles de l'Estrie.