Les Boulet et les Robert de Dudswell ont un ancêtre commun: Robert Boulay, un brave "laboureur à bras"1 de St-Germain de Loisé, petit village situé à environ 1,5 km de Mortagne, province du Perche maintenant devenue partie intégrante du district français de l'Orne. Nous sommes donc, Boulet et Robert, des descendants d'un courageux percheron.
La Nouvelle France à l'époque
En 1661, la
Nouvelle-France était en détresse. Les Iroquois qui harcelaient les colons
depuis une vingtaine d'années, avaient menacé, l'année précédente, de lancer
une grande offensive pour en finir, une fois pour toute, avec la colonie
française. De plus, depuis quelques temps, ces mêmes Iroquois détournaient au
profit des Hollandais installés à New Amsterdam (aujourd'hui New York), une
grande partie des fourrures dédiées aux Français de Montréal et Québec. Ce qui
avait pour effet d'étouffer économiquement la petite colonie. Plusieurs colons
et marchants avaient décidé de retourner en France et plusieurs autres
menaçaient de les imiter.
C'est alors que
les autorités décidèrent d'envoyer Pierre Boucher, gouverneur des
Trois-Rivières, ambassadeur auprès de Louis XIV afin de lui demander son aide.
Boucher fut très bien reçu à la cour du jeune roi. Il parlera si bien de la
jeune colonie au Roi Soleil que ce dernier décida de la prendre personnellement
sous son aile protectrice. Il promit à Pierre Boucher une aide financière,
l'envoi de 100 nouveaux colons à chaque année et des soldats pour mâter les
Iroquois. Pour l'année 1662, il promet deux de ses navires, l'Aigle d'Or et la
Flûte Royal2,
pour le transport gratuit en Amérique de tous les colons qu'il pourrait
recruter et une bonne centaine de soldats. De son côté, Boucher accepte la
responsabilité de nourrir ces colons, une fois à Québec, jusqu'à ce qu'ils
soient installés sur un lot.
En mars 1662,
Boucher quitte le Palais du Louvre pour retourner à Mortagne au Perche où ses
agents recruteurs sont déjà à l'œuvre. C'est à cette occasion que Robert
Boulay, l'ancêtre des Boulet et des Robert de Dudswell décida de tenter la
grande aventure en acceptant les conditions d'engagement de Pierre Boucher.
Nous ne connaissons pas grand chose concernant les parents, la
naissance et la vie de Robert Boulay avant sa venue en Nouvelle-France. En se
basant sur les recensements de la Nouvelle-France, nous supposons qu'il est né
vers 1631 à St-Germain-de-Loisé, un petit bourg situé à environ 1.5 Km au
sud-est de Mortagne au Perche.
Robert Boulay épouse Françoise Grenier le
11 janvier 1657 à Bivilliers. Sont témoins à ce mariage, Gilles Garnier, frère
de Françoise, Jean Juchereau, Denis Le Saisy, Madame des Moulineaux, et Marie
Juchereau. Le couple fait baptiser une petite fille, Jacqueline, ou plutôt
Jacquine, à Saint-Germain-de-Loisé le 10 avril 1659.
Elle a pour parrain, Jean Juchereau de la Ferté et pour marraine,
damoiselle Jacquine Fabillon. Son acte de baptême fut retrouvé par un Frère
Laurentien, S.C., de Jonquière. Il se lit comme suit : «Le 10 d'avril 1659
a esté baptizée Jacquine, fille de Robert Boulay et de Françoise Guernet. Le
parrain Jean Juchereau et damoiselle Jacquine Fabillon. (Signé) M. Liger,
vicaire de Saint-Germain de Loysey ».
Pourquoi
émigrer en Nouvelle-France
Nous savons
que Robert Boulay était un "laboureur à bras" c'est à dire qu'il
labourait la terre sans l'aide de bœufs, seulement à la force de ses bras. Le
jeune couple était donc très pauvre et ne possédait à peu près rien. À cette
époque, la vie n'était pas rose dans le vieux pays de
France. Ravagée par les guerres de religion au siècle précédent, appauvrie par
les guerres de Trente ans et de la "Fronde", la campagne française était habitée par un peuple à bout de force.
Cette
multitude d'hommes, de femmes et d'enfants qui traînaient leurs jours sous un
éternel travail n'avaient aucun droit à un
bénéfice. Ces êtres démunis étaient livrés aux rigueurs des collecteurs
d'impôts, aux extorsions des fonctionnaires, à l'avarice des usuriers, aux
ravages des troupes de soldats en campagne, aux abus des seigneurs et du
clergé.
De plus, la famine et les maladies, telles la peste et les fièvres,
y étaient presque endémiques. Durant l'année 1662, une affreuse disette sévit
dans tout le pays du fait des pluies continuelles du printemps et de l'été
1661 et de la récolte catastrophique qui en résulta. Il
n'est pas rare, en parcourant les registres des paroisses de France de cette
époque, de lire les mots "mort de faim".
Au cours des
longues soirées, dans les misérables chaumières du pays
de France, ces pauvres victimes à bout de force, se remémoraient les
histoires fantastiques racontées par des agents recruteurs. On évoquait les
souvenirs d'un grand fleuve, de rivières poissonneuses, de forêts giboyeuses,
de nombreuses terres fertiles. Ces vendeurs de rêves,
sillonnaient le Perche depuis une quinzaine d'années, à la recherche de
nouveaux colons pour la Nouvelle-France. Ils vantaient la vie dans ce
merveilleux pays. Ils garantissaient une terre à chacun et surtout beaucoup de
liberté.
C'est sans aucun doute pour fuir cette misère et pour des jours
meilleurs que Robert décida d'entraîner sa femme et sa petite fille en
Nouvelle-France.
C'est vers le 15 mars 1662 que la famille Boulay et quelques amis
quittèrent pour toujours le petit bourg de Saint-Jean de Loizé pour se rendre
au port de La Rochelle où les deux navires du Roi les attendaient. Après avoir
reçu une dernière bénédiction de leur curé, tous se réunirent sur la grande
place de l'église, où ils saluèrent leurs parents et amis une dernière fois. Au
cours de cette séparation, que de sanglots, que de larmes ont dû être versées. Le
voyage entre Mortagne et Larochelle durait environ une semaine. Les plus
pauvres, et ce dû être le cas de notre Robert, faisaient le trajet à pieds en
transportant quelques hardes sur leur dos. Les plus fortunés, utilisaient des
chariots à bœuf.
À Larochelle, le Roi avait confié ses deux navires aux bons soins du
Capitaine-aux-long-cours, Nicolas Gargot dit Jambe de Bois. Il était secondé
par l'infâme sieur Dumont chargé par le Roi de pourvoir aux besoins et à
la subsistance des nouveaux colons pendant leur séjour à Larochelle et durant
toute la traversée. Il le fit si chichement que les colons et leur famille
durent mendier pendant tout le temps qu'ils attendirent à La Rochelle le départ
des navires. D'autant plus qu'à Larochelle, cette année là, le pain avait été
trois fois plus cher que d'habitude. Le 6 juin 1662, Robert, pour nourrir sa
famille, dût emprunter 20 livres à son ami Charles Turgeon. Le contrat fut fait
devant le notaire Pierre Moreau.
Les deux navires du Roi ne prirent la mer que le 18 juillet 1662.
Ils étaient chargés de braves gens pleins
d'espoir et de courage, déterminés à se faire une nouvelle vie dans ce monde
bien mystérieux encore. La traversée durera presque quatre mois, alors qu'on n'avait de vivres que pour deux. Ce
sera la plus longue traversée de toute l'histoire de la Nouvelle-France.
Pendant ces longs mois, la maladie du
scorbut et la dysenterie attaqua tout le monde. Plus de cent personnes
moururent en mer, dont 33 colons engagés par Pierre Boucher. En effet, le 17
octobre 1663, Boucher déclarait que « trente-trois des cents travailleurs par
lui amenés étaient morts au cours de leur voyage ou depuis l'arrivée »3.
Les causes en
furent d'abord dans la mauvaise qualité du biscuit, trop vieux, remplis de vers
et pour plus de la moitié en poussière; puis les eaux douces, mises d'ailleurs
dans de mauvaises futailles, s'étaient corrompues au bout d'un temps si long;
enfin le mauvais choix des passagers. C'étaient des paysans, femmes et enfants,
qui avaient dû se contenter d'une très mauvaise nourriture, en attendant
l'embarquement; ils n'étaient pas habitués à manger du biscuit, ni à être
agités par le roulis; or le vent fut presque toujours contraire. De plus ces
gens étaient fort mal logés par suite du chargement de trop de choses
embarrassantes. [Biographie de Nicolas Gargot, 1727].
Après une courte escale à Plaisance, (Terre Neuve), l'Aigle d'Or et
la Flûte Royal arrivèrent enfin à Tadoussac le 27 octobre 1662. Le capitaine
refusa de remonter jusqu'à Québec car il craignait qu'à son retour vers la
France ses navires ne se prennent dans les glaces. Le 8 novembre 1662, en
attendant leur transfert à Québec, Robert et Charles Turgeon se rendirent chez
le notaire de Tadoussac pour faire confirmer le contrat d'emprunt de Robert.
Voici le texte de ce précieux document :
Pendant ce temps, à Québec, c'était le branle-bas-de-combat. Toutes
les barques et canots disponibles entre Trois-Rivières et Tadoussac furent
réquisitionnés pour le transfert des malheureux survivants de Tadoussac à
Québec. Ce transbordement se déroulera du 27 octobre au 20 novembre dans des
conditions épouvantables.
Arrivés à destination, ils n'étaient pas encore au bout de leurs
peines. En effet, des bruits couraient à l'effet que la peste avait sévit sur
les deux navires pendant la traversée. Ils furent donc tous reçus à Québec
comme des pestiférés. Personne ne voulait les héberger. Ils furent donc
transférés à l'Hôtel-Dieu pour les plus mal en point et les autres chez les
Mères Ursulines, les Mères Hospitalières, les Pères Jésuites et les Récollets.
La majorité des nouveaux venus étaient malades. D'ailleurs, plusieurs d'entre
eux moururent à Québec. Les rescapés, une fois remis sur pied furent placés chez
des colons à l'extérieur de la ville en attendant l'arrivée du printemps.
Robert Boulay, Françoise Garnier et leur petite fille de trois ans
avaient survécu à plus de neuf mois de privations de toutes sortes, à la
maladie et à la peur créée par toute sorte d'incertitudes. Il est probable
qu'ils reçurent de l'aide de la part du parrain de Jacqueline, Jean Juchereau
présent à Québec, ce qui les rassura quelque peu sur leur situation précaire.
Mais une autre grande épreuve les attendait.
En effet, le 5 février 1663, le plus terrible tremblement de terre
de toute l'histoire du Québec, se produisit dans toute la Nouvelle-France, de
l'embouchure du Saint-Laurent jusqu'à la Virginie. À certains endroits, le
fleuve changea de cours. Des îles disparurent et d'autres apparurent. Il y eut
plusieurs glissement de terrain. Plusieurs habitations furent endommagées ou
détruites. Mais il n'y eut pas de mort. La terre continua à trembler pendant
une grand partie de l'année.
Voici ce qu'en dit Mère
Marie de l'Incarnation: « L'effet en fut prodigieux: à Québec, les habitants ne
savaient où se réfugier, les uns prosternés à genoux dans la neige, criant
miséricorde, les autres passant le reste de la nuit en prières; les chapelles
furent envahies par les fidèles, pris de terreur. Nombre d'entre eux quittèrent
« leur mauvaise vie », pendant que la plupart tenaient à faire une confession
générale, dans la croyance à un châtiment du ciel à la suite de la traite des
boissons. »
Tôt au printemps de 1663,
Robert obtient une terre de 3 arpents de front dans la Seigneurie de Lirec,
dans l'Île d'Orléans. Cette terre était située dans la future paroisse de
Sainte-Famille, pas très loin au sud-ouest du village actuel de Sainte-Famille.
Elle lui fut concédée officiellement par Charles de Lauzon-Charny le 6 mars
16644. C'est là
que nous retrouvons Robert et sa famille lors des recensements de 1666 et 1667.
En 1666, les recenseurs
notent ce qui suit: « Robert Boulay, 36 ans, habitant; Françoise, 36 ans,
sa femme; Jacqueline, 8; Jacques, 2 et Boulay [Jean-Baptiste], 6 mois, fils. » Ce
recensement a été effectué entre le 29 janvier et le 27 février.
L'année suivante, ils notent
ce qui suit : « Robert Boulay, 36 ans; 5 bêtes à cornes et six arpents en
terre cultivé; Françoise, sa femme, 36 ans; Jacqueline, 9 ans; Jacques, 4;
Jean-Baptiste, 4 mois. » Ce recensement a été effectué entre le 11 et 26 août.
Les premiers
québécois avaient souvent l'habitude de défricher une terre pour ensuite la
revendre et recommencer ailleurs leur dure besogne. L'ancêtre Boulay ne fit pas
exception à cette règle. Tout en conservant sa première terre de
Sainte-Famille, Robert devient, quatre ans plus tard, propriétaire d'une autre
concession au sud de l'île, dans la future paroisse de St-Jean. Cette nouvelle
terre lui avait été concédée sur un simple billet ou sur parole. La concession
officielle, accordée par Mgr de Laval et faite en bonne et due forme par le
notaire Vachon, ne sera acceptée que le 26 février 1669. Ce qui lui permettra
de s'établir en toute sécurité sur cette belle et grande concession qu'il avait
commencé à défricher dès 1667. Cette nouvelle terre était située à environ 1
kilomètre à l'ouest du village de St-Jean.
Demeurant maintenant à Saint-Jean sur
sa terre du côté sud de l'Île, Robert Boulay vend sa terre du nord. Voici en
résumé le contenu du contrat : «Par devant le notaire Claude Auber, le 25
novembre 1670, au Château-Richer, Robert Boulay, habitant et demeurant en l'île
d'Orléans, du côtés sud; lequel en son bon gré, pure et franche liberté,
reconnaît et confesses avoir, ce dit jour vendu, . . . à Jean-Galéran Boucher,
. . . une concession et habitation, sise dans la dite île au côté nord,
contenant trois arpents de front, avec les Bâtiments pour la somme de quatre
cents [pas sûr] livres tournois, etc.»5
Quatre ans plus tard, soit le 19 juin
1674, Robert reçoit, au nom de son
fils Jacques, 3 arpents de front à la Pointe-à-la-Caille près de la ville de
Montmagny, sur la rive sud du fleuve. Dès ce jour, avec l'aide de son gendre
Pierre Joncas, il commence à défricher sa nouvelle terre.
Le 19 novembre 1675, Robert vend sa terre de
Saint-Jean à Pierre Mourier6.
Cette fois, Robert quitte l'Île d'Orléans pour
s'installer sur la rive sud, dans la future paroisse de St-Thomas-de-la-Rivière-à-La-Caille.
Cette terre était voisine immédiate du manoir seigneurial. Aujourd'hui, elle se
retrouve en plein Centre-ville de Montmagny. En 1679, Louis Couillard de
l'Espinay, seigneur de la Seigneurie de la Rivière du Sud, officialise la
concession faite verbalement en 1674 et lui concède trois arpents de plus.
Pendant tout ce
temps, que fait donc notre aïeule Françoise Garnier ? En plus de gérer la terre
familiale alors que son cher époux en défriche une autre, entre février 1664 et
l'année 1679, elle mettra au monde 10 enfants. Malheureusement, cinq de ses
petits trésors mourront en bas âge.
Voici la liste des ces enfants :
1- Jacqueline, baptisée le 10
avril 1659 à Saint-Germain de Loisé, France. Elle traversa l'Atlantique avec
ses père et mère. Elle fit ses études chez les Ursuline de Québec. À 13 ans,
elle épousa Pierre Joncas, le 8 juin 1672 à Sainte-Famille. Pierre était soldat
de Carignan, de la compagnie de La Briardière, au régiment d'Orléans. Il est
arrivé avec le Marquis de Tracy, en provenance des Antilles, le 30 juin 1665.
Il combattit les Iroquois en 1666 et 1667. Lorsqu'il fut démobilisé, il décida
de demeurer en Nouvelle-France. Le couple eut trois enfants, dont une fille.
Pierre a été inhumé à Saint-Thomas le 21 mai 1717. Il avait 75 ans. Jacqueline
est décédée à Saint-Thomas le 22 février 1736 à l'âge de 77 ans.
2- Jacques, baptisé le 6 février
1664 à Château-Richer. Il épousa Françoise Fournier le 21 avril 1686 dans la
paroisse de Saint-Thomas. Ce mariage aurait été célébré par Mgr de Saint-Vallier,
venu là pour bénir la nouvelle chapelle. Ils eurent 14 enfants dont deux
filles. Françoise Fournier a été inhumé le 16 juillet 1734 et Jacques le 1er
mai 1738 à Montmagny. Jacques est le père de la lignée de la famille Robert
de Dudswell.
3- Anonyme masculin, au début de
1666, il avait six mois au recensement de 1666. Il est décédé avant le
recensement de 1667.
4- Jean-Baptiste, né le 15 et
baptisé le 17 avril 1667 à Sainte-Famille. Il est décédé entre 1667 et 1681.
5- Pierre, né le 18 et baptisé le
20 février 1669 à Sainte-Famille. Il fut inhumé le 18 janvier 1689 à Montmagny.
Il avait 20 ans.
6- Marie, née et baptisée le 20
décembre 1670 à Sainte-Famille. Elle fut inhumée le 30 décembre 1670.
7- Martin, né le 21 et baptisé le
27 mars 1672 à Sainte-Famille. Il épousa Françoise Nolin, 18 ans, le 13 octobre
1698 à Saint-Pierre de l'Île d'Orléans. Il eurent dix enfants dont quatre
filles. L'une d'elles, Louise-Françoise épousa le fils du seigneur de la
seigneurie de la Rivière-du-Sud, Jacques Couillard. Trois jeunes filles
décédèrent en 1715, Angélique, 16 ans; Marie-Anne, 12 ans; Geneviève, 10 ans.
Robert décéda en 1714 à l'âge de 8 ans. Françoise Nolin fut inhumée le 24
janvier 1724 à Montmagny. Martin fut inhumé le 16 octobre 1728.
8- Françoise, née le 9 et baptisée
le 11 août 1674 à Sainte-Famille. Elle épousa Pierre Bernier, seigneur primitif
de la seigneurie de la Pointe-Aux-Foins le 21 février 1689 à Montmagny. Ils
eurent 13 enfants dont six filles. Elle était sage-femme.
9- Paul, né le 21 août à
Rivière-du-Sud et baptisé à Québec le 19 septembre 1677. Il épousa Françoise
Paquet le 26 avril 1695 à Québec. Il eurent dix enfants dont cinq filles. Paul
est le père des deux lignées de Boulet de Dudswell.
10- Jean, né vers 1679, il avait 2
ans au recensement de 1681.
Au recensement de 1681, nous
retrouvons la famille Boulay à Saint-Thomas. Les recenseurs notent: « Robert
Boullé, 50 ans. Sa femme Françoise Grenier, 44. Enfants: Jacques, 17 ans;
Pierre, 12 ans; Martin, 9; Françoise, 7; Robert, 4; Jean, 2. La famille possède
un fusil, 6 bêtes à cornes et 5 arpents en valeur ».
Pour les vingt prochaines
années, Robert et Françoise demeureront sur la même terre, la troisième
acquise. Ils regarderont tranquillement grandir leurs enfants et leurs
petits-enfants. Puis le 10 juillet 1699, sentant probablement le poids des
années pesant de plus en plus sur leurs épaules, ils décident de se donner à
leur fils Martin. Ceci, à la condition qu'il subvienne à leurs besoins jusqu'à
leur mort. Ce contrat fut passé devant le notaire François Genaple.
On ne sait
rien des derniers jours de Robert et de Françoise. Robert fut inhumé à
Montmagny le 25 mars 1707. Nous pouvons lire, à cette date, dans les registres
de la paroisse de Saint-Thomas de Montmagny ce qui suit: «Le vingt-quatrième jour
du mois de mars de l'an mil sept-cent-sept est décédé Robert Boulay, âgé
d'environ 76 ans, après avoir reçu les sacrements d'Euchariatie, Pénitence et
d'Extrême Onction durant le cours de sa maladie. Et le lendemain son corps a
été inhumé avec les cérémonies accoutumées dans le cimetière de la paroisse
St-Thomas de la Pointe à la Caille par le ministère du soussignant ...
Signé : Goulven Calvarin, ptre.»
Deux ans après
le décès de son mari, le 28 janvier 1709, Françoise Garnier décédait à son
tour, âgée de près de 80 ans. Cette amie de Robert Boulay l'avait accompagné
depuis plus de 50 ans, avait partagé ses espoirs en la Nouvelle-France, ses
difficultés et ses succès. Elle lui avait donné 10 enfants. Avec elle, la
première génération de BOULET au Canada se terminait.
Pourquoi changer
son nom de Boulet à Robert ?
Les descendants de Robert
Boulay et de Françoise Garnier prirent racine autour de Montmagny, puis de
Saint-François et de Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud. Jean-Baptiste Boulet,
de la cinquième génération de Boulet au Québec [voir la lignée des Robert] est
né le 29 août 1766 à Saint-François du mariage de Robert Boulet et d'Agnèse
Gendron. Pour cette époque, j'ai retrouvé au moins cinq hommes et garçons
portant le nom de Jean-Baptiste Boulet dans la paroisse de Saint-François. Pour
différencier notre Jean-Baptiste des quatre autres, on le désignait comme suit:
Jean-Baptist à Robert, puis avec le temps, Jean-Baptist dit Robert.
Finalement, notre Jean-Baptist Boulet fut inhumé à Ste-Claire le 16 avril 1853
sous le nom de Jean Robert dit Boulet.
Son fils, Joseph Boulet,
marié à Julienne Laflamme, vint s'installer, vers 1853, dans le canton de
Tring, en Beauce. Les Boulet de cette lignée, installés dans la paroisse de
St-Éphrem, se feront connaître tantôt sous le nom de Boulet et tantôt sous le
nom de Robert. Son petit-fils, Edmond Boulet (Robert) viendra finalement
s'installer à Bishopton en 1902 suivi de Léonard Boulet en 1908, son cousin par
alliance. Donc deux familles BOULET dans une même paroisse. Pour ne pas
"mêler les cartes" dans sa nouvelle patrie (Bishop's Crossing),
Edmond Boulet décida de prendre définitivement le nom de ROBERT dit Boulet.
Edmond Robert et Léonard
Boulet ont épousé respectivement Florida et Aglaée Bouffard, cousines germaines
demeurant à Ste-Hénédine.
Étymologie du nom BOULET
Dans la France
du XVIe siècle, un « boulle » signifiait bouleau et un « boulai », désignait «
un lieu planté de
bouleaux ». On
trouve dans les documents anciens un bon nombre de façons d'orthographier ce
patronyme: Boulay, Boullay, Baulé, Boule, Boulé, Boullé, Boullet, Boulet et
Boulais.
LIGNÉE DES ROBERT
No 1
|
Époux
|
Mariés le
|
Épouse
|
|
|
Robert Boulay
|
1658, France
|
Françoise Garnier
|
|
|
Jacques Boulay
|
21 avril 1686,
Saint-Thomas, Montmagny
|
Françoise Fournier
|
|
|
Jacques Boulay
|
6 janvier 1715,
Saint-Thomas, Montmagny
|
Agathe Morin
|
|
|
Robert Boulet
|
18 novembre 1748, Berthier
|
Marie-Agnes Gendron
|
|
|
J.Baptiste Boulet
|
8 février 1796,
Saint-Michel
|
Clotilde Laverdière
|
|
|
Joseph Boulet
|
23 octobre 1827, Montmagny
|
Julienne Laflamme
|
|
|
Joseph Boulet
|
20 janvier 1857,
Sainte-Claire
|
Marie-Philomène Côté
|
|
|
Edmond Boulet
|
11 mai 1888, St-Hénédine
|
Florida Bouffard
|
1
|
1
|
Ernest Robert
|
27 avril 1938, Bishopton
|
Lucienne Labrecque
|
2
|
1
|
Edouard Robert
|
30 novembre 1943, Bishopton
|
Cécile Crête
|
3
|
1
|
Éphrem Robert
|
1er septembre
1936, Disraélie
|
Desneiges Lapointe
|
4
|
1
|
Clara Robert
|
23 mai 1910, St-Adolphe
|
Amédée Lemelin
|
5
|
2
|
Jacques Robert
|
15 octobre 1978, Montréal
|
Dora Lepore
|
|
2
|
Pierrette Nicole Colette
|
Née à Bishopton le 14 mars
1948
|
Baptisée le 15 mars 1948
Elle a vécu 30 heures.
|
|
2
|
Carole Robert
|
22 juillet 1978, Bishopton
|
Serge Dugal
|
|
3
|
Claude Robert
|
26 octobre 1974, Bishopton
|
Angéline Nadeau
|
|
4
|
Léger Robert
|
16 mai 1964, Bishopton
|
Nicole Nadeau
|
|
5
|
Roger-Georges Lemelin
|
7 octobre 1939, St-Adolphe
|
Cécile Desmarais
|
6
|
5
|
Bertrand Lemelin
|
3 juillet 1941, St-Adolphe
|
Rita Desmarais
|
7
|
5
|
Maurice Lemelin
|
23 mai 1939, St-Adolphe
|
Rita Côté
|
|
6
|
Laval Lemelin
|
12 septembre 1981,
St-Adolphe
|
Christiane Carette
|
|
6
|
Lorraine Lemelin
|
31 décembre 1968,
St-Adolphe
|
Guy Routhier
|
|
7
|
Ginette Lemelin
|
26 août 1966, St-Adolphe
|
Raymond Breton
|
|
LIGNÉE DES ROBERT
No 2
|
Époux
|
Mariés le
|
Épouse
|
|
|
Robert Boulay
|
1658, France
|
Françoise Garnier
|
|
|
Jacques Boulay
|
21 avril 1686,
Saint-Thomas, Montmagny
|
Françoise Fournier
|
|
|
Jacques Boulay
|
6 janvier 1715,
Saint-Thomas, Montmagny
|
Agathe Morin
|
|
|
Robert Boulet
|
18 novembre 1748, Berthier
|
Marie-Agnes Gendron
|
|
|
J.Baptiste Boulet
|
8 février 1796,
Saint-Michel
|
Clotilde Laverdière
|
|
|
Jean Boulet dit Robert
|
22 février 1819, Saint
Gervais
|
Marguerite Cloutier
|
|
|
J-Baptiste Boulet dit
Robert
|
21 janvier 1845, Saint
Anselme
|
Marguerite Audet
|
|
|
Phélias Boulet dit Robert
|
2 février 1874, Saint
Sébastien
|
Odile Bédard
|
|
|
Elzéard Boulet dit Robert
|
24 septembre 1907, Saint
Samuel
|
Amanda Roy
|
|
|
Léopold Boulet dit Robert
|
5 octobre 1944, Woburn
|
Rose Annette Bédard
|
1
|
1
|
Gilles Robert
|
11 mars 1972, Lac Mégantic
|
Fabienne Guay
|
2
|
2
|
Maxime Robert
|
|
|
|
2
|
Frédérick Robert
|
|
|
|
LIGNÉE DES Boulet No 1
|
Époux
|
Mariés le
|
Épouse
|
|
|
Robert Boulay
|
1657, France
|
Françoise Garnier
|
|
|
Paul Boulay
|
25 avril 1695, Québec
|
Françoise Paquet
|
|
|
Alexis Boulay
|
2 août 1756, Lauzon
|
Françoise Ferland
|
|
|
Joseph Boulet
|
8 janvier 1787, Saint-Henri
|
Louise Couture
|
|
|
Joseph Boulet
|
20 août 1810, Saint-Gervais
|
Françoise-Geneviève Asselin
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Pierre Théo. Boulet
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12 septembre 1837,
Saint-Charles
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Marie Nadeau
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Georges Boulet
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3 août 1868,
Sainte-Hénédine
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Catherine Bégin
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Léonard Boulet
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30 juin 1891, Sainte-Hénédine
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Aglaée Bouffard (1)
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1
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1
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Laurence Boulet
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25 mai 1921, Saint-Adolphe
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Georges Beaulé
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1
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Marie Boulet
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5 juin 1917, Saint-Adolphe
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Joseph Beaulé
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4
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1
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Alfred Boulet (2)
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19 octobre 1921,
Saint-Adolphe
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Marie-Irène Lessard (3)
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2
|
2
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Henriette Boulet
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27 août 1949, Bishopton
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René Marquis
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2
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Lorenzo Boulet (4)
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17 octobre 1953, Weedon
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Rose-Berthe Patry
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3
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2
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Nil Boulet
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3 août 1946, Bishopton
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Yvonne Roy
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3
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Pierre-Paul Boulet
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4
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Lucien Beaulé
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1er juillet
1947, Saint-Adolphe
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Irène Lessard
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|
4
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Jean-Paul Beaulé
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21 août 1952, Saint-Adolphe
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Rollande Thibodeau
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4
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Gilberte Beaule
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15 juillet 1952,
Saint-Adolphe
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Gérald Breton
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4
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Louise Beaule
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12 juillet 1958,
Saint-Adolphe
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Roger Couture
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(1) Née le 26 mars 1893 à Ste-Hénédine.
(2) Alfred est décédé le 5 juin 1965 à l'âge de 69 ans et neuf mois.
(1) Marie Reine est décédée le 22 septembre 1965 à l'âge de 62 ans et six mois.
(4) Lorenzo Boulet, décédé le 19 janvier 2000, à l'âge de 77 ans est 5 mois.
Lignée des Boulet No 2
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Époux
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Mariés le
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Épouse
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Robert Boulay
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1657, France
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Françoise Garnier
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Paul Boulay
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25 avril 1695, Québec
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Françoise Paquet
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François Boulay
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29 octobre 1732, Lauzon
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Marie-Anne Dubois
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Pierre Boulet
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19 octobre 1789, St-Joseph
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Marie-Josette Huard
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Pierre Boulet
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16 septembre 1816,
St-Joseph
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Marie-Archange Boulet
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|
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Cyprien Boulet
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6 février 1837, St-Joseph
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Catherine Trépanier
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Béloni Boulet
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8 septembre 1857,
St-Frédéric
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Marie-Dina Cloutier
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Bénoni Boulet
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1889, Augusta, USA
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Césarie Lapointe
|
1
|
1
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Joseph Boulet
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19 octobre 1914,
Saint-Adolphe
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M. Anne-Yvonne Gagné
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1
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Alphonsine Boulet
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1 juillet 1918,
Saint-Adolphe
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Hormidas Beauregard (a)
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1
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Marie-Anne Boulet
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21 janvier 1918,
Saint-Adolphe
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Joseph Boislard
|
|
1
|
Olivine Boulet
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19 octobre 1914,
Saint-Adolphe
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Philias Gagné
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(a) Hormidas Beauregard est le fils de Luc
Beauregard et Azilda Boudreau. Il est le frère d'Alfred Beauregard marié le 17
novembre 1920 à Wotton à Éva Poulin. Le fils d'Alfred et d'Éva, Philippe, est
le seul à être resté à Saint-Adolphe. Il y a exploité la ferme de son père.
Note aux
lecteurs
Lorsque j'ai
débuté ma chronique ‘'GÉNÉALOGIE'', j'avais l'intention de présenter les lignés
des différentes familles souches de Dudswell, familles arrivées à Dudswell
entre les années 1880 et les années 1940, mais pas de façon exhaustive. Une
lignée complète couvrirait plusieurs pages et dans le Papotin, je ne peu pas
dépasser une page par lignée.
Dans les lignées
que j'ai présentées jusqu'ici, la plupart des descendants d'une famille souche
peuvent retrouver un grand-père, un père, un oncle, un cousin. À partir de là,
chacun peu compléter sa lignée personnelle.
Si par hasard,
vous ne vous retrouvé pas dans une lignée donnée, vous pouvez communiquer avec
moi au numéro 832-3881. Je pourrai ainsi compléter mes informations.
1 - On appelait ‘'laboureur à bras'' le pauvre paysant n'ayant pas les
moyens de se procurer des bœufs pour tirer la charue. Il devait le faire à la
force de ses bras.
2 - Beaucoup de sources mentionnent que le deuxième navire ayant accompagné
l'Aigle d'Or en 1662 était le Saint-Jean Baptiste. Toutefois, trois sources
dignes de foi affirment que c'était bien la Flute Royale: 1- Le Catalogue des
immigrants de Marcel Trudel; 2- La Liste des navires venus en Nouvelle-France
de 1657 et 1665 de Michel Langlois et 3- La Biographie de Nicolas Gargot de
Charles Million.
3 - Jugement et délibération
du Conseil Souverain, 1, 31.
4 - Notaire Paul Vachon, copie.
5 - Mémoires de la Société
Généalogique Canadienne-Française, Tome 1, 1944, R.P. Archange Godbout, O. F.
M.
6 - Il est intéressant de noter
que dès l'année suivante, Pierre Mourier construisit une belle maison sur sa
nouvelle propriété. Il y a
quelques années, j'ai eu la chance, avec
une autorisation spéciale, de visiter cette maison. Cette dernière est située tout près du
village de Saint-Jean.