À l'ère où les fermes de certaines régions vivent de fortes pressions spéculatives, il existe un nombre croissant de producteurs qui envisagent la création d'une fiducie, laquelle conservera la vocation de leur ferme à tout jamais.
Les précurseurs dans ce domaine se trouvent à Mont-Saint-Grégoire, en Montérégie. La fiducie en question porte le nom de Protec-Terre. Elle a acheté la terre de Jean Roussel il y a quatre ans et la prêtera gratuitement aux prochaines générations d'agriculteurs, pourvu que ceux-ci respectent les méthodes d'agriculture certifiée biologique en vigueur au Québec et offrent localement une certaine proportion de leurs produits.
Les producteurs en place, présentement Anne Roussel et son conjoint, n'ont qu'à payer les taxes foncières. Les bâtiments, de même que les animaux et la valeur des cultures, leur appartiennent. Après quatre ans, la ferme spécialisée dans la production maraîchère biologique roule à pleine vapeur. Des gens ayant pris des parts dans la fiducie sont clients de la ferme. Un soutien social qui anime Mme Roussel. Ici, plusieurs citadins, pas nécessairement fortunés, ont versé un don à la fiducie simplement parce qu'ils ne voulaient pas voir disparaître cette ferme biologique », confie-t-elle.
Ce modèle est sur le point de se dupliquer. Hubert Lavallée, le président du conseil d'administration de l'organisme à but non lucratif Protec-Terre, dit recevoir chaque mois des demandes de producteurs intéressés par leur concept. « On travaille sur une quinzaine de projets. Des fermes, mais aussi des MRC (municipalités régionales de comté) qui y voient une façon de revitaliser des terres laissées en friche tout en donnant une chance à la relève », explique-t-il.