J'ai eu de la chance. Beaucoup de chance même. Je suis née dans un pays occidental où le confort, l'amour et même le luxe régnaient du haut d'un trône doré, jamais perturbés, jamais dérangés. Mais même avec mon cerveau de jeune femme de 14 ans, je suis capable de réaliser que je suis chanceuse en général, mais aussi de réaliser à quel point ma situation est privilégiée par rapport à celle, par exemple, d'une jeune femme de Syrie.
Je me réveille le matin, parce qu'il faut que je me rende à l'école, et à la fin de la journée, je dors paisiblement pour enfin tout recommencer. La jeune femme syrienne se réveille, espère qu'elle pourra un jour aller à l'école, et à la fin de la journée, elle essaye de trouver le sommeil en entendant le bruit des bombes qui cognent à la porte de son avenir.
Ainsi, de jour en jour, je réalise à quel point j'ai de la chance de pouvoir envisager un avenir, un avenir à mon image, et tout ce que je voudrai bien imaginer réalisable, alors que plusieurs autres jeunes femmes n'ont même pas le luxe de penser au futur, cherchant seulement à survivre au présent.
De mon point de vue, le pire dans toute cette situation est quand même le fait que plusieurs de ces jeunes réfugiées n'aient pas accès à une éducation, même de base, pour pouvoir espérer un jour se tirer de cet enfer qu'elles vivent. Je crois que depuis le temps que l'on nous en parle, toute la jeune génération a compris que l'éducation est le fondement d'un monde sain et que, sans elle, nous commettrions des erreurs irréparables simplement à cause du manque de connaissance.
Mais comment voulez-vous que ces pays si touchés par les misères et par ces mêmes erreurs irréparables voient enfin la lumière au bout du tunnel si nous n'offrons pas un apprentissage digne de ce nom aux futurs dirigeants, à ceux qui auront bientôt le pouvoir de changer les choses? Évidemment, je ne suis pas si naïve et je sais bien que certains pays défavorisés n'ont pas les moyens de faire de l'éducation leur priorité et que certains ne veulent tous simplement pas que le peuple réalise de quelle manière ils se font diriger. Mais quand même, ne serait-ce pas bien un monde où chacun et chacune aurait une chance égale de réussir dans la vie?
Bref, je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvée dans ce pays, mais je sais que j'ai une chance énorme et que je compte bien l'exploiter pour aider ceux qui en ont moins. Nelson Mandela a dit : « L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde » et d'après moi, c'est tout ce qu'il faut retenir.