On écrit souvent sur ce que l'on vit. Alors oui, la maman hystérique en moi, je l'ai rencontrée! Un matin pressé, stressé où le yogourt a été renversé par inadvertance sur le...tapis! Un autre soir, seule et sans relais, où la fatigue me pesait et où c'est moi qui disait aux enfants « voulez-vous bien dormir! Ça suffit non de /$%? »! Ou encore en auto, en route vers la maison, assaillie des pleurs, des cris et autres batailles de mes deux petits loups affamés qui me font littéralement exploser d'impuissance!
Alors, se faire entendre et respecter - oui! Sans crier : bien sûr! Mais comment y arriver quand on est fatiguée, seule, stressée, envahie d'un sentiment d'impuissance qui nous tenaille le ventre et nous amène à baisser les bras... ou à crier notre désespérance!? Un des éléments que j'ai dû considérer pour parfaire mon rôle parental a été d'accepter que mes enfants ne puissent m'obéir au doigt et à l'œil sur une simple parole qui traduit mon attente démesurée envers eux. Juste d'accepter cela m'aide à diminuer mon stress et mes cris, vous imaginez! Parfois, les prévenir, exprimer mon attente à l'avance ou encore leur laisser juste un peu plus de temps suffit à favoriser leur collaboration.
Et si j'avais pris le temps de nommer ce que j'observais : « le yogourt est par terre, que pouvons-nous faire? Tu peux m'aider à ramasser? ». Peut-être que j'aurais été moins prise dans la tempête de mes émotions et de mes projections : « ça y est, je vais être en retard, ah non, pis là il faut tout ramasser, quel désastre, t'aurais pas pu faire attention! ».
Peut-être qu'à un autre moment, exprimer ce que je ressens avec compassion pour moi-même : « je suis fatiguée, ce dont j'aurais besoin, c'est d'un peu de calme », peut-être que mes enfants auraient été davantage interpellés et auraient eu le goût de participer à un meilleur moment passé ensemble ou seul dans leur lit avec un livre selon leur âge?
J'écris « peut-être que », mais au fond, je les ai testé ces trucs et, trois fois sur quatre, j'obtiens de meilleurs résultats. Il m'est arrivée de revenir sur la situation : « ouin, maman était fatiguée hein! » Ou encore, maintenant, j'ai compris que des collations dans l'auto en fin de journée, c'est parfois nécessaire! Puis la fois sur quatre où ça fonctionne moins, je me dis que je suis humaine, et qu'il arrive que l'on soit dépassé. Tout simplement!
Ce qui me motive à vouloir améliorer mon score à plus d'une fois sur deux, c'est de sentir le bénéfice sur la relation entre moi et mes enfants. Voilà ce qui me procure satisfaction. Il est clair que quand je vis une victoire sur la mère hystérique, c'est bon pour moi ET pour mes enfants. Je sens que je contribue à leur respect, leur confiance, leur estime d'eux-mêmes et réciproquement. Je préserve ainsi la relation qui nous unie. Je me sens enfin le parent que je souhaite être pour eux. Allez hop, au placard; la maman hystérique prend du recul!
Enfin, quoi de mieux que de rire ensemble de cette maman qui apparait et me surprend encore parfois!
Voilà que maintenant, je me suis donnée le choix. Et vous? Une relation basée sur un rapport de force et de pouvoir ou basée sur la confiance et le respect ?!
Catherine Sévigny
Intervenante postnatale au centre de ressources périnatales Naissance Renaissance Estrie