À la suite de longues et ardues démarches entreprises par la Ville de Cookshire-Eaton pour récupérer quelque 40 000 $ de la communauté des esséniens, le dossier vient d’être déposé à la cour municipale pour être traité le 23 octobre prochain, annonce le maire Noël Landry. Plus d’une quinzaine de constats de non-conformité à des règlements municipaux et à l’environnement ainsi que de taxes non payées justifient la décision des élus.
L’église des esséniens a plaidé non coupable à ces accusations, mentionne le maire Landry. Cependant, les gestionnaires ont bien trouvé des solutions à deux ou trois constats d’infraction, reconnaît M. Landry. Au cœur du litige demeure la reconnaissance du statut « [de] destination et [de] lieu [qui] sont à vocation religieuse », attribué par l’évaluateur-signataire du Groupe Altus, responsable de l’évaluation pour la MRC du Haut-Saint-François. Le maire indique que les conseillers n’ont pas statué sur le sujet.
Avant le 26 septembre 2014, date de cette modification, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) avait décrété que l’ancien domaine Drolet, acquis par l’organisme, était reconnu comme aire récréotouristique. Sa nouvelle vocation, religieuse cette fois-ci, fait en sorte que la communauté ne peut être taxée comme le serait toute autre propriété. Selon la loi, l’évaluation ne doit pas dépasser 25 % de ce qui n’est pas considéré comme bien de Fabrique sans outrepasser 6 % de l’évaluation foncière fixée à quelque 2,9 M$.
Guilhem Cayzac, essénien
Joint au téléphone, Guilhem Cayzac, porte-parole des esséniens, ne souhaite pas donner d’entrevue aux médias. « On va laisser le juge travailler en toute sérénité », indique-t-il de prime abord. « On travaille fort pour répondre au dossier », ajoute-t-il. M. Cayzac reconnaît que leur cas est particulier du fait qu’on parle d’une institution religieuse régie par des règles spécifiques. Le porte-parole mentionne qu’à la façon de la municipalité, la communauté est à la recherche de solutions pour clore le dossier. « Chacun de notre côté, on travaille ensemble, en synergie pour éclaircir le dossier; on n’est pas contre la municipalité », conclut-il.
Historique
Selon le Centre de ressources et d’observation de l’innovation religieuse (CROIR), la Fondation Essenia, par le biais de ses fondateurs Olivier Martin, dit Olivier Manitara, Pier-Antoine Marier et Claire Landry, a acheté pour 1,1 M$ ce qu’il est convenu d’appeler le domaine Drolet dans Cookshire-Eaton, en 2007. Leurs objectifs: préserver et diffuser le patrimoine mondial de la sagesse, promouvoir l’éveil des consciences et mettre en œuvre une nouvelle écologie.
Les problèmes avec la municipalité et l’environnement débutent en 2008. Deux lacs de la propriété sont défoncés par la crue des eaux endommageant sérieusement le voisin, Pierre Longchamps. Après de longues confrontations entre Cookshire-Eaton et la corporation essénienne, le conflit atteint des proportions importantes dans tout le Québec en 2014 quand la Ville dépose un dossier réclamant quelque 33 000 $ pour des infractions au Code municipal et à l’environnement, sans compter des réclamations pour taxes impayées. La Sûreté du Québec est sollicitée pour permettre aux inspecteurs de la municipalité d’avoir accès à la propriété pour procéder à des inspections. Le 14 octobre 2014, quatre agents se rendent sur place.
M. Cayzac expliquait à l’époque que nul n’était « autorisé à pénétrer dans la demeure qu’ils [les prêtres] occupent, sans en être propriétaires. » À la suite d’une autre rencontre tenue à la fin octobre, la situation évolue peu ou prou. En mars 2015, le maire indique que « rien n’a été fait de la part de la communauté pour répondre aux demandes de la Ville » et des ministères concernés, d’où le fait que le dossier a été transféré à la cour municipale.