Évelyne Beaudin, candidate dans le district du Carrefour, a tenu une conférence de presse ce matin pour demander au prochain conseil municipal de faire la lumière sur la sous-traitance présente dans les organismes de loisirs subventionnés par la Ville de Sherbrooke.
Des professeurs de musique de la région ont remarqué que certains de ces organismes redirigeaient les activités directement dans une école de musique concurrente. En analysant les feuillets de publicité de quelques-uns de ces organismes, on remarque que cette sous-traitance est également présente dans d'autres secteurs de loisirs, notamment au sein du karaté et de la danse. Dans les brochures, on peut parfois remarquer la présence de certains logos de partenaires privés.
« Il faut faire très attention. On peut se retrouver dans un contexte de concurrence déloyale. En subventionnant indirectement certaines écoles, la Ville de Sherbrooke brise l'équilibre entre les acteurs privés oeuvrant dans les secteurs de la musique, de la danse et des arts martiaux. Ces écoles bénéficient d'une publicité gratuite dans les catalogues de loisirs et un bassin de clientèle leur est assuré. De plus, certains profitent des revenus liés à la location de leurs locaux, » explique Évelyne Beaudin, étudiante à la maîtrise en économie. La candidate rappelle que le milieu de l'enseignement de la musique, en particulier, bénéficie d'un fragile équilibre entre ses acteurs.
Le propriétaire de l'École de guitare de Sherbrooke, Pascal Tourigny, explique sa vision de la situation. « J'ai mobilisé le milieu musical quand j'ai remarqué que Sherbrooke Loisirs-Action redirigeait ses activités de cours de guitare, de chant et de percussions directement chez un concurrent. J'ai noté cette année une légère baisse des inscriptions à mon école. Je crains d'avoir à débourser davantage en publicités afin de maintenir le niveau de clientèle des années antérieures, » s'inquiète le professeur de guitare.
Le mécontentement se fait également sentir chez René Gilbert, qui offre des cours de guitare en groupe depuis 35 ans. « Je dois louer un local à la ville et payer ma publicité pour attirer les gens à mes cours. Lorsque j'ai appris qu'un concurrent se faisait payer pour la location de ses locaux, en plus de se faire fournir une clientèle pour laquelle il n'a eu aucun effort à faire, j'ai tout de suite manifesté mon désaccord. »
Jean-François Longval, propriétaire de l'école de musique Pianissimo, déclare quant à lui qu' « il est impossible d'accepter que nos propres taxes servent à avantager notre compétiteur. La ville doit agir et demander à ses organismes de faire preuve de diligence et de respect envers les institutions et les professionnels qui gagnent leur vie dans les milieux visés. »
Évelyne Beaudin propose que la Ville de Sherbrooke demande aux organismes de loisirs de cesser de sous-traiter dans les entreprises privées de musique. Elle privilégie la formule où des professeurs sont engagés et utilisent des locaux communautaires mis à leur disposition. Elle souhaite également mener une consultation des divers acteurs du milieu des loisirs à Sherbrooke afin d'assurer une équité entre les organismes de loisirs et les entreprises privées qui oeuvrent dans ce domaine.
En terminant, deux des propriétaires présents lors de l'évènement ont tenu à mentionner qu'aucun autre candidat du district du Carrefour n'avait répondu à leur appel.
Source : Émilie Lauzier, attachée de presse